19.6.09

Sonam

Quand la nuit tombait, j'entendais les chiens hurler à flanc de montagne. Ils avaient des yeux rouge famine et le poil hirsute comme des hyènes malheureuses. Parfois j'avais cette envie de me livrer à eux volontaire, de leur offrir le goût de ma chair. Être dans leurs gueules une victime absolue. Être le nerf à vif du monde, une dernière fois, et sentir leurs haleines avides me désirer. Me sentir utile, nécessaire entre leurs crocs.

-- Jonathan Harnois, Sonam

16.6.09

7

tu devenais:
  • automate translucide
  • pensée limpide
  • pierre humide & molle
  1. comme cette montre qui n'affiche le temps qu'aux heures les plus folles
  2. comme cette langue infectée par un élixir poreux & sensitif
  3. comme cette lumière sans vie qui parcourt tes doigts sinueux & croches
tu te frankensteinisais
je me draculais
il fallait que j'enfonce mes crocs dans ta chair flasque

15.6.09

Attention, poète dangereux!


Le Cid maghané

Je cherchais la page couverture de Ines Pérée Inat Tendue pour l'ajouter à mon aNobii quand je suis tombé sur le Cid maghané, une pièce de Ducharme qu'il n'a jamais publié.

La seule façon de la lire, c'est au CEAD ou de l'avoir vue en 1968 au festival de Ste-Agathe.

Extrait:

LE COMTE : C'est à moi que la job revenait. Il y a pas à sortir de là. /
DON DIÈGUE : Tu as menti.
COMTE : Je vais te le montrer si j'ai menti, moi!
DIÈGUE : Envoie donc pour voir si tu es capable, jeune faluette!
COMTE : Tu t'es usé la langue à lécher les bottes du roi. Il te reste même plus assez de langue dans la bouche pour communier.
DIÈGUE : Tu as la langue trop sale pour les lécher, les bottes du roi.
COMTE : Le roi a choisi un vieux parce qu'il est vieux lui itou et qu'il a peur des jeunes.
DIÈGUE : Jaloux!
COMTE : J't'avertis : tu ambitionnes.
DIÈGUE : Puant!
COMTE : Tu mérites une bonne claque sur la gueule. Elle s'en vient. La voilà. Catche-la!

(Claque sur la gueule. Don Diègue tombe, se relève.)

DON DIÈGUE : Je vais le dire à mon gars. »

Quelqu'un l'a vue?

14.6.09

6

cryptogramme évanescent couleur raison
ton odeur de soufre me rappelle tes lèvres déchiquetées
au soleil de ta jeunesse
spirales sous-jacentes aux beautés planétaires

### dont les satellites ruissellent de feuilles tuméfiées;
### ô vapes naphtalines ô silhouettes turgescentes
### falaises écroulées au goût symbiote

je te déchiffre au son de tes langues mortes
tes seins sont des oboles de signifiance rompue
il n'y a plus d'issue: plongeons au fond de ton essence

11.6.09

5

introverti
je m'introduis vers dans sur toi
et j'en ressors poisseux comme la photosynthèse de ton sol

sous une roche terreuse
essence naturelle de coeur bouilli aux abois des ruelles sans détour

### n'oublie pas ma pince mandarin, ma pince biconique à deux cornes
### l'avenir appartient à ceux qui mordent dans l'acier dénudé
### chut... ils t'entendent...

ta tête tourne 720 degrés se dévisse et tombe dans ma main
le sang est chaud et réconfortant
il est temps de passer aux choses sérieuses

4

pris de dégoût
prix de dromadaires intempestifs & transparents
tu déboutonnes tes charmes-vertiges
exsangue & belle comme un entonnoir de plywood

### tes cris transpercent l'essence des variantes de moi
;;; circonflexe & obtus comme un kamikaze livide & pantois
... accente-toi! vibre un peu!

ton agonie n'a d'égal que ton sourire crispé
mon marteau te refait le portrait
dans l'hémoglobine
tu étincelles

3

chiffre parfait chiffre de mépris
au-delà de villes tu sens la bouse la courbe cruciforme
postérieurs ou promontoires
tu m'attires dans tes fibres optiques

j'oscille entre tes pixels vagissants

### au creux des lèvres tendres se faufilent une bibliothèque de songes synthétiques
$$$$$ sous le verre de ta candeur, une vague de sens mou
### ils ne m'auront pas je survivrai entre tes lignes

;;; simplement assis dans la vallée de ta première boucle
chiffre parfait chiffre de mépris
... je ne peux plus m'accrocher dans l'espoir d'une jouissance opaque, circulaire

5.6.09

Merci, Côté Blogue!

Lorsque j'ai commencé à bloguer sur CôtéBlogue, je me suis enquis de la rémunération potentielle, soit des certificats cadeaux pour les "meilleurs" blogueurs.

Comme la notion de "meilleure" est toute relative, j'ai rapidement conclu que les prix seraient octroyés aux blogueurs qui bloguaient le plus souvent et qui commentaient sur tous les articles.

Eh ben non.

J'ai été agréablement surpris, ces deux derniers mois, de constater qu'ils gratifient aussi la qualité.

Je craignais que les blogueurs récompensés soient ceux qui écrivent des "critiques" à l'emporte-pièce genre "c'est génial!!!1!!" ou "quel torchon?!?!"

Pourtant, Jean-Philippe de CôtéBlogue avait tenté de me rassurer: "On aime tes articles", "On encourage pas juste la quantité, on veut surtout de la qualité!"

Bref, j'ai douté, mais disons que maintenant, je suis plus ouvert à fournir du contenu à CôtéBlogue vu qu'il semble l'apprécier ET me récompenser :)

En effet, je me suis mérité un certificat cadeau lors des deux derniers mois et, tout en demeurant humble (ça c'est dur...), ben les articles que j'ai pondus étaient quand même substantiels, et ne pouvaient pas être classés dans la catégorie "critique émotive".

C'est sûrement la meilleure façon de récompenser un freak de lecture: des chèques-cadeaux (paraît que certificat cadeau, c'est la forme fautive de gift certificate, mais ici, we don't give a damn ;-)

3.6.09

Une Soirée... plate

Pour la première fois en presque 2 ans, je peux affirmer qu'une soirée de slam, ça peut être plate. Pas parce que les poètes étaient mauvais, ni parce que les juges étaient trop sévères ou trop cléments. Surtout parce que le public n'était pas "dedans". Certes, je ne suis resté qu'à la première manche (oui, je n'ai pas fait la 2e manche, snif snif), mais le public semblait engourdi, les applaudissements étaient flats.

Bref, je me suis fait chier.

Pour la première fois depuis longtemps, me semble-t-il, les slams plus littéraires ont remporté la mise. Émie et Régis ont emprunté une facture plus classique, qui se rapprochait beaucoup plus de l'idée qu'on peut se faire de la poésie, que les Fred Carrier, Renaud Pilote et autres LeRoy K. May, dont la langue est, en général, plus salée.

Clique littéraire vs. joual/street? Non, je ne vais pas entrer là-dedans, ça m'importe peu. Ces slams plus littéraires ont-il endormi le public? Ça l'air que non, si on en croit le jury. Mais n'empêche, on dit qu'en slam, c'est le public qui décide de tout.

Ça l'air qu'il peut aussi décider si on s'emmerde.

Le seul truc positif que je retiens, c'est que 4 des 5 finalistes de l'année dernière ne seront pas en finale cette année, signe qu'il y a beaucoup de talents à Québec :)

Go Fred go ;-)

1.6.09

2

tous les jours se ressemblent quand tu lèches mon spleen
cette histoire t'emboîtera le pas et te déboîtera l'épaule
pantelante, tu venteras entre les branches éventrées du désir

ton odorat s'égorge

### tu plonges au fond des...
### tes mains glissent sur mes...
### de ma langue je te...

il n'y aura pas d'issue à cette relation ;;; ouragan-cendrier ;;;

je t'éclaterai dans un zest de givre et tu m'imploseras sans pardon

ce sera aussi beau qu'une autoroute à la dérive, entre chien et fou