31.12.09

Projets en cours de déroute de soi?

L'année 2009 en fut une de grands moments:
  • premier contact avec des éditeurs pour des textes plus achevés que mes erreurs de jeunesse
  • utilisation de Twitter pour écrire des histoires
  • désillusion envers le slam, quelque peu, ou recadrage de ses possiblités poétiques dans l'action
  • et plus récemment, exploration des possibilités du Web pour concevoir un espace créatif incernable.
Maintenant, 2010 est à nos portes, et je suis un peu effaré de voir tout ce qui m'attend:
  • un roman à retravailler
  • un récit électronique dans ses derniers milles
  • un autre (récit électronique) à soumettre (et sûrement à retravailler)
  • deux twitteromans en cours
  • les vases communicants
  • et un projet débordant tous les cadres qui risquent de me prendre pas mal d'énergie
J'ai hâte d'arriver à la fin de 2010 pour voir ce que j'aurai réussi à terminer!

D'ici là, j'aimerais sincèrement remercier tous les lecteurs qui passent par ici le temps d'un commentaire, ou pas. Tu es le moteur derrière cette fiction qu'il me fait tant plaisir de partager avec toi!

22.12.09

La Publication électronique en sciences humaines et sociales

Les fans de littérature électronique et de l'avenir du livre aimeront sûrement cette revue.

C'est en suivant une nouvelle venue sur Twitter, Karine Vachon, que j'ai trouvé la revue Mémoires du livre/Studies in Book Culture:
À l’ère du numérique et de cette « Troisième révolution du livre » qui touche tant les supports que les pratiques et les agents, la recherche en sciences humaines et sociales s’adapte elle aussi aux changements technologiques et emprunte de nouveaux canaux de diffusion. Les sites Internet et les listes de diffusion se multiplient : pensons à SOCIUS, liste consacrée à la sociologie de la littérature et à l’histoire culturelle, ou au site d’information Fabula.org. De même, le nombre de revues qui ajoutent une version numérique à la publication papier ou qui d’emblée optent uniquement pour la diffusion électronique ne cesse de croître, un phénomène qui se mesure entre autres au succès des portails spécialisés Érudit et Revues.org.

La recherche en histoire du livre suit aussi la tendance, le site Internet et la liste de diffusion de la Society for the History of Autorship, Reading and Publishing (SHARP) en étant des exemples probants. Accueillant chaque jour des centaines d’usagers, SHARP-Web est devenu un lieu incontournable où trouver de l’information, nouer des relations, savoir ce qui se passe dans le petit monde des historiens du livre. En France, le site de l’Institut d’histoire du livre, qui a pour partenaires l’ENSSIB et le Musée de l’imprimerie de Lyon, joue un rôle similaire. Ironiquement, l’histoire du livre semble néanmoins résister encore à la publication électronique, du moins dans le monde francophone. Si l’on trouve parfois des textes et des articles sur des sites personnels ou institutionnels, aucune revue spécialisée n’a encore vu le jour. C’est pour pallier ce manque que nous lançons Mémoires du livre / Studies in Book Culture.

Dédiée à la diffusion de travaux d’histoire du livre, Mémoires du livre / Studies in Book Culture accueille des études portant sur tous les supports de l’écrit, du manuscrit à l’écran, en passant par l’imprimé. La perspective historique n’exclut pas ici les recherches portant sur des phénomènes contemporains, envisagés sous l’angle de la sociologie, de la bibliothéconomie, de la statistique et de l’analyse des professions. Mémoires du livre / Studies in Book Culture privilégie plutôt l’interdisciplinarité et le décloisonnement des objets. En réalité, Mémoires du livre / Studies in Book Culture entend s’ouvrir à tous les corpus et à toutes les approches qui permettent de mieux comprendre le système-livre, le mot « livre » étant pris ici dans son sens le plus large.
En voici les différentes parties:

18.12.09

Top 10 des questions les plus posées à Mélodie Nelson

En ce vendredi de lendemain de brosse, quoi de mieux qu'un bon Q&A avec Mélodie Nelson, la blogueuse coquine capable d'enligner martini, vibrateur et chasse aux castors dans le même titre?

Je lui ai proposé de se soumettre à une twitterview, soit une entrevue par Twitter en messages privés (DM). Cosmo et Elle Québec peuvent aller se rhabiller:

1. Si tu pouvais faire l’amour à un seul homme célèbre (mort ou vivant), ce serait qui?
MN. Je me ferais donner la fessée par le prince Harry ou Jean-François Chassay ou Jack Ryan, le créateur de Barbie, un ostie de pervers.

2. Si tu étais un livre, lequel serais-tu?
MN. La première nouvelle des Contes de la folie ordinaire, de Charles Bukowski.

3. Un inconnu t’offre un poème érotique et te laisse ses coordonnées, qu’est-ce que tu fais?
MN.Je le remercie, je l’embrasse sur la joue, et je file son poème et ses coordonnées à une copine plus cochonne que moi.

4. Quelle(s) musique(s) écoutes-tu quand tu écris?
MN. Arab Strap, Kylie Minogue, Amanda Blank, Keren Ann.

5. Quelle partie de ton corps voudrais-tu changer/modifier? Pourquoi?
MN. Je veux une plus grosse bouche et plus gros seins et Botox et mini lipo du ventre et blondeur pour ressembler à Kimber de NipTuck.

6. Tu es projetée au Moyen Âge en pleine épidémie de peste, à Londres. Quelle est la première chose que tu fais?
MN. Me trouver un homme riche pour me sauver.

7. Stylo plume ou clavier?
MN. Clavier. Pas besoin de plume ou de stylo pour avoir mal au poignet, moi.

8. Dans quel roman se trouve la scène d’amour qui t’a le plus touchée?
MN. J’aime beaucoup Djian et Duras, mais je triche, je choisis un recueil de poésie, Mourir m’arrive, de Fernand Durepos.

9. On te lâche lousse avec 500$, qu’est-ce que tu achètes?
MN. Séance maquillage chez MAC, lingerie, et gin tonic pour mes copines et moi.

10. Mélodie Nelson est un personnage fictif qui répond à bien des fantasmes masculins, or the real deal?
MN. The real deal, plus adorable et timide live, mais plus cernée aussi.

Maintenant tu sais tout, tout, tout sur Mélodie Nelson!

La twitterview que j'ai donnée à Mélodie est ici.

17.12.09

Vases communicants de janvier

L'expérience des vases communicants de décembre a été fort intéressante, et exigeante. C'est drôle comment publier sur le blogue de quelqu'un d'autre peut être intimidant car on s'adresse à d'autres lecteurs. Le ton jure avec celui de l'auteur originel.

Il peut y avoir un décalage (souhaitable?) avec l'environnement natif.

Cette expérience m'a aussi permis de découvrir les blogues de plusieurs auteurs, dont Arnaud Maïsetti et Joachim Sené.

Lors du premier vendredi de janvier 2010, qui veut se prêter au jeu du vase communicant avec LKM?

7.12.09

Mes Excuses

Ce midi, ayant pourtant réfléchi auparavant (mais visiblement pas assez), j'ai publié un truc sur ce blog. Un truc qui aurait dû demeurer dans le domaine privé, que j'ai supprimé rapidement, et je m'en excuse sincèrement (si vous ne savez pas de quoi il s'agit, tant pis :)

C'est que ce blogue est en mouvance, se cherche un peu, et empruntera sûrement un chemin nouveau bientôt. Le slogan "tout est fiction" est toujours autant d'actualité -- car je crois sincèrement à la séparation entre l'auteur et l'écrit --, mais j'aborderai la fiction autrement.

Comment?

Pas sûr encore... Une piste ici, une autre , un jeu de piste?

Stay tuned.

4.12.09

Les Vases communicants selon Brigitte Celerier

Aujourd'hui c'est le premier vendredi du mois. C'est aussi le jour des vases communicants. Ce que certains ont appelé "le Grand Dérangement" (mais rien à voir avec la déportation des Acadiens...).

Outre ceux que j'ai écrits chez Marie-Hélène Voyer (série Interversens, 9 et 10), et celui qu'elle a écrit ici (Poulpe fiction), voici une liste non exhaustive des autres vases communicants retracés sur Twitter par Brigitte Celerier (@brigetoun):

Vases communicants harmonieusement (certainement) ce 4 décembre:

N'hésite pas à m'en signaler d'autres!

Poulpe Fiction

Deux-mètres-carré-cinq-kilogrammes de chairs. Tout se répand et s’entrecroise sur vos organes éblouissants, attisés, laminés, complètement visibles et transportables. Tout se répand et tu mimes les brèves familiarités. Ça s’entrecroise et sur ta peau l’air se raréfie, se fait lisse. Tu navigues et ton épiderme submersible s’étonne et cherche si fort un instant plus rapide qu’une seconde et tu nais aux vitesses pures et sans obliques. Maintenant l’air est rare et le vent se durcit aux parois des villes perpétuelles et tu penses aux matins innommables et aux cris mécaniques. Il y a des ventouses, beaucoup de ventouses et des doigts de bouche qui cherchent ta langue et ça continue.

Deux-mètres-carré-cinq-kilogrammes de chairs. Tu cherches ton souffle et l’écume se densifie et tu t’écrie aux candeurs desséchées et tu fuies les gorges savonneuses des chambres offensives. Tu t’enfonces dans les longues distances verticales, tout se répand et s’entrecroise et vos tentacules innombrables s’imprègnent de cris mécaniques et ça continue : la pression ambiante, les pieuvres contractiles, les profondeurs chromophores. Elle arrive et s’approche et t’observe et son ventre de poupée ondoie aux langues des néons et elle sourit et se répand et se déploie dans le silence de résille et toi tu t’enfonces dans les longues distances verticales.
Dans l’abîme qui s’écarte, la narcose t’encercle de ses équinoxes huileux.

3.12.09

Prochain Slam de poésie : lundi 7 décembre

SLAMcap - Nouvelles

Communiqué - Pour diffusion immédiate

Saison 2010 de la Ligue québécoise de slam (LiQS)

Slam de poésie

Une partie de plaisir où les mots, la voix, la bouche et le rythme nous réservent des surprises.

Lundi 7 décembre

Ouverture des portes : 20 h 00

Au café-bar L'AgitéE  (251, rue Dorchester, Québec).

Entrée : 5 $

Arriver tôt, c'est payant : tirage de cadeaux pour ceux et celles qui se présentent avant 20 h 30.

Des slameurs se démèneront pour gagner la faveur du public dans une compétition amicale. Chacun n'aura que trois minutes pour convaincre un jury choisi au hasard dans l'assistance. Le slameur ne peut utiliser que le pouvoir de sa prestation et de ses mots (sans accessoire, ni instrument de musique)… dans un slam de poésie, le grand gagnant, c'est le public !

Les slameurs : Denis Belley, Alexandre Dumont, Matthias Gagnon, Pascal Larouche, Marc Lebel, MisTe, Véronica Rioux, Saint-Olivier.

Slammestre : André Marceau.

Juge de ligne : Régis Labonté.

Ponctuation musicale : DJ Pistémique.

Avis aux poètes : un Micro ouvert  précédera la partie, venez participer à cette fête de l'oralité (arrivez tôt pour vous inscrire). Le micro ouvert est également la tribune idéale pour vous faire connaître et, éventuellement, participer à une joute (si tel est votre désir).

Pour savoir comment vous inscrire et participer, à titre de slameur, à une prochaine joute, cliquez sur le lien : http://slamcap.blogspot.com/2009/10/si-tu-desires-slamer.html

 

Pour connaître les règlements d'un slam de poésie, cliquez sur le lien : http://slamcap.blogspot.com/search/label/R%C3%A8glements%20-%20Slam%20de%20po%C3%A9sie

Présenté par SLAM cap et le Tremplin d'actualisation de poésie (TAP), chaque Slam de poésie à Québec se tient le troisième lundi du mois, au café-bar l'AgitéE.

Merci à L'AgitéE ainsi qu'à nos commanditaires : Éditions Le Noroît, Réserve phonique, Le loup de gouttière.

-30-

Organisation et communications : André Marceau pour SLAM cap ; tél.: 523-1174 ; slamcap@live.ca ;
Blogue de SLAM cap : http://slamcap.blogspot.com/

Si vous ne désirez plus recevoir nos communiqués, veuillez nous en aviser.

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30.11.09

Mes 10 meilleurs amis en novembre

Dehors novembre, demain décembre déjà!

Le mois des mots a fait naître une explosion de nouvelles visites sur Fiction littéraire - LKM et je vous en remercie beaucoup! Je ne sais pas trop comment ni pourquoi, mais plusieurs personnes ont découvert cet antre en novembre, à mon plus grand bonheur.

Voici, dans l'ordre habituel, mes 10 nouveaux meilleurs amis (certains sont de vieilles connaissances) :
  1. Lignes électriques. L'homme électrique en liquides et en courbes.
  2. Mélodie Nelson. Caché ce sein que je ne saurais voir.
  3. Jack. Le grand écornifleur.
  4. Nina. Le retour de la grande dame. En espérant que les muses arrêtent de la bouder.
  5. 10 putes. Toujours pertinent et uppercuttant nos p'tites valeurs
  6. Slam Cap. Keep on slammin' in the free world
  7. Mathieu Arsenault. Merci pour tous tes conseils en 2009!
  8. Mon Massir. Un de mes premiers contacts dans la blogosphère, content de te revoir!
  9. Les carnets de Robert. L'avenir sera numérique ou ne sera pas.
  10. Mademoizel Anonyme. Rencontre fugace, perdurera-t-elle?

LeRoy et Ema Ch'Vai vasescommuniquent













Je suis tres content d'avoir accepte l'invitation de Marie-Helene Voyer (aka META, aka Ema Ch'Vai) de vasescommuniquer.

Plait-il?

Les vases communiquants consistent a ecrire sur le blog d'un autre blogueur le premier vendredi du mois. Donc, le 4 decembre, je publierai sur les Meta Chroniques de Marie-Helene, et elle prendra place sur LKM.

Les vases communiquants sont une intiative du Tiers Livre et de Scriptopolis:
Tiers Livre (http://www.tierslivre.net/) et Scriptopolis (http://www.scriptopolis.fr) sont à l'initiative d'un projet de vases communicants : le premier vendredi du mois, chacun écrit sur le blog d'un autre, à charge à chacun de préparer les mariages, les échanges, les invitations. Circulation horizontale pour produire des liens autrement… Ne pas écrire pour, mais écrire chez l’autre.

Beau programme qui a démarré le 3 juillet entre les deux sites, ainsi qu'entre Liminaire... (http://blog.liminaire.fr/) et Fenêtres / open space (http://fenetresopenspace.blogspot.com/).

Si vous êtes tentés par l'aventure, faîtes le savoir ici, que chacun puisse relayer les autres...

Plus d'info sur la page FaceBook des vases communiquants

18.11.09

Comment se faire bercer par Vonnegut

Le Berceau du chat raconte l'histoire de l'écrivain « Jonas » – on n'apprendra pas son nom de famille – qui décide d'écrire un livre sur les phénomènes qui se produisirent simultanément lorsque la bombe atomique fut lancée sur Hiroshima en 1945. Pour ce faire, Jonas pénètre dans l'univers de Felix Hoenikker, un des co-créateurs de la bombe atomique. En fait ici se mêlent réalité et fiction car, même si le canevas de l'histoire s'avère « réel », Vonnegut y va de fantaisies de son cru qui n'ont rien à voir avec l'Histoire : Felix Hoenikker n'existe que dans Le Berceau du chat.

Donc, Jonas rencontre un à un les enfants de Hoenikker – un nain, une sans-cervelle et un fan de modèles réduits doté d'un don naturel pour l'architecture, devenu milicien – et chemine vers la glace-9, soit une structure alternative d'eau, solide lorsque la température ambiante est de moins de 45,9 celsius. Mais lorsqu'une goutte de glace-9 entre en contact avec de l'eau, toute l'eau devient glace... et cause la mort. C'est d'ailleurs ainsi que meure Felix Hoenniker, bêtement, alors qu'il expérimentait dans son chalet, à la veille de Noël, et que les enfants étaient partis faire des emplettes. Le chien des Hoenikker en périra également.

Afin de faire avancer son bouquin, qui n'est qu'un prétexte pour s'immiscer dans la vie privée des Hoenikker et leur extirper de l'information sur le génie du père, Jonas s'envole pour San Lorenzo, une île imaginaire des Caraïbes où l'on parle un créole très approximatif : elé sam artière n'deledem okra-zy signifie « et les 100 martyrs de la démocratie ».

Sur cette île règne en tyran « Papa » Monzano, qui menace de torturer n'importe qui sous le croc, une arme massacrante directement sortie du musée des horreurs de Londres (ou de l'esprit de l'auteur?). Sa fille adoptive, Mona, grande xylophoniste devant l'éternel, incarne tout le contraire de son paternel : symbole sexuel de l'île, promise au général Hoenikker (le fils aîné de Felix Hoenikker); Jonas en tombe amoureux et découvre par le fait même les vertus du bokonisme.

Tu suis toujours?

Le bokonisme est la religion qu'il ne faut pas pratiquer sur l'île, de peine de mort par le croc. En fait, Bokonon, le père du bokonisme, et « Papa » Monzano, s'opposent en tout pour des raisons qui s'exposent tout au long du roman : pour maintenir un certain équilibre entre le Bien et le Mal.

Cette fable fantaisiste, aux frontières de la science-fiction, m'a procuré un rare plaisir de lecture. Me rappelant autant Borges de par ses parallèles entre réalité et fiction, que Sony Labou Tansi (voir La Vie et demie) pour sa satire de la tyrannie coloniale, qu'Orwell ou Voltaire pour cette naïveté qui mène le narrateur à se perdre lui-même d'un amour impossible avec une nymphe paradisiaque (Mona).

Et le berceau du chat dans tout ça:
« Pas étonnant que les gosses deviennent fous en grandissant. Un berceau de chat n'est rien d'autre qu'un faisceau d'X entre les mains de quelqu'un, et les gosses regardent tous ces X, iles les regardent, ils les regardent...
-- Et?
-- Et il n'y a pas plus de chat que de berceau. »
C'est Newt Hoenikker, le benjamin de la famille, qui nous montre que cette fable est un magnifique leurre.

Au sujet des Américains :
« Les Américains, dit-il en citant la lettre écrite au Times par sa femme, cherchent toujours à se faire aimer des formes qui n'existent pas et en des lieux impossibles. Il y doit avoir là une survivance de l'ancien esprit de la Frontière. »
Et à propos de l'apport de la littérature dans le monde:
— Je songe à déclencher une grève générale de tous les écrivains jusqu'à ce que l'humanité redevienne raisonnable. En seriez-vous?
— Est-ce que les écrivains ont le droit de se mettre en grève? Ce serait comme si la police ou les pompiers faisaient grève, non?
— Ou les enseignants.
— Ou les enseignants, » acquiesçai-je. Je secouai la tête. « Non, je ne crois pas que ma conscience m'autoriserait à donner mon soutien à une grève de ce genre. Lorsqu'un homme se fait écrivain, j'estime qu'il assume comme une obligation sacrée le devoir de produire de la beauté, de la lumière et du réconfort, et au galop encore!
— Je ne puis m'empêcher de penser au total désarroi de l'humanité si du jour au lendemain il n'y avait plus de nouveaux livres, de nouvelles pièces, de nouvelles histoires, de nouveaux poèmes...
— Et vous vous sentiriez fier quand les gens commenceraient à mourir comme des mouches? Demandai-je.
— Ils mourraient plutôt comme des chiens enragés, je crois – la bave aux lèvres, en montrant les dents et en se mordant la queue. »

Et si tous les écrivains faisaient la grève en même temps?

— Je songe à déclencher une grève générale de tous les écrivains jusqu'à ce que l'humanité redevienne raisonnable. En seriez-vous?
— Est-ce que les écrivains ont le droit de se mettre en grève? Ce serait comme si la police ou les pompiers faisaient grève, non?
— Ou les enseignants.
— Ou les enseignants, » acquiesçai-je. Je secouai la tête. « Non, je ne crois pas que ma conscience m'autoriserait à donner mon soutien à une grève de ce genre. Lorsqu'un homme se fait écrivain, j'estime qu'il assume comme une obligation sacrée le devoir de produire de la beauté, de la lumière et du réconfort, et au galop encore!
— Je ne puis m'empêcher de penser au total désarroi de l'humanité si du jour au lendemain il n'y avait plus de nouveaux livres, de nouvelles pièces, de nouvelles histoires, de nouveaux poèmes...
— Et vous vous sentiriez fier quand les gens commenceraient à mourir comme des mouches? demandai-je.
— Ils mourraient plutôt comme des chiens enragés, je crois — la bave aux lèvres, en montrant les dents et en se mordant la queue. »

— Kurt Vonnegut in Le Berceau du chat

16.11.09

Buboneka, 7e chapitre


Après quelques mois d'absence, Buboneka revient en force! Si tu n'as jamais réussi à terminer Ubu, toutefois, tu ferais mieux de passer ton tour.

15.11.09

Mélodie publie, et Robert se choque

Tu lis Mélodie Nelson et tu mouilles tes bobettes, c'est normal. Mais tu devras passer dans ta boutique de sous-vêtements préférés pour t'en acheter un charriot parce qu'elle publie son premier roman chez Robert ne veut pas lire.

Pour voir Mélodie en action (voir à la 4m42s).

(Pour JSDR, on y parle aussi de Antidote, mais moi et Antidote...)

Pendant ce temps, Robert ne veut pas lire son carnet et blaste le DRM tout en souhaitant des liseuses plus libres... et qu'on parle un peu plus du contenu, de l'auteur, pas juste des contenants, quand on traite de littérature numérique.

Free Your Mind


Au début de l'année, j'avais lancé un concours pour changer le design de mon blogue. Mais il faut croire que les prix n'étaient pas assez intéressants ou que, ben, t'avais juste pas envie de supplanter le superbe dessin de Mivil.

C'est lui qui m'a relancé. Il vient de me soumettre cette image complètement free, complètement jazz. J'en suis amoureux. Je suis même jaloux de sa blonde!

Oui, je suis un fan fini de Mivil. Thanks dude!

(C'est pour quand l'album?)

10.11.09

Thomas Wharton et les poissons

Thomas Wharton, c'est l'auteur des livres fascinants que sont Le Logogryphe, Le Champ de glace et Un Jardin de papier.

Mais lorsqu'il blogue, il préfère nous présenter des poissons dans des vitraux en bordure du Lake Louise.

8.11.09

7.11.09

Lancement du Livre de chevet par Le Quartanier au Port de tête

De la part de Le Quartanier:
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Bonjour !

C'est avec joie et fébrilité que nous vous invitons au lancement du LIVRE DE CHEVET, le mercredi 11 novembre de 17h à 24h 
au Port de tête.
 Oui, jusqu'à minuit.

Ce sera la fête, il y aura quelques lectures, 
de la musique, à boire et à manger.


Seront aussi lancés le même soir EXPEDITIONS OF A CHIMAERA, ouvrage à deux têtes de Oana Avisilichioaei et Erin Moure, et THE ROSE CONCORDANCE, par Angela Carr
, parus tous deux chez l'excellent éditeur torontois Book Thug, qui sera présent pour l'occasion.

LE LIVRE DE CHEVET
Un sommeil suscité par Daniel Canty

Collectif de 24 auteurs et trois illustrateurs
Fiction, poésie, illustrations
256 pages — 7,5" x 10"


Le livre de chevet est le troisième et dernier volume de la série La table des matières.


Ouvrage collectif réalisé 
par Daniel Canty et FEED.
32,95 $ / 25 €

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L'événement est commandité par la bière Boris et les vins californiens Barefoot.

Au plaisir de vous rencontrer et de trinquer avec vous!

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Le Port de tête
au 262, Mont-Royal Est
entre Henri-Julien et Laval
Tel.: 514-678-9566



Pour information :
514-692-5276
lequartanier@videotron.ca

6.11.09

Pour les fous qui participent au NaNoWriMo

Message de @bookoven, aka @Hugh McGuire, qui permet aux gens qui participent au NaNoWriMo d'éditer leur roman en ligne sur le site de Book Oven:

Dear Book Oveners,

We  just released some new improvements to the Book Oven for better performance, experience and usefulness.

And we've got a little experiment going with those of you crazy enough to be doing NaNoWriMo, National Novel Writing Month, writing a 50,000-word novel in the month of November.

If you're participating in NaNoWriMo, you can upload your chapters daily to Book Oven, launch Bite-Size Edits, and get great feedback on your writing. Tag your project as "nanowrimo," and it'll turn up in the NaNoWriMo Bite-Size pool. You can invite friends and colleagues to do Bite-Size Edits (without having to read the whole thing), or leave your project open to everyone in Book Oven to edit. Here's what Book Ovener Miette has to say about Bite-Size Edits and NaNoWriMo:

"You  know, it's fascinating, running a text through BSE as it's being written. I'm finding that the immediate feedback really helps shape and reel-in subsequent chapters."

If you'd like to check out some of the nano work, log in and head to Book Oven's NaNoWriMo Page.

We've also made some great improvements to the Book Oven experience, including: feedback.bookoven.com/

  • Word 2007/2008 (.docx) upload/import functionality is working much better, including better support for lists and styles.
  • You can now view an activity history relating to each of your most active projects on your Dashboard. You can also jump directly to any annotation or comment.
  • We have given the Chapter view an extensive facelift -- many of you have requested a single-page view to allow vertical scrolling, so we've built one.
  • However, if you loved the multi-page view, that preference is just a click away.
  • You can tell other Book Oven users what kind of skillsets or roles you are looking for to work on your project, or what kind of skills you have to offer through your personal profile. On the flip side, you can also search for projects that are looking for certain roles, or people who have skillsets you might need.

(Tip: if you want your project to be seen by non-Book Oven users, in your project settings, allow your project to be viewable by "everyone". )

If you unearth a bug or have a better idea for how a certain feature can work,  as  always,  drop  us  a  note  through  our  Feedback Forum, or send us an email: contact@bookoven.com.

Happy writing & editing!

Hugh, Steph & the Book Oven Team.

4.11.09

Publication de Mayday! (ou retour sur le Busy Busy Friday)

Il y a deux semaines dans mon Busy Busy Friday, j'annonçais que je rencontrais deux éditeurs à Montréal.

Et puis plus rien.

Zilch.
Niet.
Nada.

Je t'ai laissé dans le néant. C'est que la vie suit son cours et qu'on n'a pas toujours le temps de te garder à jour. Réparons les pots cassés.

Donc:
  • arrivé à Montréal vers 13h50 à la station de bus Orléans Express
  • pris le métro jusqu'à Mont-Royal (14h)
  • petite marche vers l'est jusqu'au Sushi Shop (14h15) pour un 5 minutes de remplissage bien mérité
  • re-petite marche vers l'est jusqu'au Verre Bouteille (14h30) où, à mon grand dam, la connexion Internet ne marche pas
Trépignation.
Frustration avec le sourire.
Espresso

Ragé d'utiliser Linux (ah mais c'est peut-être pas la faute du pingouin ben oui c'est ça)

Je scrute l'espace du regard car je n'ai aucune idée de quoi a l'air mon premier rendez-vous, Éric de Larochellière de Le Quartanier. Puis, on se croise (15h), on se reconnaît, on se parle. Pendant presque quatre heures.

D'entrée de jeu, il me prend par les sentiments: il m'offre Dhalgren de Samuel R. Delany, une brique de 800 pages aux frontières de la science-fiction et du roman post-moderne (m'explique-t-il).

Pris de cours.

Pendant quatre heures donc, on parle de Mayday!, de moi, du Quartanier, de lui, et le temps file sans que je m'en rende compte. Il arrive à deviner quel est l'autre éditeur que je rencontre plus tard et me dit même que Mayday! se publierait très bien là-bas, aussi.

Résultat : je suis presque en retard pour mon deuxième rendez-vous, à 20 heures.

Donc:
  • départ du Verre Bouteille (18h50)
  • je croise Karine Denault alors qu'elle arrive et que je pars (18h51)
  • marché vers l'ouest jusqu'à un Pizza 2=1 (souvenirs!)
  • mangé deux pointes all-dress avec un Coke (19h10). Gastronomie.
  • téléphone à la tite famille pour savoir qui a mangé son lunch et qui a eu A dans sa récitation
  • pris le métro jusqu'à Berri (19h25)
  • sorti sur Berri  (19h40)
  • marché jusqu'à Ontario pour me rendre au Cheval Blanc (19h55)
Là, je rencontre Guillaume Cloutier des éditions de Ta Mère (qui, lui aussi, devinera que l'autre éditeur, c'est Le Quartanier).

On parle pendant 1h30 du roman, de l'édition, de la vie, c'est beaucoup plus relaxe, mais les mêmes questions ou réflexions sont là, les deux éditeurs ont une vision assez similaire de là où peut aller Mayday!

Puis, je vais m'écraser chez Bourbon (22h), vidé d'avoir parlé pendant cinq heures et demi, alors que d'habitude, je ne parle que dans ma tête!

Ceux qui me suivent sur Twitter le savent déjà, mais pour toi, celui qui se dit que Twitter c'est pour les twits, une image vaut 140 caractères:



Cette excellente nouvelle implique toutefois que je retire Mayday! de ce doux foyer qu'est LKM. Je le laisse donc en ligne jusqu'à dimanche, après quoi, je retirerai définitivement les aventures du docteur May de mon blogue.

Contrat oblige.

Remarque: La version que j'ai envoyée à Le Quartanier est assez différente de celle qui se trouve ici, et celle qui sera publiée sera aussi fort probablement tout aussi méconnaissable.

30.10.09

Un Bourbon en grande forme

Bourbon, dont la fiction littéraire n'a d'égal que son talent de chanteur des Jumelles Japonaises, m'a averti qu'il avait mis a jour son espace liquide. Et quelle transformation!

Le Bourbon s'est mis dans la tête de:
Sans parler de sa nouvelle esthétique zen-méduse!

I'll drink to that.

22.10.09

Paradis, clef en main, premier chapitre

Comme c'est son habitude, l'éditeur de Coups de tête, Michel Vézina, met le premier chapitre de chacun de ces livres en ligne en version PDF.

C'est aussi le cas pour Paradis, clef en main, le dernier Nelly Arcan:

Quatrième de couverture (j'imagine) :
Une obscure compagnie organise le suicide de ses clients. Une seule condition leur est imposée : que leur désir de mourir soit incurable. Pur, absolu. Antoinette a été une candidate de Paradis, Clef en main. Elle n'en est pas morte. Désormais paraplégique, elle est branchée à une machine qui lui pompe ses substances organiques. Et Antoinette nous raconte sa vie. Elle raconte sa mère, dont elle pourrait être la copie conforme. Elle raconte Paradis, Clef en main et son processus de sélection, ses tests et ses épreuves, son chauffeur et son psychiatre halluciné, le caniche blanc qui ponctue les scènes rocambolesques, son comité de sélection. Un monde Kafkaïen. Elle nous raconte aussi son oncle Léon, dont le suicide, également organisé par Paradis, Clef en main, a fait les manchettes du monde entier. Et surtout, elle nous raconte son nouveau désir d'exister, son second souffle. Paradis, Clef en main est le cinquième livre de Nelly Arcan, qui s'aventure ici, et avec brio, dans la fiction. Roman d'anticipation, roman sur le désir de vivre, sur celui de mourir. Roman sur la responsabilité, sur le rapport à l'Autre, sur le rapport au corps, à la vie. Roman fabuleux écrit d'une plume acérée.
Le PDF du premier chapitre est ici.

Lancement jeudi prochain 29 octobre / essais et nouvelle collection

Communiqué de Le Quartanier

Bonjour !

C'est avec grand plaisir que nous vous invitons au lancement des essais de HELEN FARADJI, de SAMUEL ARCHIBALD et de BERTRAND GERVAIS.

Nous lancerons également à cette occasion les quatre premiers titres de la nouvelle collection de livres de poche OVNI, soit la réédition des premiers livres de ALAIN FARAH et de RENÉE GAGNON, et les livres de SAMUEL ROCHERY et de DANIEL POZNER.

Ce lancement aura lieu le JEUDI 29 OCTOBRE, au faramineux PORT DE TÊTE, de 17h à 21h.

Comme d'habitude, ce lancement est l'occasion pour nous de célébrer la sortie des nouveaux ouvrages, de rencontrer lecteurs, amis et auteurs.

Il y aura ce qu'il faut pour la soif et la faim -- amuse-gueules, liquides rouge, blanc et blond, et musique (pour tous les goûts, y compris ceux de Samuel Archibald).

Livres lancés ce soir-là :

Collection Erres Essais
  • SAMUEL ARCHIBALD, Le texte et la technique : la lecture à l'heure des médias numériques
  • HELEN FARADJI, Réinventer le film noir : le cinéma des frères Coen et de Quentin Tarantino
  • BERTRAND GERVAIS, L'imaginaire de la fin : temps, mots et signes - Logiques de l'imaginaire, tome III
Collection OVNI

  • SAMUEL ROCHERY, Odes du Studio Maida Vale
  • DANIEL POZNER, Pft!
  • ALAIN FARAH, Quelque chose se détache du port (réédition en poche), suivi d'une postface, «Tout ce qui monte redescend»
  • RENÉE GAGNON, Des fois que je tombe (réédition en poche), suivi d'une postface, «Le bourdon»
Au plaisir de vous voir et de trinquer avec vous!

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Le Port de tête
au 262, Mont-Royal Est
entre Henri-Julien et Laval

Info : 514 678-9566



Pour information, entrevues,
services de presse :
514 692-5276
lequartanier@videotron.ca

21.10.09

Busy Busy Friday

(excusez-moi d'avance, je roule Ubuntu Netbook Remix sur mon laptop et j'ai trop la flemme pour changer le clavier pour le francais, get with it)

Vendredi prochain, dans deux dodos, risque d'etre pas mal occupe:
  • Descendre a MTL (my hometown!)
  • Rencontrer un editeur a 15h
  • En rencontrer un autre a 20h
  • Crasher (ou cracher, je sais pas trop encore) sur le divan de Bourbon ou on va surement discuter de la suite de Buboneka, le twitteroman que j'ai commence a ecrire avec lui au printemps dernier. Le NaNoWriMo s'en vient, ce serait une bonne occasion de le completer...
Wish me merde!

19.10.09

Faire la piasse avec Nelly

Je ne peux vraiment plus me passer de Twitter, surtout depuis que je suis plus de litteraires comme Francois Bon (@fbon), Nicolas Dickner (@nicolasdickner) et autres Melodie Nelson (@melodienelson).

Mais la derniere rage vient de The Gazette, qui affirme dans un article de vendredi dernier que l'hertage arcanien serait sur le point d'etre exploite par Seuil, qui a "promis" de publier un autre livre de Nelly Arcan a l'automne 2010.

Comment?

En tentant de hacker son ordinateur et en publiant une partie de journal intime, une partie de roman, et tout autre contenu juge assez litteraire par l'editeur francais.

Bref n'importe quoi pour faire du cash.

Seuil a peut-etre un contrat avec Arcan (ah oui! elle est morte, remember?). Peut-etre qu'elle avait un autre livre a pondre a cause d'un contrat quelconque.

Mais en bout de ligne, n'est-ce pas la famille ou l'executeur litteraire qui devraient prendre ca en main, et non un editeur?

T'en penses quoi? Moi je pense que je vais nommer un executeur litteraire sur-le-champ, des volontaires?

Oh So Sweet Mélodie

C'est grâce à un follow friday assez flatteur de Jean-Simon DesRochers que j'ai (re)découvert l'oeuvre osée de Mélodie Nelson.


Elle participe au feuilleton J'irai me crosser sur vos tombes d'Édouard Bond, publié au fur et à mesure chez Robert ne veut pas lire.

Extrait ici (discretion is advised). Désolé l'embed ne marche pas sur Odeo...

8.10.09

Top 10 de mes lecteurs en 2009

Même si ce blog tourne au ralenti depuis l'été, c'est grâce à toi, lecteur, que je réussis à écrire ces histoires que tu aimes lire. À tes commentaires. À tes critiques. À ton intransigeance. Je reviendrai en force dans pas long.

Hommage à ceux qui m'ont amené le plus de lecteur, outre Google, Twitter, Facebook et autre média dit social:
  1. Jack. L'homme qui a vu l'homme qui a vu l'ours. Présent depuis les premiers balbutiements. Thanks man.
  2. Nina. La sirenamiga. La femme fougue force. Héroïne-gazoline.
  3. Mathieu Arsenault. L'ovni littéraire. Celui qui défie mes entendements.
  4. Simon Douville. Expressif. Commentateur habile.
  5. Mireille Noel. Grande dame de la littérature. Merci de ton appui.
  6. SlamCap. Le blogue du slam poésie à Québec. En moins de 3 minutes.
  7. Méthane Alyze. Poète à l'état brut. Compromis? Elle ne connaît pas.
  8. Front Froid. Là où la merveilleuse BD Hamidou Diop a été publiée. Lisez-la! (oui c'est moi qui ai écrit la description du produit)
  9. Mistral. Fan fini de son oeuvre à l'adolescence, je l'ai retrouvé l'instant d'un vlog. Toujours une inspiration.
  10. Helena Blue. Grande lectrice devant l'éternel. Tes commentaires, toujours intelligents.

25.9.09

RIP Nelly

Ce n'était pas ma préférée, je n'ai pas aimé Putain, mais n'empêche, sa mort me touche.

35 ans.

Putain (sans mauvais jeu de mot)



Et encore:

14.9.09

Bande annonce du roman La Canicule des pauvres

C'est Jean-Simon Desrochers qui m'a contacté sur Twitter pour me vendre son nouveau (et premier) roman, La Canicule des pauvres. J'ai trouvé l'idée très intéressante: vendre un livre comme un promouvrait un film, avec des images.

Sois-en le juge:

Bande-annonce du roman LA CANICULE DES PAUVRES from JSDR on Vimeo.

9.9.09

OVNI Clothing pour être hip et branché

Il n'y a qu'un chandail à porter cet automne, c'est celui de C14UD3 G4UVR34U.

J'ai demandé une version spéciale : R3J34N D8CH4RM3 ou H8B3RT 4Q81N.

2.9.09

On lance un 3e OVNI au Port de tête

LANCEMENT > OVNI MAGAZINE NO 03 > AU PORT DE TÊTE

Nous vous invitons avec grand plaisir au lancement-party du numéro 03 d'OVNI Magazine, consacré à la littérature, à l'art, au cinéma et à la BD.

Ça a lieu le VENDREDI 11 SEPTEMBRE de 17h à 22h, à la librairie LE PORT DE TÊTE, au 262, Mont-Royal Est, dans la librairie et sur la terrasse arrière, entre le bar, la caisse et le barbecue.

Au programme : ben, c'est un lancement-party, vous savez ce que c'est, brouhaha, musique et conversation avec ou sans énergumènes; c'est l'étape facile après l'édition, en plein air, pleine de paresse et de vin rond; c'est le lancer du cocktail sur la coque du cockpit.

Comme dans tout lancement OVNI / Le Quartanier, on vous attendra avec ce qu'il faut pour boire et manger, en tout cas dans les premières heures;

et, comme dans tout bon party, il est tout à fait permis, voire encouragé, d'apporter à boire si vous souhaitez contribuer à la flotte de bouteilles, à la durée des flots. On n'est pas regardant : on prend tout ce qui déborde et on vous le rend dans un verre.

+

OVNI Magazine no 3 / automne 2009 / 12 $

+

Au plaisir de vous retrouver en forme et en nombre,
— L'équipe d'OVNI.
 
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Pour information, entrevues, services de presse :
lequartanier@videotron.ca
514 692-5276

27.8.09

Trois projets (planifiés) pour 2009-2010

Après 2 mois de repos créatif, me semble que les idées fusent de partout. Mais afin de focuser un peu (focus on focusing, disait Joe), j'espère pouvoir prioriser mes projets jusqu'à juin 2010.

Pourquoi juin 2010?

Parce que je sais pertinemment qu'en juillet et en août, je farniente.

Donc, les trois projets, dans le plus grand désordre, seront (roulement de tambours) :
Comme les deux premiers sont des projets que je conçois avec Bourbon, une certaine synchronicité sera nécessaire avec ledit alcool montréalais. Pour Interversens, projet poétique solo (ou presque), je devrais arriver à quelque chose de concluant d'ici la fin de 2009.

Quant aux autres projets qui risquent de me tomber dessus (slam ou autres collaborations), on verra en temps et lieu :)

L'observation de la gente féminine

The contemporary girl-watcher may permit himself an extra moment of wonder or an extra degree of frankness in certain contexts, exercising his best discretion in the matter of how little discretion to exercise.

29.7.09

Premier refus

Je m'en doutais bien, mais c'est confirmé.

Phoque.

Bonjour,
Suite à l’évaluation par le comité de lecture et la validation par des enseignants de la conformité aux normes ministérielles en Éducation nous avons le regret de vous informer que nous avons pas retenu vos textes.

Cela ne présume en rien de la qualité de vos écrits et de votre démarche de création. Tout simplement, vos textes ne peuvent malheureusement convenir au lectorat auquel nous le destinons.

Merci de votre collaboration et, nous l’espérons bien, à une prochaine.

Pierre Cadieu
Directeur littéraire aux éditions Vents d’Ouest

27.7.09

MySpace Sucks

OK, ça fait longtemps que je m'en suis aperçu (genre quand je me suis créé un profil), mais ça faisait également longtemps que je voulais le dire: MySpace Sucks.

C'est une horreur d'ergonomie Web pour adolescents post-boutonneux. Et j'en ai rien à foutre que tu fasses un concert dans un trou dans ton bled. Et ton band n'est pas le prochain Radiohead.

Voilà. C'est dit.

http://www.myspace.com/leroykmay is dead.

Don't bother.

THIS is the (only) place.

23.7.09

Buboneka: 6 chapitres à lire pour l'été

Buboneka, c'est un twitteroman que j'écris avec Bourbon. Mais comme il est parti en Chine pour 3 semaines et que, c'est l'été, l'action s'est arrêtée au 6e chapitre.

Petite lecture d'été:

Premier chapitre
où Jack et Tommy sont en deuil de Naïma et découvrent un corps démembré
Deuxième chapitre
où André et Balthazar planifient leurs futurs meurtres
Troisième chapitre
où Jack, Balthazar et Dahlia improvisent un trip à trois sans le savoir
Quatrième chapitre
où André semble disjoncter, Dahlia & Balthazar péter les plombs, et Ubu donner des directives cryptiques
Cinquième chapitre
où on apprend à mieux connaître Jack & Tommy pendant que Dahlia se meure
Sixième chapitre
où on assiste aux funérailles de Dahlia et où Jack & Tommy rencontrent deux gorilles

14.7.09

Sus aux anonymes!

À la suite de spams répétitifs concernant un dictateur français sur ce blog et sur les Chroniques d'une avatar, j'ai décidé d'interdire les commentaires des anonymes.

Identifiez-vous, lâches.

Et vive la révolution.

8

sous tes jupes de cuivre
tes hymens se reforment
au rythme des perforations sonores
  1. queues extatiques
  2. grattements d'oreille perfides
  3. il n'y a qu'un pas entre l'ombre de ta déchéance et mon désir de te pourfendre en 8
et pourtant lorsque tu mords ma jugulaire
je me sens renaître

6.7.09

Tournoi slam Le Slamboree de Lavaltrie

Communiqué -- Pour diffusion immédiate

Tournoi slam Le Slamboree de Lavaltrie


Les 21 et 22 août 2009, quelques-uns des meilleurs slameurs du Québec se réuniront à Lavaltrie, afin de tenter de ravir les honneurs du premier tournoi estival de slam au Québec. Plus d'une vingtaine de slameurs tenteront de remporter les honneurs de cette compétition amicale. Chaque participant présentera entre 2 et 5 textes.

Nous sommes toujours à la recherche de participants pour cet évènement, ainsi que de bénévoles. Évidemment, le public est également convié, puisque c'est lui qui déterminera les gagnants.

Pour s'inscrire : slamlanaudiere@hotmail.com

De plus, trois activités se grefferont à la compétition officielle du Slamboree. Le vendredi soir, tous sont invités à participer ou assister au Slam de minuit. Le samedi soir, dès 19h, nous présenterons la toute première demi-finale de l'histoire de Slam Lanaudière. De plus, tous sont invités à venir partager leurs idées sur le slam lors de nos deux 5 à 7 causerie.

Le coût d'inscription pour les participants est de 25 $. Cela inclut l'accès au camping et quelques repas. La date limite d'inscription pour participer au tournoi est le 31 juillet 2009. Pour tous les détails concernant le déroulement du tournoi, veuillez consulter le document « slamlan comm 06-09 long.pdf » joint à cet envoi.

Pour inscription, ou information, n'hésitez pas à communiquer avec nous, par courriel, à l'adresse slamlanaudiere@hotmail.com ou par téléphone, à la Chasse-Galerie, 450-586-9569, à l'attention de Sébastien. Faites vites, les places s'envolent rapidement!

La plupart des activités seront présentées sur la scène extérieure de la Chasse-galerie. Des hot-dogs européens seront servis, directement de notre BBQ (végé disponible). Les activités sont gratuites pour le public; tous seront cependant invités à contribuer volontairement au succès financier de l'évènement.

Le Café culturel de la Chasse-Galerie est situé au 1255, rue Notre-Dame, à Lavaltrie. Au plaisir de vous recevoir, les 21 et 22 août 2009, auprès du majestueux St-Laurent.

Jocelyn Thouin
Slammestre, Slam Lanaudiere
www.artatoi.com/slam.html

Sébastien Martin
Directeur général  Café culturel de la Chasse-galerie
www.chasse-galerie.ca

Slam Lanaudière souligne la participation financière du Rosel, du ministère de la Culture, des Communications et de la Condition féminine, de la Conférence régionale des élus(es) de Lanaudière ainsi que de Loisir et Sport Lanaudière.

SLAM cap, présentateur officiel à Québec du Slam de poésie dans le cadre de la Ligue québécoise de Slam (LiQS)
SLAM cap : slamcap@live.ca
http://slamcap.blogspot.com/
Tremplin d'actualisation de poésie (Tap) : tapoesie@hotmail.com

-- 30 --

19.6.09

Sonam

Quand la nuit tombait, j'entendais les chiens hurler à flanc de montagne. Ils avaient des yeux rouge famine et le poil hirsute comme des hyènes malheureuses. Parfois j'avais cette envie de me livrer à eux volontaire, de leur offrir le goût de ma chair. Être dans leurs gueules une victime absolue. Être le nerf à vif du monde, une dernière fois, et sentir leurs haleines avides me désirer. Me sentir utile, nécessaire entre leurs crocs.

-- Jonathan Harnois, Sonam

16.6.09

7

tu devenais:
  • automate translucide
  • pensée limpide
  • pierre humide & molle
  1. comme cette montre qui n'affiche le temps qu'aux heures les plus folles
  2. comme cette langue infectée par un élixir poreux & sensitif
  3. comme cette lumière sans vie qui parcourt tes doigts sinueux & croches
tu te frankensteinisais
je me draculais
il fallait que j'enfonce mes crocs dans ta chair flasque

15.6.09

Attention, poète dangereux!


Le Cid maghané

Je cherchais la page couverture de Ines Pérée Inat Tendue pour l'ajouter à mon aNobii quand je suis tombé sur le Cid maghané, une pièce de Ducharme qu'il n'a jamais publié.

La seule façon de la lire, c'est au CEAD ou de l'avoir vue en 1968 au festival de Ste-Agathe.

Extrait:

LE COMTE : C'est à moi que la job revenait. Il y a pas à sortir de là. /
DON DIÈGUE : Tu as menti.
COMTE : Je vais te le montrer si j'ai menti, moi!
DIÈGUE : Envoie donc pour voir si tu es capable, jeune faluette!
COMTE : Tu t'es usé la langue à lécher les bottes du roi. Il te reste même plus assez de langue dans la bouche pour communier.
DIÈGUE : Tu as la langue trop sale pour les lécher, les bottes du roi.
COMTE : Le roi a choisi un vieux parce qu'il est vieux lui itou et qu'il a peur des jeunes.
DIÈGUE : Jaloux!
COMTE : J't'avertis : tu ambitionnes.
DIÈGUE : Puant!
COMTE : Tu mérites une bonne claque sur la gueule. Elle s'en vient. La voilà. Catche-la!

(Claque sur la gueule. Don Diègue tombe, se relève.)

DON DIÈGUE : Je vais le dire à mon gars. »

Quelqu'un l'a vue?

14.6.09

6

cryptogramme évanescent couleur raison
ton odeur de soufre me rappelle tes lèvres déchiquetées
au soleil de ta jeunesse
spirales sous-jacentes aux beautés planétaires

### dont les satellites ruissellent de feuilles tuméfiées;
### ô vapes naphtalines ô silhouettes turgescentes
### falaises écroulées au goût symbiote

je te déchiffre au son de tes langues mortes
tes seins sont des oboles de signifiance rompue
il n'y a plus d'issue: plongeons au fond de ton essence

11.6.09

5

introverti
je m'introduis vers dans sur toi
et j'en ressors poisseux comme la photosynthèse de ton sol

sous une roche terreuse
essence naturelle de coeur bouilli aux abois des ruelles sans détour

### n'oublie pas ma pince mandarin, ma pince biconique à deux cornes
### l'avenir appartient à ceux qui mordent dans l'acier dénudé
### chut... ils t'entendent...

ta tête tourne 720 degrés se dévisse et tombe dans ma main
le sang est chaud et réconfortant
il est temps de passer aux choses sérieuses

4

pris de dégoût
prix de dromadaires intempestifs & transparents
tu déboutonnes tes charmes-vertiges
exsangue & belle comme un entonnoir de plywood

### tes cris transpercent l'essence des variantes de moi
;;; circonflexe & obtus comme un kamikaze livide & pantois
... accente-toi! vibre un peu!

ton agonie n'a d'égal que ton sourire crispé
mon marteau te refait le portrait
dans l'hémoglobine
tu étincelles

3

chiffre parfait chiffre de mépris
au-delà de villes tu sens la bouse la courbe cruciforme
postérieurs ou promontoires
tu m'attires dans tes fibres optiques

j'oscille entre tes pixels vagissants

### au creux des lèvres tendres se faufilent une bibliothèque de songes synthétiques
$$$$$ sous le verre de ta candeur, une vague de sens mou
### ils ne m'auront pas je survivrai entre tes lignes

;;; simplement assis dans la vallée de ta première boucle
chiffre parfait chiffre de mépris
... je ne peux plus m'accrocher dans l'espoir d'une jouissance opaque, circulaire

5.6.09

Merci, Côté Blogue!

Lorsque j'ai commencé à bloguer sur CôtéBlogue, je me suis enquis de la rémunération potentielle, soit des certificats cadeaux pour les "meilleurs" blogueurs.

Comme la notion de "meilleure" est toute relative, j'ai rapidement conclu que les prix seraient octroyés aux blogueurs qui bloguaient le plus souvent et qui commentaient sur tous les articles.

Eh ben non.

J'ai été agréablement surpris, ces deux derniers mois, de constater qu'ils gratifient aussi la qualité.

Je craignais que les blogueurs récompensés soient ceux qui écrivent des "critiques" à l'emporte-pièce genre "c'est génial!!!1!!" ou "quel torchon?!?!"

Pourtant, Jean-Philippe de CôtéBlogue avait tenté de me rassurer: "On aime tes articles", "On encourage pas juste la quantité, on veut surtout de la qualité!"

Bref, j'ai douté, mais disons que maintenant, je suis plus ouvert à fournir du contenu à CôtéBlogue vu qu'il semble l'apprécier ET me récompenser :)

En effet, je me suis mérité un certificat cadeau lors des deux derniers mois et, tout en demeurant humble (ça c'est dur...), ben les articles que j'ai pondus étaient quand même substantiels, et ne pouvaient pas être classés dans la catégorie "critique émotive".

C'est sûrement la meilleure façon de récompenser un freak de lecture: des chèques-cadeaux (paraît que certificat cadeau, c'est la forme fautive de gift certificate, mais ici, we don't give a damn ;-)

3.6.09

Une Soirée... plate

Pour la première fois en presque 2 ans, je peux affirmer qu'une soirée de slam, ça peut être plate. Pas parce que les poètes étaient mauvais, ni parce que les juges étaient trop sévères ou trop cléments. Surtout parce que le public n'était pas "dedans". Certes, je ne suis resté qu'à la première manche (oui, je n'ai pas fait la 2e manche, snif snif), mais le public semblait engourdi, les applaudissements étaient flats.

Bref, je me suis fait chier.

Pour la première fois depuis longtemps, me semble-t-il, les slams plus littéraires ont remporté la mise. Émie et Régis ont emprunté une facture plus classique, qui se rapprochait beaucoup plus de l'idée qu'on peut se faire de la poésie, que les Fred Carrier, Renaud Pilote et autres LeRoy K. May, dont la langue est, en général, plus salée.

Clique littéraire vs. joual/street? Non, je ne vais pas entrer là-dedans, ça m'importe peu. Ces slams plus littéraires ont-il endormi le public? Ça l'air que non, si on en croit le jury. Mais n'empêche, on dit qu'en slam, c'est le public qui décide de tout.

Ça l'air qu'il peut aussi décider si on s'emmerde.

Le seul truc positif que je retiens, c'est que 4 des 5 finalistes de l'année dernière ne seront pas en finale cette année, signe qu'il y a beaucoup de talents à Québec :)

Go Fred go ;-)

1.6.09

2

tous les jours se ressemblent quand tu lèches mon spleen
cette histoire t'emboîtera le pas et te déboîtera l'épaule
pantelante, tu venteras entre les branches éventrées du désir

ton odorat s'égorge

### tu plonges au fond des...
### tes mains glissent sur mes...
### de ma langue je te...

il n'y aura pas d'issue à cette relation ;;; ouragan-cendrier ;;;

je t'éclaterai dans un zest de givre et tu m'imploseras sans pardon

ce sera aussi beau qu'une autoroute à la dérive, entre chien et fou

31.5.09

L'instance du moment - Vendredi de poésie du TAP

Communiqué - pour diffusion immédiate

Vendredi de poésie du TAP

L'instance du moment

Quand: Vendredi 5 juin, à 20 h 30,
: au Tam Tam Café (421, boul. Langelier – à l’angle du boul. Charest est, à Québec)
Combien: Entrée libre, sortie gratuite, poésie dégelée.

Comme le veut la coutume aux Vendredis de poésie du TAP, la scène libre suivra une première partie avec des poètes invités.

Un moment d’attention svp. On ne peut goûter et profiter du temps que l’on a que dans la mesure où l’on peut créer et multiplier des ces bulles d’observations privilégiées que l’on nomme « moments ». Cesser durant un moment ses occupations quotidiennes afin de porter attention au monde dans lequel nous vivons, s’en imprégner à petite échelle à travers tous nos sens et notre conscience.

Chaque seconde mérite son quart d’heure de gloire, tandis que tant de moments restent en instance. Sans contredit, chaque poème tend, justement, à créer un moment. C’est là où réside, peut-être, la principale motivation des poètes : assouvir l’instance du moment.

Invités:
  • France Cayouette
  • Bertrand Tremblay
  • André Vézina
  • Marité Villeneuve
Avis aux poètes : scène libre! Venez donner vie à la scène dans vos mots et par votre présence (en lecture, en interprétation ou en performance) ! Inscription à compter de 20h.

Animateur: André Marceau.

Présentés par le Tremplin d’actualisation de poésie (TAP), en partenariat avec le Centre communautaire Jacques-Cartier (CJC) et le Tam Tam Café, ainsi qu’avec l’aide de l’Entente de développement culturel (Ville de Québec et du Ministère de la culture, des communications et de la condition féminine du Québec), puis la commandite de la radio des découvertes CKRL (89,1), les Vendredis de poésie ont lieu chaque second vendredi du mois depuis 1998.

-30-

Pour infos : Claude Marcotte, Tam Tam Café et Centre Jacques-Cartier ; tél.: 523-6021

Organisation et communications (source) : André Marceau (TAP) ; tél.: 523-1174 ;

courriel : tapoesie@hotmail.com

Les invités du mois, et leurs dernières publications:
  • France Cayouette : Jolie vente de débarras, poésie, Éditions du Noroît, 2008
  • Bertrand Temblay : Lettres du petit matin, poèmes, éditions de l'Oésie, 2007
  • André Vézina (direction) : Écris-moi un jardin, Haïkus de saison au Jardin Van den Hende, collectif de 17 auteurs, La couverture magique productions, 2009
  • Marité Villeneuve : Des pas sur la page, essai, éditions Fides, 2007

28.5.09

1

ton cri résonnait entre les peupliers graisseux
je lissais tes feuilles aseptisées avec mon peigne des occasions suicidées
c'était aussi bon qu'en octobre 70
et je trouais tes lèvres de mes ongles scaphandres

tes yeux s'écoulaient

... les vitres ...
au loin
... dans la pénombre circonscrite de l'aboiement télévisuel ...
;;; l'escalier qui palpitait au fond de la baignoire visqueuse ;;;
c'était toi transfiguration nanouk
... miroir glauque aux reflets absents #bb#

tu te déchirais sans lumière

27.5.09

Le Lecteur et le labyrinthe

Ce qui m'a interloqué en premier dans (ou plutôt, "sur") Logogryphe de Thomas Wharton, c'était sa couverture: une parte de livre, à l'envers, ce qui ressemble à une tuile, un collier, et cet œil qui me regardait à travers la tuile. Déjà j'étais fasciné.

Mais vous allez me dire qu'il ne faut pas juger un livre par sa couverture. Et bien celui-là, si. L'étrangeté de la couverture n'a d'égal que le contenu labyrinthique et pourtant homogène de cette œuvre qui a valu à l'auteur le prix Howard O'Hagan Award for Short Fiction; il a aussi été finaliste au prestigieux IMPAC Dublin Award.

Si vous n'avez pas déjà fouillé dans un dictionnaire pour trouver la signification du mot "logogryphe", qui a troqué son Y pour un I dans sa graphie contemporaine, c'est que vous savez déjà que c'est une énigme où l'on donne à deviner un mot à partir d'autres; cela peut aussi signifier un discours, un récit où l'on ne s'y retrouve pas aisément. Dans le cas qui nous occupe, Logogryphe répond aux deux définitions.

L'auteur enchaîne de façon brillante entre des récits imaginaires où le début et la fin ne sont pas clairement définis, où certaines pages peuvent se glisser dans une autre histoire pour en altérer le sens à tout jamais, jusqu'à ce qu'un personnage inattendu y pénètre et réoriente l'intrigue ailleurs. Wharton s'approprie des mythes comme celui d'Ulysse et lui donne un navire "gréé d'un dos extensible permettant d'augmenter la surface des pages par vent calme".

Mais surtout, il s'amuse avec le lecteur:

"Il est vrai que vous vous attendiez à ce moment archétypique: vous n'êtes pas un lecteur naïf. Vous savez qu'un jour, vous trouverez une empreinte, une trace indéniable, la preuve qu'il y a ici quelqu'un d'autre que vous, la présence d'un autre esprit, d'un autre texte, d'une autre liseuse. Vous mourez d'envie de faire sa rencontre et celle de ce texte autre, d'apprendre son lexique, sa façon de vivre, à l'intérieur comme à l'extérieur du roman.

Jusqu'au moment où une idée folle, effrayante, vous frappe: chaque mot est une empreinte; les traces que vous cherchiez, elles sont là. Soudain, vous les distinguez clairement sur le blanc des pages: ce sont les mots d'une autre langue; celle de l'espace étranger qu'est le roman; loin d'être un désert, c'est plutôt le contraire, et une fois de plus vous y avez planté l'étendard qui proclame le règne de votre lecture."

C'est à une lecture lente et contemplative qu'invite Wharton qui, comme Guillaume Corbeil dans L'Art de la fugue, pousse le lecteur à relire l'histoire précédente pour mieux en apprécier les subtilités, pour mieux revenir à l'histoire qu'il lit et s'y transposer, comme s'il faisait partie de l'histoire même. Cet ensemble de courtes histoires, qu'on ne saurait nommer "recueils de nouvelles", et que j'hésite à appeler "roman" même si c'es ce qui est écrit sur la 4e de couverture, ressemblent plus à un heureux amalgame de plusieurs récits dont le thème central serait le roman tel que perçu par le lecteur, en rêve.

"À la fin, même notre patience s'amenuise. Mécontent de cette avarie évidente, on secoue le roman, on le cogne contre l'accoudoir de notre chaise longue. On lit toujours, avec ténacité, mais ce roman qui n'en est pas un nous perd en cours de route, sans que l'on éprouve le besoin de revenir en arrière pour savoir ce que l'on aurait manqué. Les mots, les phrases finissent par se résorber en bruit de fond semblable au bourdonnement d'appareils électroniques dans le clair-obscur d'un corridor d'usine. Nos pensées s'évadent, déambulent derrière nos désirs et souvenirs personnels, tandis que nos yeux continuent à parcourir mécaniquement les lignes de texte jusqu'au bas de chaque page."


Récemment, je discutais avec Mathieu Arsenault (Vu d'ici, Album de finissants) sur ce qu'il appelle "Les grosses briques postmodernes américaines", en référence à ces ouvrages d'une éloquence crasse mais quasi indéchiffrable, surtout à cause de leur érudition et leur volume. On pense ici à Don DeLillo (Underworld), feu David Foster Wallace (Infinite Jest), Thomas Pynchon (Gravity's Rainbow) et Mark Z. Danielewski (House of Leaves). Wharton, lui, a réglé le cas de ces ouvrages fascinants mais trop longs à consommer dans notre monde en constante mouvance:

"Pour les lecteurs qui n'ont pas le temps de s'engager de façon contemplative et décontractée dans un ouvrage de fiction, ce roman représente la solution idéale. La substance qui occupait à l'origine neuf cents pages est ici magistralement plumée, abrégée, pulvérisée, filtrée, séchée, puis reconstituée en version concentrée, remballe sous forme contemporaine, facile d'accès.

Néanmoins, malgré ce que l'on aurait pu craindre au départ, il s'agit toujours de littérature de la meilleure qualité, allant droit au thème qu'elle s'est fixée, attachante, innovatrice, dépourvue des extravagances qui dénotent le cabotinage de l'auteur, rendue savoureuse en regardant la télévision, en travaillant à l'ordinateur ou en pleine conversation cellulaire à l'heure de pointe. Par-dessus tout, sa lecture ne laisse aucune rémanence; pas le moindre dilemme éthique ne vient troubler le reste de la journée."

S'inscrivent aussi au cœur du livre les histoires des lecteurs et des prédécesseurs, car un livre est aussi la somme de toutes ses lectures. C'est ainsi que le lecteur se pose des questions sur les notes qu'un lecteur passé a laissé dans la marge, et dont les codes d'abréviation demeurent parfois impénétrables; où la lecture se trouve entravée par le fantôme d'un lecteur d'un autre temps, d'un autre monde, qui hante vos pensées pendant la lecture:

"Les graffitis qui le défiguraient, commis pour la plupart à l'aide d'un stylo bavant une encre de mauvaise qualité, me firent grincer des dents. J'avais beau m'évertuer à me concentrer sur l'histoire, je ne parvenais pas à ignorer les annotations et les interrogations de mon prédécesseur. Pas moyen de faire comme si elles n'existaient pas: chaque fois que je tournais une page et que je tombais sur un autre gribouillis en patte de mouche, la simple curiosité humaine me poussait à le lire. Il fallait bien que je sache si le lecteur antérieur avait découvert un élément qui m'aurait échappé. Si la lecture est un acte érotique, peut-être ces notes marginales éclairent-elles mes propres insuffisances en tant qu'amant des mots. J'avais besoin de savoir si cet autre lecteur était meilleur que moi. Cela m'aurait ravi de trouver la preuve qu'il, ou elle, ne m'arrivait pas à la cheville lorsqu'il s'agissait d'allumer les qualités subtiles du livre, de combler ses désirs secrets. Je finis par remarquer que le lecteur ne manquait jamais de souligner ni d'annoter les passages en apparence les plus anodins, les faisant briller d'une mystérieuse aura. En marge, par exemple, du mot "imaginaire" souligné, je lus la phrase "je suis dans le gris". Parfois, voilées par des abréviations déconcertantes, les notes se refusaient à toute interprétation: "ce paragraphe est tr.nl." En effet."
Le clou du livre est sans aucun doute cette bibliothèque abandonnée que visite une bande de voyageurs en terre étrangère, dans "la plus puissante cité d'un empire disparu". Maya, Aztèque, l'auteur ne le dira jamais. À l'instar de la Bibliothèque de Babel, de Borgès, où toutes les salles épouse la forme d'un hexagone et où chaque livre possède 410 pages, Wharton crée une bibliothèque stupéfiante où il ajoute un obstacle supplémentaire: l'impossibilité de lire les livres qui s'y trouvent car le seul fait de les ouvrir les faits se réduire en poussière.

Le mystère reste entier. L'énigme demeure. Le Logoryphe, comme la bête mythique qu'il représente et qui hante les rayons d'une librairie, d'une bibliothèque près de chez vous, est une citadelle imprenable sur les berges du fantastique, du merveilleux.

Jesus Gangsta

Yo, oublie pas mon nom c'est Jésus / je marche sur l'eau
J'ai 12 apôtres qui m'aident à respecter mon flot
Ma mère est vierge / la tienne elle est comment
Elle allume des cierges / pis elle se force en sacrament

1.

Je suis né dans une étable / sur une botte de foin
Pas sur une table d'opération / les poches pleines de foin
Après qu'un empereur full whack / ait fait tué twé enfants d'la région
Paraît qu'l'armée romaine a peiné à renflouer ses légions

Deux semaines après ma fête / les 3 rois mages sont arrivés
Avec de l'encens de la myrrhe de l'or / et autres images dérivées
Mon avenir était grand, de mon salut personne ne saurait te priver
À moins qu'un sous-ministre me vende dans un partenariat public-privé

À 12 ans, déjà moi, j'enseignais aux Anciens
J'avais vidé le temple de tous ces bâtards, ces Pharisiens
À 12 ans, toi, tu saignais en t'battant avec les Anglais
Tu t'attardais aux accents, au salut du Québec français

2.

Aux noces de Cana / j'ai multiplié le pain et le vin
Du Ca-canada tu tentes la séparation du Québec, en vain
Par deux fois t'as essayé en 95 en 80
Quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvain...

J'aurais pu traverser le lac Nasser / comme Manu Militari
À place j'ai traversé le désert / pendant 40 jours et nuits
Mais je m'demande à quoi ça sert / c'est comme boire à une source tarie
Que de se prendre pour le Sauveur / quand on passe même pu à TV

J'aurais pu chanter pour prévenir le suicide comme Loco Locass
Ou rapper pour dénoncer les date rapes comme Koriass
C'était pas ma game, j'aimais mieux chiller avec ma gang de connasses
Il eut peut-être été préférable que je les flinguasse

3.

Mon possee slamme dans l'West Side East Side de Jerusalem
Depuis pas mal plus longtemps que Eminem ou même Matusalem
Demandez à ma bitch Marie-Madeleine si elle m'aime
C'est comme exiger d'George Bush de pas finir un speech par Amen

Mon père c'est Dieu, yo! ya créé l'monde en 7 jours
Ton père c'est qui déjà? I guess nobody knows
Mon trisaieül, Moïse / a séparé les eaux
Toi, ta gueule est dans la moise / tellement t'as bu du Pineau

des Charentes, charrue, Charest, charogne & chavire
Mon père a mis un terme aux joies de Sodome et Gomorre
et toi tu mords à l'hameçon / tu te pâmes en déraison
n'y a-t-il que la vie et la mort pour enculer ton triste sort?

Avant de mourir / Judas m'a trahi
M'embrassant sur la joue avant de s'enfuir, le pourri
Comme le vote ethnique et le souvenir meurtri
D'un Parizeau trop chaud pour être responsable de ses conneries

24.5.09

Deux gars sur un pont, selon Bataille

C'est La Part maudite qui aimera, et peut-être toi, aussi, cette lettre de Dominic Fontaine-Lasnier dans Le Devoir du 23-24 mai.

Dominic Fontaine-Lasnier, Professeurs de philosophie au Cégep de Drummondville
Mathieu Gauvin, Professeurs de philosophie au Cégep de Limoilou

Édition du samedi 23 et du dimanche 24 mai 2009

Mots clés : Georges Bataille, Philosophie, Humour, Culture, Québec (province)

Une société capable de rire d'elle-même est plus saine sur le plan démocratique
Deux fois par mois, Le Devoir propose à des professeurs de philosophie et d'histoire, mais aussi à d'autres auteurs passionnés d'idées, d'histoire des idées, de relever le défi de décrypter une question d'actualité à partir des thèses d'un penseur marquant. Aujourd'hui, veille du Gala Les Olivier, une analyse de l'omniprésence du rire au Québec par le truchement des thèses de l'écrivain français Georges Bataille.

Le Québec est une terre bienveillante pour ses humoristes. La soirée télévisuelle dominicale d'une grande chaîne, demain soir, leur sera d'ailleurs consacrée: on y diffusera le 11e Gala Les Olivier. Notre société fait la part belle aux humoristes.

Ils sont fréquemment invités à se prononcer publiquement sur des questions qui, à première vue, ne les concernent pas spécialement, sinon comme simples citoyens: la politique, l'économie, l'éducation, pour ne nommer que les plus récurrentes.

Mais s'il est vrai que tout le monde a droit à son opinion, il faut admettre qu'on ne devient pas une autorité dans un domaine simplement parce qu'on sait en rire.

Pourtant, il semble que les humoristes soient devenus en quelque sorte une élite, au grand dam de ceux qui, habitués à une toute autre définition de l'élite, se sentent écartés de cette classe. On parle ici des intellectuels au sens plus classique du terme. Or être dépossédé d'un statut privilégié engendre toujours un certain mécontentement, encore plus lorsque cette dépossession s'accompagne d'une baisse d'attention médiatique.

En effet, quand on demande aux humoristes de se prononcer sur de grands enjeux nationaux et internationaux, quelqu'un perd peut-être sa place, sa tribune d'expert -- perte que d'aucuns considèrent comme une injustice.

De la dénonciation de cette «injustice» à la critique de la place du rire dans le quotidien des Québécois, il n'y a qu'un pas, facile à franchir d'ailleurs pour ceux et celles qui voient dans le rire un signe d'inanité, de vide culturel et de grossièreté. Le rire et l'humour, surreprésentés, deviennent alors les manifestations décadentes d'une mentalité populaire qui suffoque, au fond, devant la perte de ses repères traditionnels et de ses valeurs.

Aux yeux de bien des intellectuels, notre société Juste pour rire aurait, après avoir écarté la religion, développé un nouvel «opium du peuple» (pour parler comme Marx) chèrement payé et largement distribué sur les ondes des médias publics.

L'art de révéler

Mais est-ce la seule façon d'aborder le travail de nos humoristes? Tâchons de voir les choses autrement -- ce que plusieurs humoristes, à l'instar d'autres artistes, nous permettent bien souvent de faire, d'ailleurs. En effet, l'un de leurs stratagèmes ne consiste-t-il pas à décrire une chose le plus honnêtement du monde afin que, confrontés à la réalité nue, à cette réalité que nous couvrons journellement de belles illusions et de pieux mensonges, d'un trait, cette chose se révèle dans sa vérité?

Wittgenstein disait dans ses Investigations philosophiques que les choses les plus difficiles à voir sont celles qui sont le plus près de nous: «Les aspects des choses les plus importants pour nous sont cachés à cause de leur simplicité et de leur banalité.» L'art de révéler se pratique de multiples façons. L'une d'entre elles est la musique, l'autre, la poésie, l'autre, la sculpture; enfin, il y a l'humour aussi, souvent plus méchant, souvent mordant.

C'est une des choses que Georges Bataille (1897-1962) a très bien vues. Son oeuvre hétéroclite, écrite principalement durant la Seconde Guerre mondiale, présente le parcours désordonné d'un être qui se découvre sans buts ni valeurs intrinsèques, dans un monde sans Dieu et dépourvu de sens. Un monde vide et absurde, donc, où l'être humain parvient à survivre grâce à ses croyances, à ses ambitions, à son esprit de sérieux et généralement à toute sa prétention à la suffisance.

Mais, malgré tous ces efforts, le vide demeure et le rire surgit inévitablement, constate Bataille, chaque fois que transparaît l'insuffisance fondamentale derrière cette prétention à la suffisance. Voilà ce que révèle le rire, au fond.

C'est ainsi que nous rions d'un ministre très sérieux qui échappe un gigantesque lapsus, révélant du coup que toutes ses pensées ne sont pas, contrairement à ce qu'il aurait voulu laisser entendre, au service du bien public. Nous rions aussi de la mèche rebelle d'un professeur mi-chauve dont le sérieux semblait nous assurer que rien n'échapperait à son contrôle.

Georges Bataille a peut-être exprimé mieux que quiconque cette profondeur paradoxale du rire: «Si je tire la chaise... à la suffisance d'un sérieux personnage succède soudain la révélation d'une insuffisance dernière (on tire la chaise à des êtres fallacieux). Je suis heureux, quoi qu'il en soit, de l'échec éprouvé. Et je perds mon sérieux moi-même, en riant.»

Sur la scène de l'humour, cette attitude est illustrée à merveille par Martin Matte, dont l'un des personnages est un être prétentieux et suffisant à la limite du sérieux, mais avec juste assez d'expressions caricaturales pour bien révéler l'insuffisance, la vanité même de son personnage et du type de personnes auquel il renvoie.

Cesser d'être sérieux? Ce n'est pas ce que dit Bataille: il affirme seulement que l'existence humaine est partagée, qu'on le veuille ou non, entre l'absurde et le sérieux: «[L'homme] est comique à ses propres yeux s'il en a conscience: il lui faut donc vouloir être comique, car il l'est en tant qu'il est l'homme.» Le rire est en quelque sorte un point où l'absurde et le sérieux se révèlent simultanément, pour un instant.

En ce sens, on peut dire avec Bataille que le rire exprime de façon privilégiée la condition humaine. Doit-on alors conclure que l'homme comique -- celui qui est capable de rire de lui-même, de révéler sa fragilité, de relativiser le sérieux de ses prétentions -- est plus authentique? En tout cas, il est plus sympathique.

Même Jean Charest a eu un regain de popularité quand il a commencé à se prêter plus fréquemment à l'autodérision (en participant occasionnellement à l'émission Infoman, de Jean-René Dufort, par exemple), ou encore lorsque, devant une bonne partie de ses électeurs à la dernière émission de Tout le monde en parle de l'année 2008, il a ri de ses propres défauts (la journaliste Chantal Hébert devait en effet lui trouver un défaut politique -- «son côté buté» -- qu'il a admis sans rechigner et même en riant, disant qu'il allait tenter de ne pas recommencer...).

Si l'on tire les conséquences de ce qui précède, on peut affirmer que le rire témoigne d'une liberté qui est authentiquement démocratique tant que l'arroseur peut être arrosé. Une société capable de rire d'elle-même (et Dieu sait si c'est le cas du Québec avec La Petite Vie, Broue, etc.) est plus saine sur le plan démocratique que celle qui n'a pas d'humour.

Une confrontation avec l'Autre est possible, parce qu'on ne se considère pas soi-même comme le dépositaire de la vérité. Ceux qui ne rient pas rêvent de censure et sont fondamentalement intolérants, voire fanatiques. Le fanatique, qu'il soit religieux, athée, de droite ou de gauche, vit sous le poids d'un idéal qui laisse bien peu de place à la légèreté du rire.

Mais cette légèreté du rire ne comporte-t-elle pas à son tour un risque: celui de ne plus rien prendre au sérieux et d'imposer un état d'esprit de nonchalance?

Car, en effet, même si l'un des heureux effets du rire, nous dit Bataille, est d'unir les personnes qui rient en faisant passer «en elles un courant d'intense communication» où «chaque existence isolée sort d'elle-même», rien n'assure que cette «intense communication» puisse être à la base d'un projet de société sérieux ou de quelque visée productive que ce soit; le plus souvent, d'ailleurs, le rire liera la communauté un seul instant, au mieux une soirée -- passée dans la salle de spectacle d'un humoriste, par exemple.

L'intensité que partageront les rieurs sera en quelque sorte dilapidée, comme une pure dépense, une jouissance ou un luxe, et il ne restera pas grand-chose de sérieux après avoir ri, si ce n'est d'agréables souvenirs.

N'empêche que l'esprit de sérieux présente aussi un risque: qui est sérieux est englué dans le présent et se montre parfaitement incapable de sortir de lui-même pour rire un bon coup, rire de ses tracas quotidiens dont l'inanité se révèle à la lumière de problèmes autrement plus profonds, tels la mort et la naissance.

Au contraire, qui a vu le tragique de l'existence affronte ensuite les tracas quotidiens avec légèreté et souplesse, guéri à la fois de sa nonchalance et de son importance, de son statut de personne «affairée». Car la profondeur n'est pas sérieuse, mais légère -- c'est une grande découverte de Nietzsche, à qui Bataille doit d'ailleurs beaucoup.

L'éducation et la culture

Faut-il alors bannir les intellectuels de la Cité et les remplacer par des humoristes? Évidemment non! Le comique dont il est ici question est une attitude et non une profession.

Certains intellectuels sont en ce sens comiques parce qu'ils ne font pas sentir que leurs connaissances et leur compréhension du monde les rendent invincibles; par ailleurs, un humoriste faisant du mépris et de la bêtise un métier aussi sérieux que lucratif n'est pas comique au sens où nous l'entendons.

Bien sûr, ce n'est pas pour un humoriste brutal et vulgaire qu'il faudra condamner tous les autres -- pas plus que pour un intellectuel imbu et arrogant...

Mais si l'humour manifeste la santé démocratique d'une société, n'oublions pas que ce sont l'éducation et la culture qui fondent et fortifient cette démocratie. Espérons que le Québec, qui rit beaucoup, s'en souviendra...