- ... un histrion à la moustache mouillée de s'être léché les babines entra dans la roulotte, l'impermenable décousu, la langue à faire (bon, pour qu'ils comprennent, on pourrait ne pas inventer menable et imper collés ensemble à l'envers, mettre imperméable et foutre la langue à faire dewors)...
- ... Claire jeta un oeil sur les cuisses si blanchâtres de l'amant contenté qui ronflait déjà à ses côtés, légèrement replié sur le flanc, la verge pendante. Le plaisir ahurissant avait tari ses veines. Elle pensa soudain aux passages de La Modification qu'elle devait préparer pour son cours à la Nouvelle Orléans : «...et dès la fin du premier jour, vous le sentiez bien dans ses yeux, elle aurait voulu s'en aller...» On crevait, on dégoulinait à rien dans cette roulotte cheap à Franklin. L'enfer dans cette marmite. Elle n'aimait pas ce manque de sang sur ce corps si jeune, cet écran ciré, ces coquilles de silence qui grignotent, comme elle disait. Des cuisses blanches comme des fesses! Elle déchirait avec ses yeux de scalpel la peau de ce jeune homme évanoui pourtant si beau, si fin, avec des ombres de canaris et des cheveux oranges.
- ... l’hallali des sens dompta la houri nue – que nul autre prédateur n’eût su corrompre.
«Coupez!»
La scène se passe dans la roulotte de plateau d'Élaine Bédard, cet ancienne mannequin élancée des années soixante, beau petit minois un peu pincé à la française d'Outremont, complètement disparue du petit écran depuis des lustres et qui fait un come back au cinéma hard âge d'or... Élaine à qui il ne manque aucun bardeau est la copie poupée de Brigitte, la sainte phoque de France. Blonde teinte aux traces cent fois effacées, on la fait baiser ici avec un jeunot de cinquante ans qui, off record, vous dira que c'était quand même pas pire, peau satinée et fesses aimantées, mais, bon, une bonne sainte chance qu'il n'avait pas vraiment à jouer du bandeléon, le cadrage se limitant à lécher la peau laiteuse et rose, les dessous effleurés, presque métaphoriques de la FEMME.
- ... je pressais la touche stop de mon enregistreur avec soulagement. Ce boulot m’avait longtemps excité puis il m’avait amusé. Maintenant il me laissait à chaque fois légèrement nauséeux. Enregistrer des séances de baise pour le compte de l’OBNI (Oniric Base for Neurologic Investigation), tel était mon job. Bien sûr, je ne me contentais pas de les enregistrer; sinon ils n’auraient pas fait appel à mes compétences de technicien en neurolinguistique appliquée aux coups tordus en tous genres. J’isolais parmi les bruits divers les items sonores sémiologiquement pertinents (en clair les mots et les onomatopées) puis je les traitais à l’aide d’un logiciel fourni par OBNI himself qui transformait les paroles bien cochonnes en bonne grosse bouffe directement assimilable par cet empaffé d’Etre Rêveur. Pendant plusieurs mois, OBNI m’avait laissé dans l’ignorance de sa raison sociale et surtout de son commanditaire. J’avais été repéré comme militant anti-Oneiros et les entartés avaient trouvé carrément bandant de me faire travailler pour lui. Fucking Men. La technique était au point. Ils s’étaient mis en cheville avec un patron d’hôtel adorateur du nez rose. Le type refilait la chambre sous écoute aux couples qui lui paraissaient avoir le feu au cul. Il faisait d’ailleurs preuve à cet égard d’une rare clairvoyance. Je logeais dans la chambre juste au-dessus. J’y avais installé mon matériel : un récepteur captant ce qu’émettait le micro espion, un enregistreur branché au récepteur et un ordinateur dernier cri. Tout ça valait du blé. L’OBNI avait des soutiens précieux. Tout cela pour quoi ? Pour que l’humanité puisse continuer à se la mettre bien profond et à se le faire savoir d’une voix congestionnée par la pression sanguine. C’est cher payé des pratiques qui foulent au pied le souvenir de nos courses folles dans les coquelicots au soleil couchant.
12.8.07
Lorsque l'hourvari des deux corps...
Lorsque l'hourvari des deux corps alanguis se tut — que le silence n'osait jusqu'alors interrompre... :
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1 comment:
poursuivez l'histoire comme vous le voudrez, vous avez 5 suites desquelles choisir :)
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