Here's my rendition of a poem written by Jacksta called Beautiful.
P.S. - I called it Here for some reason, maybe it's because it's the first word of the poem... And yes filmed that way, I have a heck of a barbichette :)
29.4.08
Manque... de... courage...
Bon, j'ai réussi à me perdre pendant deux heures sur Facebook et Flickr pour éviter d'écrire ce foutu compte rendu de slam de lundi passé...
Non mais tsé quand t'as pas envie...
Procrastination breakdown
It's always the same
Having a nervous meltdown
Drive me insane!
Alors au lieu de vous laisser en plan, j'ai au moins fait un petit effort :
André Marceau m'a confirmé que je slammais en demi-finale le 16 juin, yeah!
Mais je serai aussi présent au slam le 19 mai.
Non mais tsé quand t'as pas envie...
Procrastination breakdown
It's always the same
Having a nervous meltdown
Drive me insane!
Alors au lieu de vous laisser en plan, j'ai au moins fait un petit effort :
- j'ai créé un événement demi-finales de slam sur facecrap, que j'ai malencontreusement nommé "Demo-finale..." (lol omg wtf). certains d'entre vous ont dû recevoir une invitation (tellement paresseux que je mets plus mes majuscules (wdyt lmao twit)
- j'ai ajouté les photos du slam session sur mon flickr parce que facecrap voudrait que j'installe Java Runtime Environment et j'ai pas envie.
André Marceau m'a confirmé que je slammais en demi-finale le 16 juin, yeah!
Mais je serai aussi présent au slam le 19 mai.
28.4.08
Des slammeurs sur LKM
À la suite du slam de lundi dernier (n'ayez crainte vous aurez un compte rendu sous peu avec photos et tout...), je me suis dit que ce serait une bonne idée que vous puissiez aussi lire les poèmes des slammeurs.
J'ai reçu des textes de Roger Mariage et de Christine Comeau :)
Pour les autres slammeurs, qui me font languir, peut-être oseront-ils m'envoyer leurs textes aussi?
À suivre...
J'ai reçu des textes de Roger Mariage et de Christine Comeau :)
Pour les autres slammeurs, qui me font languir, peut-être oseront-ils m'envoyer leurs textes aussi?
À suivre...
26.4.08
aNobii?
En traînant chez Michaël Carpentier, j'ai découvert une chouette appli qui permet de recenser ses lectures.
Anobii. Ne me demandez pas ce que ça mange en hiver, ça mange des livres :)
Il y a déjà plus de 5 millions de titres entrés, et comme tous les sites dits sociaux, il permet d'échanger et de voir ce que vos amis lisent.
Ça faisait un bout de temps que je voulais faire un article sur mes lectures, ben c'est fait. Vous pouvez voir mes lectures en cours plus bas (voir lectures en cours, ô titre original) ou allez sur ma page anobii.
Mais bon, pour le temps de réponse du site, faudra repasser. J'ai eu plusieurs déconnexions, et je n'ai pas toujours été en mesure d'ajouter de l'information aux fiches des livres que j'ai entrés.
Je donne quand même la chance au coureur.
Anobii. Ne me demandez pas ce que ça mange en hiver, ça mange des livres :)
Il y a déjà plus de 5 millions de titres entrés, et comme tous les sites dits sociaux, il permet d'échanger et de voir ce que vos amis lisent.
Ça faisait un bout de temps que je voulais faire un article sur mes lectures, ben c'est fait. Vous pouvez voir mes lectures en cours plus bas (voir lectures en cours, ô titre original) ou allez sur ma page anobii.
Mais bon, pour le temps de réponse du site, faudra repasser. J'ai eu plusieurs déconnexions, et je n'ai pas toujours été en mesure d'ajouter de l'information aux fiches des livres que j'ai entrés.
Je donne quand même la chance au coureur.
24.4.08
Portishead III
En exclusivité sur Last.fm, le dernier opus de Portishead, le band que j'écoutais intensivement avec ma douce lorsqu'on s'est connus.
Nostalgie.
La pièce Threads est hypnotique.
Nostalgie.
La pièce Threads est hypnotique.
23.4.08
LKM sera slammé ou ne sera pas
J'ai invité les slammeurs qui ont participé lundi passé à m'envoyer leur texte pour que vous puissiez les goûter.
C'est beau les impressions d'un auteur, mais y a rien de mieux que des vrais mots en consonnes et en os pour se mettre une voyelle sous la dent.
Je ne vous ferai pas languir tellement plus longtemps :)
C'est beau les impressions d'un auteur, mais y a rien de mieux que des vrais mots en consonnes et en os pour se mettre une voyelle sous la dent.
Je ne vous ferai pas languir tellement plus longtemps :)
Slam shot potriotique
Slam shot que j'ai fait le lundi 21 avril à l'AgitéE.
Ô Cannabis
Terre de nos poteux
Ton front est gelé
De cocottes résineuses
Car tes doigts savent rouler le spiffe
De zigzag blanc ou bleu
Ton histoire est une mélopée
Battue par la matraque d'un boeuf
Et les chansons
De Bob Marley
Nous mèneront à la
Décriminalisation
Nous mèneront à la
Décriminalisation
Ô Cannabis
Terre de nos poteux
Ton front est gelé
De cocottes résineuses
Car tes doigts savent rouler le spiffe
De zigzag blanc ou bleu
Ton histoire est une mélopée
Battue par la matraque d'un boeuf
Et les chansons
De Bob Marley
Nous mèneront à la
Décriminalisation
Nous mèneront à la
Décriminalisation
La Marque quêteuse
Texte que j'ai slammé le lundi 21 avril à l'AgitéE.
Note : 26,9.
Marque quêteuse
arrête de gober tout ce qu’on te dit
owèye pense un peu réfléchis
arrête de gober tout ce qu’on te dit
owèye pense un peu réfléchis
je cherche le flow de la marque quêteuse
qui m’attaque et matraque comme un vice honteux
et doux comme un jean Levis, Buffalo ou Wrangler
envie de le pendre par les couilles la toute nouvelle Dodge Caliber
vroom vroom vroom
oh shit
faut que ça fit fit comme ta Honda Civi-vivic
faut que ça vienne me chercher
faut que ça fasse vibrer la fibre
qui comme un fib s’anime au bout d’sa structure
à 6 vers pour réveiller Fibonacci
et s’endormir dans un haïku mou
qui me parle du printemps
et du 400e de Québec éreintant
je m’endors dans les bras d’une pub bon marché
qui voudrait que j’achète
et j’achète
et j’achète et jachère
et j’achète et jachère
et j’achète et jachère et j’achève bio
beau bon pas cher
qui voudrait que j’achète Au Bon Marché
des DanActive qui contiennent
des L. casei Defensis
des Nutri’Oeufs Omega 3
du pain 12 grains sans céréales
des yogourts à -2.5 pour cent
de matière grasse et sans gras trans?
oh please
j’ai downloadé Richard Desjardins sur mon I même pas d’pod
parce qu’y a finalement réussi à cloner sa Budweiser
et à replanter des arbres synthétiques naturels en microfibres
sans OGM qui résistent au vent, à l’eau au feu et à la bêtise
j’ai même acheté du café torréfié par Juan Valdes
en personne en échange d’un sac de riz transgénique
et d’une pincée d’hormones de croissance de vache folle
croisée avec un gin tonic un concombre et la belle Rafaëlle Germain
hum... Rafaëlle
la tyrannie des marques quêteuses et scabreuses
leur slogan, leur jingle et leur présentation foireuse
leur beau look liché chromé siliconé
on est une gang de caves mais faut quand même pas déconner
arrête de gober tout ce qu’on te dit
owèye pense un peu réfléchis
arrête de gober tout ce qu’on te dit
owèye pense un peu réfléchis
penses-tu vraiment que tu vas perdre 30 livres en 30 jours?
penses-tu vraiment que tu vas trouver l’amour 2.0
sur
myspace
facebook
linkedin
youtube
delicious digg ou twitter?
libère-toi des masques
libère-toi de tes chaînes
qui t’entraînent
au Nautilus
au Multi-formes
au Swann et
au Énergie Cardio
défais-toi de tous
les IGA
les Métro
les Super C et
les Costco
pour cultiver ton jardin comme candide
la tyrannie des marques quêteuses et scabreuses
leur slogan, leur jingle et leur présentation foireuse
leur beau look liché chromé siliconé
on est une gang de caves mais faut quand même pas déconner
arrête de gober tout ce qu’on te dit
owèye pense un peu réfléchis
arrête de gober tout ce qu’on te dit
owèye pense un peu réfléchis
chérie, cum'on...
Note : 26,9.
Marque quêteuse
arrête de gober tout ce qu’on te dit
owèye pense un peu réfléchis
arrête de gober tout ce qu’on te dit
owèye pense un peu réfléchis
je cherche le flow de la marque quêteuse
qui m’attaque et matraque comme un vice honteux
et doux comme un jean Levis, Buffalo ou Wrangler
envie de le pendre par les couilles la toute nouvelle Dodge Caliber
vroom vroom vroom
oh shit
faut que ça fit fit comme ta Honda Civi-vivic
faut que ça vienne me chercher
faut que ça fasse vibrer la fibre
qui comme un fib s’anime au bout d’sa structure
à 6 vers pour réveiller Fibonacci
et s’endormir dans un haïku mou
qui me parle du printemps
et du 400e de Québec éreintant
je m’endors dans les bras d’une pub bon marché
qui voudrait que j’achète
et j’achète
et j’achète et jachère
et j’achète et jachère
et j’achète et jachère et j’achève bio
beau bon pas cher
qui voudrait que j’achète Au Bon Marché
des DanActive qui contiennent
des L. casei Defensis
des Nutri’Oeufs Omega 3
du pain 12 grains sans céréales
des yogourts à -2.5 pour cent
de matière grasse et sans gras trans?
oh please
j’ai downloadé Richard Desjardins sur mon I même pas d’pod
parce qu’y a finalement réussi à cloner sa Budweiser
et à replanter des arbres synthétiques naturels en microfibres
sans OGM qui résistent au vent, à l’eau au feu et à la bêtise
j’ai même acheté du café torréfié par Juan Valdes
en personne en échange d’un sac de riz transgénique
et d’une pincée d’hormones de croissance de vache folle
croisée avec un gin tonic un concombre et la belle Rafaëlle Germain
hum... Rafaëlle
la tyrannie des marques quêteuses et scabreuses
leur slogan, leur jingle et leur présentation foireuse
leur beau look liché chromé siliconé
on est une gang de caves mais faut quand même pas déconner
arrête de gober tout ce qu’on te dit
owèye pense un peu réfléchis
arrête de gober tout ce qu’on te dit
owèye pense un peu réfléchis
penses-tu vraiment que tu vas perdre 30 livres en 30 jours?
penses-tu vraiment que tu vas trouver l’amour 2.0
sur
myspace
youtube
delicious digg ou twitter?
libère-toi des masques
libère-toi de tes chaînes
qui t’entraînent
au Nautilus
au Multi-formes
au Swann et
au Énergie Cardio
défais-toi de tous
les IGA
les Métro
les Super C et
les Costco
pour cultiver ton jardin comme candide
la tyrannie des marques quêteuses et scabreuses
leur slogan, leur jingle et leur présentation foireuse
leur beau look liché chromé siliconé
on est une gang de caves mais faut quand même pas déconner
arrête de gober tout ce qu’on te dit
owèye pense un peu réfléchis
arrête de gober tout ce qu’on te dit
owèye pense un peu réfléchis
chérie, cum'on...
11.4.08
Slam de poésie - lundi 21 avril à l'AgitéE
Communiqué – pour diffusion immédiate
Deuxième saison de la Ligue québécoise de Slam (Liqs)
Slam de poésie
Lundi 21 avril
Ouverture des portes : 20 h
Au café-bar L'AgitéE (251 rue Dorchester, Québec)
Entrée : 3 $
Arriver tôt, c'est payant : Tirage de quelques cadeaux pour ceux qui se présentent avant 20 h 30.
De nouveaux slameurs se confronteront dans une joute amicale et, n'utilisant que le pouvoir de sa prestation et de ses mots (sans accessoire, ni instrument de musique), chacun n'aura que trois minutes pour convaincre un jury choisi au hasard dans l'assistance… au slam de poésie, le grand maître du jeu, c'est le public! Et la poésie est toujours gagnante.
Une partie de plaisir où les mots, la voix, la bouche et le rythme nous réservent des surprises.
Les slameurs :
Juge de ligne : Valérie Côté
Ponctuation musicale : DJ Pistémique
Avis aux slameurs : un Slam shot (micro ouvert) suivra la partie. Le Slam shot, hors compétition, vous permet de partager votre créativité… inscription le soir même. Pour souligner le Printemps des poètes, exceptionnellement, une consommation sera offerte à chaque participant.
Rappel – Né à Chicago, le slam de poésie a conquis en 20 ans les États-Unis, le Canada anglais et la France, notamment, sans toutefois s'implanter durablement au Québec. C'est dans le but de remédier à cette lacune que la Ligue québécoise de slam (Liqs) fut créée en 2007.
Présentées par SLAM cap et le Tremplin d'actualisation de poésie (TAP), chaque slam de poésie à Québec se tient tous les troisièmes lundis du mois au café-bar l'AgitéE.
Merci à L'AgitéE ainsi qu'à nos commanditaires : Poètes de brousse, Réserve phonique, Rhizome, Le loup de gouttière, la radio des découvertes CKRL (89,1) et Droit de parole.
André Marceau pour SLAM cap
tél.: 523-1174
Veuillez noter notre changement d'@dresse courriel : slamcap@live.ca
Deuxième saison de la Ligue québécoise de Slam (Liqs)
Slam de poésie
Lundi 21 avril
Ouverture des portes : 20 h
Au café-bar L'AgitéE (251 rue Dorchester, Québec)
Entrée : 3 $
Arriver tôt, c'est payant : Tirage de quelques cadeaux pour ceux qui se présentent avant 20 h 30.
De nouveaux slameurs se confronteront dans une joute amicale et, n'utilisant que le pouvoir de sa prestation et de ses mots (sans accessoire, ni instrument de musique), chacun n'aura que trois minutes pour convaincre un jury choisi au hasard dans l'assistance… au slam de poésie, le grand maître du jeu, c'est le public! Et la poésie est toujours gagnante.
Une partie de plaisir où les mots, la voix, la bouche et le rythme nous réservent des surprises.
Les slameurs :
- Christine Comeau
- Paul Dallaire
- Roger Mariage
- Leroy K May
- Hugo Nadeau
- Renaud Pilote
- Véronica Rioux
Juge de ligne : Valérie Côté
Ponctuation musicale : DJ Pistémique
Avis aux slameurs : un Slam shot (micro ouvert) suivra la partie. Le Slam shot, hors compétition, vous permet de partager votre créativité… inscription le soir même. Pour souligner le Printemps des poètes, exceptionnellement, une consommation sera offerte à chaque participant.
Rappel – Né à Chicago, le slam de poésie a conquis en 20 ans les États-Unis, le Canada anglais et la France, notamment, sans toutefois s'implanter durablement au Québec. C'est dans le but de remédier à cette lacune que la Ligue québécoise de slam (Liqs) fut créée en 2007.
Présentées par SLAM cap et le Tremplin d'actualisation de poésie (TAP), chaque slam de poésie à Québec se tient tous les troisièmes lundis du mois au café-bar l'AgitéE.
Merci à L'AgitéE ainsi qu'à nos commanditaires : Poètes de brousse, Réserve phonique, Rhizome, Le loup de gouttière, la radio des découvertes CKRL (89,1) et Droit de parole.
-30-
Organisation et communications :André Marceau pour SLAM cap
tél.: 523-1174
Veuillez noter notre changement d'@dresse courriel : slamcap@live.ca
10.4.08
Des nouvelles de ma maison d'édition préférée
Another Sky Press annonce deux nouveaux romans :
Voici des extraits du communiqué.
################
- Ash Dogs, l'histoire d'u vétéran de la guerre de l'Irak qui en revient mais pas tout à fait
- The Golden Calf, l'histoire de monsieur tout le monde qui voudrait son 15 minutes de gloire
Voici des extraits du communiqué.
################
We're going to have a busy, busy year and we're starting off with two
new novels from a pair of incredible authors - ASH DOGS by Justin
Nicholes and THE GOLDEN CALF by Henry Baum (read on for more details).
Both novels are very much worth your time - so please check them out,
and better yet, pre-order them!
http://www.anothersky.org/main/order-form/
We've also got some other great stuff in the works - a sequel to our
successful INVISION art book, other novels, some childrens' books, and
more! If you're in Portland, we're having an INVISION 2 release party on
July 31st at The Goodfoot featuring art work from both books!
A special note about pre-orders for these two novels: any pre-order with
a contribution of $10 or more will be signed and personalized by the
author. Any pre-order placed previous to this mailing will automatically
qualify regardless of contribution amount. As our authors live far from
us (one is currently residing in China!) this pre-order period may very
well be the only time we can offer signed copies of these novels. So
please consider supporting the authors and the press!
--------------------------------------
ASH DOGS by JUSTIN NICHOLES
http://www.anothersky.org/in-print/ash-dogs-justin-nicholes/
* Binding: Perfect Bound
* Dimensions: 5.5" × 8.5"
* Length: 180 pages
* ISBN: 0977605167
* Release Date: June 15th, 2008
* Cover Art By: Mike McGovern / design by Ryan Scott
ABOUT
Marcus Green has just been discharged after a tour of duty in Iraq.
Wounded and disfigured, Marcus returns to a life he barely recognizes…
and that barely recognizes him. Stricken by guilt and self-doubt, and
spurred on by deep-rooted restlessness, Marcus decides he must embark on
a journey to reclaim that part of himself which he has lost. As he
explores his past he reconnects with a forgotten half-brother in Mexico
and a former hometown love, but he must also come to grips with his
accidental family — other wounded veterans and the Iraqis he was
supposed to protect.
20% of the profits from Ash Dogs will be donated to the Disabled
American Veterans Charitable Service Trust.
PRAISE FOR ASH DOGS!
"Justin Nicholes' impressive debut offers us a psychologically nuanced,
spare and cinematic look at the way families and strangers cleave
together in times of great crisis. The odd arrangement of family, as
important a theme as ever here, is investigated alternately with great
tenderness and a hundred-yard stare. The effect is often electric. This
is compelling work by a young writer to watch."
-Darren DeFrain, author of The Salt Palace (New Issues Press)
MORE INFO ON ASH DOGS HERE:
http://www.anothersky.org/in-print/ash-dogs-justin-nicholes/
PRE-ORDER ASH DOGS HERE!
http://www.anothersky.org/main/order-form/
--------------------------------------
THE GOLDEN CALF by HENRY BAUM
http://www.anothersky.org/in-print/the-golden-calf-henry-baum/
* Binding: Perfect Bound
* Dimensions: 5.5" × 8.5"
* Length: 180 pages
* ISBN: 0977605159
* Release Date: June 15th, 2008
* Cover Art: Keith Rosson
ABOUT
Ray Tompkins is the kind of person you never get to know. He's the
security guard, the factory worker, the man working the midnight shift.
Nobody really understands Ray - not his coworkers, not his family, and
certainly not the women in his life. There is a rage building inside Ray
Tompkins and Los Angeles is the fuel - the sick obsession with celebrity
mixed with the vacuousness of everyday life. Against this backdrop, Ray
Tompkins finds a way to vent his anger. He, too, will be known…
PRAISE FOR THE GOLDEN CALF!
"This pacy, tightly written novel is like 'Taxi Driver' meets Charles
Bukowski's Factotum."
-Uncut
"An amusing, persuasive insight into obsession, stalking and the
disintegration of sanity. Highly recommended to anyone with a bitter
hatred of Tom Cruise and Hollywood stars in general."
-Butterfly
"A marvel of pace and comic timing….Much of Baum's narrative bears a
similarity to Dostoevsky's Notes from the Underground."
-Daily Telegraph
"With a superb narrative control, Baum paints a portrait of male
dysfunction set to explode."
-The List
"Ray is nearly as good a portrait of post-collegiate angst as has been
painted so far."
-New York Press
"Explores the hazy junction where the teeth of the daily grind sink into
the day-dreamt certainties of life's true bell-head sounds."
-Lee Ranaldo, member of Sonic Youth
MORE INFO ON THE GOLDEN CALF HERE:
http://www.anothersky.org/in-print/the-golden-calf-henry-baum/
PRE-ORDER THE GOLDEN CALF HERE:
http://www.anothersky.org/main/order-form/
new novels from a pair of incredible authors - ASH DOGS by Justin
Nicholes and THE GOLDEN CALF by Henry Baum (read on for more details).
Both novels are very much worth your time - so please check them out,
and better yet, pre-order them!
http://www.anothersky.org/main/order-form/
We've also got some other great stuff in the works - a sequel to our
successful INVISION art book, other novels, some childrens' books, and
more! If you're in Portland, we're having an INVISION 2 release party on
July 31st at The Goodfoot featuring art work from both books!
A special note about pre-orders for these two novels: any pre-order with
a contribution of $10 or more will be signed and personalized by the
author. Any pre-order placed previous to this mailing will automatically
qualify regardless of contribution amount. As our authors live far from
us (one is currently residing in China!) this pre-order period may very
well be the only time we can offer signed copies of these novels. So
please consider supporting the authors and the press!
--------------------------------------
ASH DOGS by JUSTIN NICHOLES
http://www.anothersky.org/in-print/ash-dogs-justin-nicholes/
* Binding: Perfect Bound
* Dimensions: 5.5" × 8.5"
* Length: 180 pages
* ISBN: 0977605167
* Release Date: June 15th, 2008
* Cover Art By: Mike McGovern / design by Ryan Scott
ABOUT
Marcus Green has just been discharged after a tour of duty in Iraq.
Wounded and disfigured, Marcus returns to a life he barely recognizes…
and that barely recognizes him. Stricken by guilt and self-doubt, and
spurred on by deep-rooted restlessness, Marcus decides he must embark on
a journey to reclaim that part of himself which he has lost. As he
explores his past he reconnects with a forgotten half-brother in Mexico
and a former hometown love, but he must also come to grips with his
accidental family — other wounded veterans and the Iraqis he was
supposed to protect.
20% of the profits from Ash Dogs will be donated to the Disabled
American Veterans Charitable Service Trust.
PRAISE FOR ASH DOGS!
"Justin Nicholes' impressive debut offers us a psychologically nuanced,
spare and cinematic look at the way families and strangers cleave
together in times of great crisis. The odd arrangement of family, as
important a theme as ever here, is investigated alternately with great
tenderness and a hundred-yard stare. The effect is often electric. This
is compelling work by a young writer to watch."
-Darren DeFrain, author of The Salt Palace (New Issues Press)
MORE INFO ON ASH DOGS HERE:
http://www.anothersky.org/in-print/ash-dogs-justin-nicholes/
PRE-ORDER ASH DOGS HERE!
http://www.anothersky.org/main/order-form/
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THE GOLDEN CALF by HENRY BAUM
http://www.anothersky.org/in-print/the-golden-calf-henry-baum/
* Binding: Perfect Bound
* Dimensions: 5.5" × 8.5"
* Length: 180 pages
* ISBN: 0977605159
* Release Date: June 15th, 2008
* Cover Art: Keith Rosson
ABOUT
Ray Tompkins is the kind of person you never get to know. He's the
security guard, the factory worker, the man working the midnight shift.
Nobody really understands Ray - not his coworkers, not his family, and
certainly not the women in his life. There is a rage building inside Ray
Tompkins and Los Angeles is the fuel - the sick obsession with celebrity
mixed with the vacuousness of everyday life. Against this backdrop, Ray
Tompkins finds a way to vent his anger. He, too, will be known…
PRAISE FOR THE GOLDEN CALF!
"This pacy, tightly written novel is like 'Taxi Driver' meets Charles
Bukowski's Factotum."
-Uncut
"An amusing, persuasive insight into obsession, stalking and the
disintegration of sanity. Highly recommended to anyone with a bitter
hatred of Tom Cruise and Hollywood stars in general."
-Butterfly
"A marvel of pace and comic timing….Much of Baum's narrative bears a
similarity to Dostoevsky's Notes from the Underground."
-Daily Telegraph
"With a superb narrative control, Baum paints a portrait of male
dysfunction set to explode."
-The List
"Ray is nearly as good a portrait of post-collegiate angst as has been
painted so far."
-New York Press
"Explores the hazy junction where the teeth of the daily grind sink into
the day-dreamt certainties of life's true bell-head sounds."
-Lee Ranaldo, member of Sonic Youth
MORE INFO ON THE GOLDEN CALF HERE:
http://www.anothersky.org/in-print/the-golden-calf-henry-baum/
PRE-ORDER THE GOLDEN CALF HERE:
http://www.anothersky.org/main/order-form/
8.4.08
Cottonelle, Hustler et autres marques de commerce bien connues
Je ne peux plus aller au dépanneur sans entrevoir des spectres (invisibles pour mes cons-génères) qui me suivent dans mon périple entre le beurre d'arachides Kraft vendu trop cher et les oeufs passés date ; des traînées de sang dont je suis le seul à connaître l'existence suivent mes pas pour mieux me faire déraper face aux quelques fromages à haute teneur en colorant orange trônant au-dessus des sacs de lait Natrel également périmés.
Je titube je transpire le fromage Philadelphia m'interpelle et me dit viens; les esprits me parlent à travers les produits laitiers je le fuis comme un orignal ne fige pas devant une Civic de l'année sur la 117; je me réfugie derrière un magazine de cul (j'aurais pu prendre n'importe quel magazine me direz-vous pas obligé de faire dans le vulgaire mais non c'est un Hustler que j'ai choisi pour me cacher ça vous emmerde? non? merci) parce que — ironiquement — c'est mon ex derrière la caisse qui compte les bills de 20 c'est mon ex qui est parti avec mon (ex) meilleur chum à Puerto Vallarta avec ma carte de crédit et qui se l'est fait volée par un gringo pas un native pas un vrai Mexicain un gringo sacra...
Toujours habilement camouflé derrière mon Hustler j'ouvre une conserve de haricots Green Giant pour éloigner les esprits qui en veulent à mon discernement les esprits fuient les légumes ils préfèrent la fermentation rassurante du processus permettant de transformer le lait de vache ou de chèvre en un élixir onctueux pouvant provoquer une délicieuse couche de champignons.
Je me précipite derrière les rouleaux de Cottonelle pour cacher mon angoisse ma terrible envie de vivre mal dissimulée par mes vêtements troués (lâche mon genou fatigante); ma barbe que je n'ai pas rasée depuis belle lurette me pique — je ramasserais bien une dizaine de lames à raser que je garrocherais frénétiquement dans un sac en plastique qui prendrait entre 20 et 400 ans à se décomposer tout dépendant de son épaisseur de la profondeur à laquelle il serait enfoui et de la provenance de l'étude hautement scientifique qui me l'affirme mais tout cela n'est qu'hypothétique puisque les lames sont derrière le comptoir derrière le petit cul rond de mon ex alors pourquoi s'en soucier?
Alors que je m'apprête à passer à la caisse toujours habilement camouflé derrière mon Hustler Miss Novembre m'exposant ses atours intimes en pleine face j'entends avez-vous la carte CAA Québec (j'ai dit lâche mon genou succube tu auras ce que tu veux bientôt) je ne réponds pas je lui dis que je suis pressé non je n'ai pas de sacs en tissu recyclables qui évitent le gaspillage lamentable des sacs en plastique.
— Crisse toute ça dans un sac que je déguerpisse, tu vois ben que chus pas en sécurité.
Ce n'est pas la première fois que je lui fais le coup mais (oui invite des incubes si tu veux mais fous-moi la paix pendant que j'essaye de payer ton beurre de peanuts puis ton Philadelphia) elle semble plus surprise qu'à l'habitude je lui dis de peser sur l'accélérateur de lâcher le break à bras l'heure est critique.
— Viens.
Encore un esprit qui me parle.
— Dépêche la chipie. Rajoute deux Export A verts puis un Zigzag ben non le blanc pas le bleu tu sais ben qu'il brûle trop vite.
Je ne suis plus moi-même depuis longtemps cela se sent cela se voit j'en transpire tellement je ne me reconnais plus la schizophrénie est en cours ou peut-être pas mais il est primordial que je quitte le dép sur-le-champ car Ils arrivent Elles me suivent Ils sont là tout près Elles s'apprêtent à en finir avec moi.
— Vingt-trois et trente-quatre s'il vous plaît.
J'entends des syllabes et des phonèmes mais rien ne se rend jusqu'à (tu n'es pas divine tu n'es pas l'Aphrodite Uranie ni Pandémie dont traite Julius Ev... arrête de m'interrompre comment veux-tu qu'on en arrive à un arrangement si tu m'interr... oh arrête tu n'es pas une prostituée sacrée tu ne mettras pas au monde un nouveau Fils de l'Homme grâce à pauvre de moi) mon cerveau pourtant le dépanneur n'est pas plein à craquer mais il y a assez de monde pour entendre un Oh my God bien senti mais rien personne ne dit rien personne ne rit personne ne pleure non plus tout le monde est estomaqué tout le monde viderait une bouteille de Pepto Bismol tout le monde se ferait couler du salicylate de bismuth malgré l'haleine fétide et les tâches noires qu'il peut provoquer sur les gencives.
— Vingt-trois et trente-quatre s'il vous plaît.
J'entends les mêmes syllabes et phonèmes articulés lentement par mon ex mais moins confusément; on me vouvoie depuis quelques années je trouve cela navrant cela m'énerve (mais pourquoi je sortirais mon gun j'ai pas besoin j'ai en masse de cash dans mes poches ben t'auras rien pantoute non tu coucheras avec les incubes informes saleté de succube m'en fous si t'étais la maîtresse de mon... tu me feras pas chanter devant tout le monde osti que tu me fais... non non oui t'as oui t'as mais arrête oui t'as oui t'as ok ok oui on s'en va oui ça sera pas long et ok calme-toi veux-tu oui je suis calme tout va bien inspirez expirez pffffffff) je sors mon Glock 9 mm je ne comptais pas m'en servir je dis je n'ai pas d'argent ni de cartes est-ce que je peux payer la prochaine fois ? Mon ex blanchit on dirait qu'elle vient de passer à l'eau de Javel on dirait — tiens un fantôme —; elle rétorque un faible oui oui.
Je sors et une rangée de formes difformes m'escortent jusqu'à ma Plymouth Voyager 1994 (tu es un chaos depuis ces derniers mois tu n'arrives plus à être toi-même [oui je sais confronté constamment aux micro-ondes qui envahissent mon espace vital] tu as l'impression de parler au lave-vaisselle de discourir avec la radio et de soliloquer malgré toi en face de la télé [oui c'est ça ma succube tu as tout compris]; les ondes te poursuivent [je me sens pris entre deux murs parallèles où les bibliothèques m'appellent et les plantes me narguent] c'est pathétique te ferais mieux d'en finir) j'entends des chaînes et des boulets traînés par terre un bruit strident m'accable les oreilles j'espère arriver à chez nous en un morceau.
Je titube je transpire le fromage Philadelphia m'interpelle et me dit viens; les esprits me parlent à travers les produits laitiers je le fuis comme un orignal ne fige pas devant une Civic de l'année sur la 117; je me réfugie derrière un magazine de cul (j'aurais pu prendre n'importe quel magazine me direz-vous pas obligé de faire dans le vulgaire mais non c'est un Hustler que j'ai choisi pour me cacher ça vous emmerde? non? merci) parce que — ironiquement — c'est mon ex derrière la caisse qui compte les bills de 20 c'est mon ex qui est parti avec mon (ex) meilleur chum à Puerto Vallarta avec ma carte de crédit et qui se l'est fait volée par un gringo pas un native pas un vrai Mexicain un gringo sacra...
Toujours habilement camouflé derrière mon Hustler j'ouvre une conserve de haricots Green Giant pour éloigner les esprits qui en veulent à mon discernement les esprits fuient les légumes ils préfèrent la fermentation rassurante du processus permettant de transformer le lait de vache ou de chèvre en un élixir onctueux pouvant provoquer une délicieuse couche de champignons.
Je me précipite derrière les rouleaux de Cottonelle pour cacher mon angoisse ma terrible envie de vivre mal dissimulée par mes vêtements troués (lâche mon genou fatigante); ma barbe que je n'ai pas rasée depuis belle lurette me pique — je ramasserais bien une dizaine de lames à raser que je garrocherais frénétiquement dans un sac en plastique qui prendrait entre 20 et 400 ans à se décomposer tout dépendant de son épaisseur de la profondeur à laquelle il serait enfoui et de la provenance de l'étude hautement scientifique qui me l'affirme mais tout cela n'est qu'hypothétique puisque les lames sont derrière le comptoir derrière le petit cul rond de mon ex alors pourquoi s'en soucier?
Alors que je m'apprête à passer à la caisse toujours habilement camouflé derrière mon Hustler Miss Novembre m'exposant ses atours intimes en pleine face j'entends avez-vous la carte CAA Québec (j'ai dit lâche mon genou succube tu auras ce que tu veux bientôt) je ne réponds pas je lui dis que je suis pressé non je n'ai pas de sacs en tissu recyclables qui évitent le gaspillage lamentable des sacs en plastique.
— Crisse toute ça dans un sac que je déguerpisse, tu vois ben que chus pas en sécurité.
Ce n'est pas la première fois que je lui fais le coup mais (oui invite des incubes si tu veux mais fous-moi la paix pendant que j'essaye de payer ton beurre de peanuts puis ton Philadelphia) elle semble plus surprise qu'à l'habitude je lui dis de peser sur l'accélérateur de lâcher le break à bras l'heure est critique.
— Viens.
Encore un esprit qui me parle.
— Dépêche la chipie. Rajoute deux Export A verts puis un Zigzag ben non le blanc pas le bleu tu sais ben qu'il brûle trop vite.
Je ne suis plus moi-même depuis longtemps cela se sent cela se voit j'en transpire tellement je ne me reconnais plus la schizophrénie est en cours ou peut-être pas mais il est primordial que je quitte le dép sur-le-champ car Ils arrivent Elles me suivent Ils sont là tout près Elles s'apprêtent à en finir avec moi.
— Vingt-trois et trente-quatre s'il vous plaît.
J'entends des syllabes et des phonèmes mais rien ne se rend jusqu'à (tu n'es pas divine tu n'es pas l'Aphrodite Uranie ni Pandémie dont traite Julius Ev... arrête de m'interrompre comment veux-tu qu'on en arrive à un arrangement si tu m'interr... oh arrête tu n'es pas une prostituée sacrée tu ne mettras pas au monde un nouveau Fils de l'Homme grâce à pauvre de moi) mon cerveau pourtant le dépanneur n'est pas plein à craquer mais il y a assez de monde pour entendre un Oh my God bien senti mais rien personne ne dit rien personne ne rit personne ne pleure non plus tout le monde est estomaqué tout le monde viderait une bouteille de Pepto Bismol tout le monde se ferait couler du salicylate de bismuth malgré l'haleine fétide et les tâches noires qu'il peut provoquer sur les gencives.
— Vingt-trois et trente-quatre s'il vous plaît.
J'entends les mêmes syllabes et phonèmes articulés lentement par mon ex mais moins confusément; on me vouvoie depuis quelques années je trouve cela navrant cela m'énerve (mais pourquoi je sortirais mon gun j'ai pas besoin j'ai en masse de cash dans mes poches ben t'auras rien pantoute non tu coucheras avec les incubes informes saleté de succube m'en fous si t'étais la maîtresse de mon... tu me feras pas chanter devant tout le monde osti que tu me fais... non non oui t'as oui t'as mais arrête oui t'as oui t'as ok ok oui on s'en va oui ça sera pas long et ok calme-toi veux-tu oui je suis calme tout va bien inspirez expirez pffffffff) je sors mon Glock 9 mm je ne comptais pas m'en servir je dis je n'ai pas d'argent ni de cartes est-ce que je peux payer la prochaine fois ? Mon ex blanchit on dirait qu'elle vient de passer à l'eau de Javel on dirait — tiens un fantôme —; elle rétorque un faible oui oui.
Je sors et une rangée de formes difformes m'escortent jusqu'à ma Plymouth Voyager 1994 (tu es un chaos depuis ces derniers mois tu n'arrives plus à être toi-même [oui je sais confronté constamment aux micro-ondes qui envahissent mon espace vital] tu as l'impression de parler au lave-vaisselle de discourir avec la radio et de soliloquer malgré toi en face de la télé [oui c'est ça ma succube tu as tout compris]; les ondes te poursuivent [je me sens pris entre deux murs parallèles où les bibliothèques m'appellent et les plantes me narguent] c'est pathétique te ferais mieux d'en finir) j'entends des chaînes et des boulets traînés par terre un bruit strident m'accable les oreilles j'espère arriver à chez nous en un morceau.
5.4.08
Le Carême sera copyleft ou ne sera pas
Ce texte inclut des parties de Kadavreski et L’Or Sujet, première-
ment publiés sur Critical Secret, puis dans Une Histoire Vraie.
Article 45 b, Verset IV
Elle lui retire doucement sa soutane, tâtant au plus près de la rétine le paysage défiguré par les caténaires, évaluant de lointaines possibilités de faire une troisième victime.
« Rendez-moi ma soutane! J’ai froid! » cria-t-il, trouant l’air.
En plein mois de charge de l’orignal épormyable, alors que le refus global était censé s’être pointé le nez et que plutôt, ganté comme les léopards d’outre-Antarctique, Leroy se dandinait à l’extérieur de la Nouvelle Cathédrale de Breston, imaginant un beat hip hop et quémandant la chaleur humaine et le savoir-vivre, moins quatorze degrés sous le soleil violacé... Il préférait la froideur des garde-à-vous aux délicatessens ouverts 24 heures sur 32, quoique le temple, où la fauve assassine, le préoccupe presque autant que le voyeur effondré sous les décombres d’une chtouille.
Il la voyait lui arracher ses fringues comme on palpe le foie de ceux qu’on aimerait trucider, des figues, des visages et dévalués comme les neurasthéniques de Reggie : concrétisera-t-elle le troisième meurtre, celui qui la ferait peut-être entrer dans la légende, si au moins quelqu’un s’intéressait à elle. Leroy, lui, s’y intéresse. En fait, il ne s’intéresse qu’à elle. L’édifice avait sûrement plus ou moins un siècle (ou même moins) : il s’en contre-crissait.
Article 90 a, Verset I
Nord-Vegas n’est plus et Dick renaît de ses cendres, comme Montréal éteint ses feux aux mille clochers. Les Bleus se vendent à l’emporte-pièce, comme les flèches de tout bois et les mains mortes de Johnny, de Reggie les Mille-Milles et les profondeurs du lac Léman.
Le phénomène de la résurrection, depuis longtemps banni par le Temple des temples, avait pourtant réussi à subsister et à s’immiscer entre les lèvres de la vendeuse de blues, qui hurlait se démomifiant :
Well you’ve heard about love giving sight to the blind
My baby’s love’s like the sun that shines
She’s my sweat little thang
She’s my pride and joy
En rebootant sa database
En rebootant sa database, surgit un flash dans l’esprit de Dick : il avait oublié de soumettre ses cadavres à leur résurrection mensuelle! Du coma ressurgirent les macchabées, désarticulant leurs membres comme le train passe la gare et part en vacances : va pour le Vatnajokul.
Sa chaloupe était étroite mais robuste ; les ex-vivants se crevaient les yeux en se tordant de larmes et Dick pensait à Elle en sifflotant :
I got the blues about miss so and so
but miss so and so ain’t got the blues about me
Il la voyait, elle lui retirerait doucement sa soutane, tâtant au plus près de la rétine le paysage défiguré par les caténaires, évaluant la possibilité lointaine de concrétiser le troisième meurtre, celui qui la ferait peut-être entrer dans la légende, si au moins quelqu’un s’intéressait à elle. Leroy, lui, s’intéresse à elle. En fait, il ne s’intéresse qu’à elle. L’édifice avait sûrement moins d’un siècle : il
s’en contre-crissait.
Le prêtre
Le prêtre, ébaubi, n’en pouvant plus de prier en cachette qu’une demoiselle entrasse, fit le bond lorsque Brigitte et Lanoline se précipitèrent dans le confessionnal. Toutes deux vêtues de pas grand-chose, elles signifièrent au prêtre (moribond) que les trois pucelles du quatrième vitrail les faisaient se tortiller d’impatience de se faire empaler, prestement.
Le prêtre (le Frère Giuseppe) se vit dans l’obligation de les confesser, prestement, car le désir qui l’envahissait ressemblait aux attentats suicides du Hamas.
Explosé dans sa plénitude, rejoindre le Très-Haut dans sa magnanime générosité, il le convoitait avec remord ; surgir comme la balle de 12 dans la chair tendre mais flasque des traînasses, il ne pouvait plus s’en contenir, et comme le revolver pointant en sa direction était chargé, il décida de faire l’inverse.
Dans ces moments
Frère Giuseppe revoit le visage de son père (prêtre lui aussi), un homme fort de foi mais toujours prompt à la turgescence. Il aimait à deviser le dimanche avec ses paroissiens et ponctuait souvent ses discours par «Moïse avait son bâton sacré, mais par la Madone, je ne l’échangerais pas contre celui-ci!» Et il en faisait palper à ces dévotes qui s’inclinaient de béatitude. Mais elles priaient Sainte-Barbe qu’il ne lui vint pas l’idée de le leur flanquer au derrière. Un jour, il avait dit à son fils: «Tu seras prêtre, car il n’est d’acte plus béat que la virile absolution...»
«L’aube tient ses promesses», se dit Frère Giuseppe, y repensant.
Les mamelles de Tirésias
Les mamelles de Tirésias expulsent leur miel comme le lait s’écoule du pis de la moissonneuse-batteuse. De pucelle, Lanoline ne retint que les états archi-primaux d’une époque lointaine et révolue, comme la pluie sous un arbre de cendre. Le 12 brûle comme le soleil à 28 degrés, mais Frère Giuseppe, débraguetté comme il se doit, ne
peut plus se fier à son paternel et relègue ses pensées à l’instinctif, au divin. La petite porte du confessionnal, laquelle il avait commandée par caprice (honte à lui), lui venait en aide alors que Lanoline se dégrafait pour mieux recueillir les récoltes.
Dans ces moments, Frère Giuseppe revoit le visage de sa mère, barbouillé de crème à raser. Il s’applique à se souvenir de sa poitrine ronde et ferme comme le chapiteau du Cirque de la Lune. Prompte à l’amour multidirectionnel, sa mère, Léola, manifestait une autorité superbe en ce qui concernait la turgescence légendaire de feu son
mari.
Elle se donnait à cœur joie des coups de crosse ecclésiastique, pendant que son fils, s’amusant d’une boîte de mouchoirs et de cotons tiges, urinait sur ses strings qu’elle humectait avec un confus manque de retenue.
En l’honneur de la Madone, les dévotes, pratiquant les chants du dimanche, chuchotaient bruyamment dans l’espoir de distraire Frère Giuseppe qui, de plus en plus ému par sa propre tuméfaction, se laissât aller dans des avenues légères et montagneuses.
«The Truth Is Out There», se disait Frère Giuseppe, caressant sa progéniture morte-née.
Un groupe de pèlerins
Un groupe de pèlerins était venu de très loin pour adorer la relique. Entendant cogner et gronder dans le confessionnal, ils se dirent:
«C’est Saint-Michel qui terrasse Belzébuth! », et ils s’agenouillèrent en se signant.
Le vicaire, gêné, se tourna vers les dévotes et leur fit entonner un cantique:
– Some of those that were forces...
Accompagné par l’orgue:
– Are the same that burn crosses...
Frère Giuseppe goûtait la féminité de Lanoline et, de sa langue, lui chatouillait le ténia. Elle, renversée à même la bure, tendait ses jambes vers l’azur.
– Some of those that were forces...
Le vicaire chantait, les paumes tournées vers le ciel:
– Are the same that bore crosses...
Repris en soprano par la pieuse chorale:
– Killing in the name of!
ment publiés sur Critical Secret, puis dans Une Histoire Vraie.
Article 45 b, Verset IV
Elle lui retire doucement sa soutane, tâtant au plus près de la rétine le paysage défiguré par les caténaires, évaluant de lointaines possibilités de faire une troisième victime.
« Rendez-moi ma soutane! J’ai froid! » cria-t-il, trouant l’air.
En plein mois de charge de l’orignal épormyable, alors que le refus global était censé s’être pointé le nez et que plutôt, ganté comme les léopards d’outre-Antarctique, Leroy se dandinait à l’extérieur de la Nouvelle Cathédrale de Breston, imaginant un beat hip hop et quémandant la chaleur humaine et le savoir-vivre, moins quatorze degrés sous le soleil violacé... Il préférait la froideur des garde-à-vous aux délicatessens ouverts 24 heures sur 32, quoique le temple, où la fauve assassine, le préoccupe presque autant que le voyeur effondré sous les décombres d’une chtouille.
Il la voyait lui arracher ses fringues comme on palpe le foie de ceux qu’on aimerait trucider, des figues, des visages et dévalués comme les neurasthéniques de Reggie : concrétisera-t-elle le troisième meurtre, celui qui la ferait peut-être entrer dans la légende, si au moins quelqu’un s’intéressait à elle. Leroy, lui, s’y intéresse. En fait, il ne s’intéresse qu’à elle. L’édifice avait sûrement plus ou moins un siècle (ou même moins) : il s’en contre-crissait.
Article 90 a, Verset I
Nord-Vegas n’est plus et Dick renaît de ses cendres, comme Montréal éteint ses feux aux mille clochers. Les Bleus se vendent à l’emporte-pièce, comme les flèches de tout bois et les mains mortes de Johnny, de Reggie les Mille-Milles et les profondeurs du lac Léman.
Le phénomène de la résurrection, depuis longtemps banni par le Temple des temples, avait pourtant réussi à subsister et à s’immiscer entre les lèvres de la vendeuse de blues, qui hurlait se démomifiant :
Well you’ve heard about love giving sight to the blind
My baby’s love’s like the sun that shines
She’s my sweat little thang
She’s my pride and joy
En rebootant sa database
En rebootant sa database, surgit un flash dans l’esprit de Dick : il avait oublié de soumettre ses cadavres à leur résurrection mensuelle! Du coma ressurgirent les macchabées, désarticulant leurs membres comme le train passe la gare et part en vacances : va pour le Vatnajokul.
Sa chaloupe était étroite mais robuste ; les ex-vivants se crevaient les yeux en se tordant de larmes et Dick pensait à Elle en sifflotant :
I got the blues about miss so and so
but miss so and so ain’t got the blues about me
Il la voyait, elle lui retirerait doucement sa soutane, tâtant au plus près de la rétine le paysage défiguré par les caténaires, évaluant la possibilité lointaine de concrétiser le troisième meurtre, celui qui la ferait peut-être entrer dans la légende, si au moins quelqu’un s’intéressait à elle. Leroy, lui, s’intéresse à elle. En fait, il ne s’intéresse qu’à elle. L’édifice avait sûrement moins d’un siècle : il
s’en contre-crissait.
Le prêtre
Le prêtre, ébaubi, n’en pouvant plus de prier en cachette qu’une demoiselle entrasse, fit le bond lorsque Brigitte et Lanoline se précipitèrent dans le confessionnal. Toutes deux vêtues de pas grand-chose, elles signifièrent au prêtre (moribond) que les trois pucelles du quatrième vitrail les faisaient se tortiller d’impatience de se faire empaler, prestement.
Le prêtre (le Frère Giuseppe) se vit dans l’obligation de les confesser, prestement, car le désir qui l’envahissait ressemblait aux attentats suicides du Hamas.
Explosé dans sa plénitude, rejoindre le Très-Haut dans sa magnanime générosité, il le convoitait avec remord ; surgir comme la balle de 12 dans la chair tendre mais flasque des traînasses, il ne pouvait plus s’en contenir, et comme le revolver pointant en sa direction était chargé, il décida de faire l’inverse.
Dans ces moments
Frère Giuseppe revoit le visage de son père (prêtre lui aussi), un homme fort de foi mais toujours prompt à la turgescence. Il aimait à deviser le dimanche avec ses paroissiens et ponctuait souvent ses discours par «Moïse avait son bâton sacré, mais par la Madone, je ne l’échangerais pas contre celui-ci!» Et il en faisait palper à ces dévotes qui s’inclinaient de béatitude. Mais elles priaient Sainte-Barbe qu’il ne lui vint pas l’idée de le leur flanquer au derrière. Un jour, il avait dit à son fils: «Tu seras prêtre, car il n’est d’acte plus béat que la virile absolution...»
«L’aube tient ses promesses», se dit Frère Giuseppe, y repensant.
Les mamelles de Tirésias
Les mamelles de Tirésias expulsent leur miel comme le lait s’écoule du pis de la moissonneuse-batteuse. De pucelle, Lanoline ne retint que les états archi-primaux d’une époque lointaine et révolue, comme la pluie sous un arbre de cendre. Le 12 brûle comme le soleil à 28 degrés, mais Frère Giuseppe, débraguetté comme il se doit, ne
peut plus se fier à son paternel et relègue ses pensées à l’instinctif, au divin. La petite porte du confessionnal, laquelle il avait commandée par caprice (honte à lui), lui venait en aide alors que Lanoline se dégrafait pour mieux recueillir les récoltes.
Dans ces moments, Frère Giuseppe revoit le visage de sa mère, barbouillé de crème à raser. Il s’applique à se souvenir de sa poitrine ronde et ferme comme le chapiteau du Cirque de la Lune. Prompte à l’amour multidirectionnel, sa mère, Léola, manifestait une autorité superbe en ce qui concernait la turgescence légendaire de feu son
mari.
Elle se donnait à cœur joie des coups de crosse ecclésiastique, pendant que son fils, s’amusant d’une boîte de mouchoirs et de cotons tiges, urinait sur ses strings qu’elle humectait avec un confus manque de retenue.
En l’honneur de la Madone, les dévotes, pratiquant les chants du dimanche, chuchotaient bruyamment dans l’espoir de distraire Frère Giuseppe qui, de plus en plus ému par sa propre tuméfaction, se laissât aller dans des avenues légères et montagneuses.
«The Truth Is Out There», se disait Frère Giuseppe, caressant sa progéniture morte-née.
Un groupe de pèlerins
Un groupe de pèlerins était venu de très loin pour adorer la relique. Entendant cogner et gronder dans le confessionnal, ils se dirent:
«C’est Saint-Michel qui terrasse Belzébuth! », et ils s’agenouillèrent en se signant.
Le vicaire, gêné, se tourna vers les dévotes et leur fit entonner un cantique:
– Some of those that were forces...
Accompagné par l’orgue:
– Are the same that burn crosses...
Frère Giuseppe goûtait la féminité de Lanoline et, de sa langue, lui chatouillait le ténia. Elle, renversée à même la bure, tendait ses jambes vers l’azur.
– Some of those that were forces...
Le vicaire chantait, les paumes tournées vers le ciel:
– Are the same that bore crosses...
Repris en soprano par la pieuse chorale:
– Killing in the name of!
2.4.08
Tout n'est pas parfait - À propos de l'embargo sur Hommes à louer de Rodrigue Jean
UPDATE
Si vous désirez co-signer ce texte, merci de laisser un commentaire si ça vous chante, et de communiquer directement avec André Habib.
###
Avec l'aimable accord de Horschamp, le netzine de cinéma québécois le plus lu, je reproduis l'article d'André Habib concernant l'embargo sur un film que vous ne verrez peut-être jamais, Hommes à louer, oeuvre de Rodrigue Jean qui s'immisce dans l'univers de la prostitution masculine.
Le texte original est ici.
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À propos de l'embargo sur Hommes à louer de Rodrigue Jean
TOUT N'EST PAS PARFAIT
par André Habib
février 2008
Lire également : Un embargo inacceptable, de Sylvain L'Espérance
Aux derniers Rendez-vous du cinéma québécois, plus de 160 personnes ont rempli à craquer la salle Claude-Jutra de la Cinémathèque québécoise, un vendredi, à 13h30, pour assister à l'unique projection du documentaire de Rodrigue Jean, Hommes à louer(1). Un film de 140 minutes sur la prostitution masculine, tourné sur une période d'un an et qui prit presque autant de temps à être monté, et qui est un chef-d'œuvre. Le programme des Rendez-vous nous annonçait pourtant que nous aurions droit à un « montage avancé ». Nous mentait-on ? Oui(2).
Ce film, c'est ce que nous devions comprendre, était en fait encore un objet « brut » qu'il fallait ajuster, mettre au format et au bon goût… non du réalisateur et du monteur (pour qui le film est terminé depuis belle lurette), mais des producteurs de l'ONF et du privé, Jacques Turgeon et Nathalie Barton. Depuis le mois d'octobre, après avoir tenté sans succès d'imposer « leur vision » du film au réalisateur récalcitrant, ils ont préféré le mettre sur les tablettes et stopper la production. Le plus étonnant c'est que ces gens sont assis sur un des plus grands documentaires québécois des 10 dernières années, et ils ne s'en doutent même pas…
Voilà deux ans que Rodrigue Jean et son monteur Mathieu-Bouchard Malo s'épuisent à convaincre les bonzes de l'ONF du bien-fondé de leur démarche, de la rigueur de leur approche. Ils opposent un refus parfaitement légitime et louable de voir la réalité qu'ils ont patiemment filmée sur une période d'un an (malgré qu'à plusieurs reprises la production ait tenté d'interrompre le projet), qu'ils ont structurée et présentée de la façon la plus honnête qui soit au fil des mois, se faire réduire à un vague défilé attachant de « personnages », bon qu'à servir un human interest, en reproduisant, comme des bons petits soldats, la posture de tous ceux qui, dans le monde du documentaire et de la fiction au Québec, veulent se donner, en amont en les créant, en aval en les regardant, une bonne conscience sociale (dans les deux cas, il s'agit avant tout de leur nombril).
Si l'ONF, désormais, refuse même à Rodrigue Jean de racheter ses droits sur le film (qui appartiennent, vous l'apprenez peut-être chers lecteurs, non aux réalisateurs, mais aux producteurs), c'est qu'ils sentent qu'ils ont une belle « pièce de viande » à lancer sur le marché. Après tout, n'y a-t-il pas là un potentiel « Voleurs d'enfance 2 » ? Tout y est : un sujet à scandale et sur lequel il « faut lever le voile », des jeunes victimes qui veulent s'en sortir, une vie difficile et de l'espoir au bout du tunnel. Ce serait si simple à « vendre », à « louer », à « exploiter ». Or, c'est précisément ce que Rodrigue Jean et son équipe ont refusé, par simple respect pour les individus qu'ils avaient filmés et côtoyés de près, pour le cinéma, pour le réel. Et c'est cela - cette intégrité, cette intelligence, cette noblesse du regard - qui semble intolérable aux professionnels de la profession, qui n'ont de toute évidence rien à battre du cinéma et du monde dans lequel on vit.
Ce film s'érige contre tous ceux qui veulent voir les « problèmes de la rue » mis en boîte et prédigérés, où il y a des bons et des méchants, des « statistiques alarmantes » et des « lueurs d'espoir ». Il s'érige contre la logique barbare des enquêtes-reportages, des télé-réalité à rabais et de toute la ribambelle de films « intouchables » réalisés au Québec depuis quinze ans sur la délinquance ou la pauvreté. L'industrie du documentaire et de la télévision nous tartinent et nous forcent à gober l'idée selon laquelle il suffirait de donner à tous ses « jeunes au cœur d'or », ses « petits combattants de la rue », une mini-DV, des gants de boxe ou des chaussons de danse pour qu'il y ait « raison d'espérer », c'est-à-dire de ne plus avoir à y penser. Et c'est cela qui « nous » semble intolérable.
Un film nécessaire
Hommes à louer est un film-ovni dans le paysage cinématographique québécois (ce qui nous fait dire que les choses vont plutôt mal). Comme pour l'incroyable Yellowknife, son long métrage précédent, complètement évincé par le manque de courage des distributeurs, personne dans « l'industrie » ne semble savoir quoi en faire. Il s'agit pourtant d'un des films les plus puissants, les plus forts et, en un mot, les plus nécessaires que l'on puisse imaginer aujourd'hui. Pendant deux heures et demie, une douzaine de jeunes nous parlent, d'un mois de novembre à un autre, de leur métier, de leur vie quotidienne, de leur histoire, avec une intelligence et une lucidité qui glacent le sang, qui font tour à tour rire et frémir : ils savent parler mieux que quiconque de la réalité qu'ils vivent, de la logique infernale dans laquelle ils sont pris, de l'exploitation qu'ils subissent, qu'ils entretiennent et qu'ils reproduisent. Et en même temps ils sont à mille lieux de toute victimisation, de tout apitoiement éploré. Ils sont filmés la plupart du temps en très gros plan, avec les lumières de la rue qui scintillent à travers la vitre derrière eux ; les micros sont placés directement sur leur poitrine, donnant au son de leur voix, de leur toux, de leur silence, une netteté, une proximité proprement terribles. On ne connaît par le nom de ces jeunes, souvent même peine-t-on à les reconnaître d'un mois à l'autre, tant leur physionomie a changé, et tant leur réalité peut paraître interchangeable. Aucune voix-off péremptoire, aucun témoignage de spécialiste, aucune statistique sur la criminalité, la prostitution ou la toxicomanie, aucune caméra cachée, aucun voyeurisme, aucune démagogie, aucune morale, aucun didactisme, aucune « leçon de vie » à tirer, aucune complaisance. Seulement des fragments de vie qui s'agencent ; des paroles qui s'accumulent ; une caméra et une écoute qui les accompagnent. Et on en sort les jambes sciées, les yeux pleins d'eau, avec l'envie de crier. Mais notre révolte naît moins de ce qu'on a entendu et vu (qui serait suffisant), que de l'idée qu'on veut empêcher ce film-là d'exister dans la forme que ses créateurs lui ont donnée et qui est la seule acceptable.
Que reproche-t-on au film ? Son absence de « point de vue », la multiplication des « personnages » qui rend difficile « l'identification » (c'est leurs mots, qu'on me les explique). Car pour eux un film, tout film, est potentiellement un arbre livré par le réalisateur qu'il s'agit d'émonder afin qu'il cadre avec une forme que les producteurs-distributeurs-télédiffiseurs ont dans leurs têtes, et qui serait la seule, la vraie, l'unique façon de parler de « ce monde-là » pour que ça « pogne », pour qu'ils puissent mettre leur estampille d'approbation sur un film : « si tu me coupes tel ou tel personnage, si tu enlèves celui qui est violent, celui qui a été abusé, si tu tailles dans les références trop nombreuses à la drogue, si tu me ramènes ça à une heure et quart, on pourra plus facilement s'identifier et ton film sera plus "punché" » (c'est leur idée). Est-ce bien ça le but d'un documentaire, s'identifier, compatir, « puncher » ? S'identifie-t-on aux pêcheurs de marsouins de Pour la suite du monde, aux Bûcherons de la manouane, aux travailleurs d'On est au coton ? Aurait-il fallu demander à Pierre Perrault, Arthur Lamothe ou Denys Arcand, de rajouter une voix-off et d'éliminer quelques-uns des « personnages secondaires » du film, pour que le « message » passe mieux ? On a beau rire, mais ce qu'on demande aux réalisateurs aujourd'hui est tout aussi absurde, humiliant, honteux et politiquement douteux que ça. On leur impose une logique calquée, non sur celui de l'art et de la vie, mais des communications et de la rentabilité. Après tout, comme l'expliquait une responsable de Radio-Canada à Rodrigue Jean : « on est là pour vendre de la pub ».
Les ennemis du cinéma sont parmi nous
À l'heure où l'on fait la promotion guillerette d'un documentaire sur l'histoire de la censure au Québec (Les ennemis du cinéma, de Karl Parent et Yves Lever), on présuppose qu'aujourd'hui « tout est parfait », comme si cette « période sombre » était nécessairement loin derrière nous (le duplessisme, la phobie des gauchistes, etc.). Ce qu'on oublie de dire c'est que la disparition des salles de cinéma à Montréal et à travers le Québec, la frilosité devenue proverbiale des distributeurs, la mainmise des producteurs sur les œuvres des créateurs, l'emprise des lobbys américains sur la distribution, le pouvoir démesuré accordé aux télédiffuseurs pour obtenir le financement d'un film, l'obsession avec l'audimat, les entrées et la « performance », exercent une censure infiniment plus perverse en empêchant un nombre incalculable d'œuvres fortes (d'ici et d'ailleurs) d'exister et de nous parvenir. Cependant que nos institutions se gaussent d'être au service du « cinéma d'ici », du cinéma d'auteur, ils sont en train de les asservir et de les soumettre à une violente et impitoyable loi du marché (heureusement, il y a, ici et là, quelques exceptions, quelques foyers de résistance, mais ils sont rares).
Il est effarant de voir à quel point le système actuel agit de façon sournoise, et non moins pernicieuse, en conspirant à saboter des œuvres pour la simple et bonne raison qu'elle ne correspond pas à un format préétabli. Le « format » dont il est question ici n'est pas seulement celui de la durée, mais bien celui du « formatage » que l'on veut faire subir à certains « sujets », au mépris des créateurs et de tout bon sens, et qui répondent à des critères souvent complètement arbitraires et capricieux. Il est temps de redonner aux créateurs un véritable droit sur leur œuvre, de remettre en cause cet asservissement dégoûtant à la logique de l'exploitation, et de recommencer à faire confiance au public, qu'on prend trop souvent pour des imbéciles. Nous ne pouvons qu'espérer que - pour reprendre le titre d'un film honteusement oublié d'Arthur Lamothe - le mépris n'aura qu'un temps, que l'ONF saura répondre publiquement de ces agissements ineptes, et accordera à ce film incroyable le simple droit d'exister, dans sa durée (140 min.) et dans son format (35mm) prévus.
M. Perlmutter (nouveau commissaire de l'ONF), vous rêviez récemment de faire renaître la grande époque du documentaire canadien ? Vous avez ici une occasion en or de faire amende honorable, en renversant l'embargo injustifié qui a été mis sur ce film. Pour le reste, ce sera au public de juger.
Hommes à louer (Rodrigue Jean, 2008) - 23.2 ko
Hommes à louer (Rodrigue Jean, 2008)
Cette lettre a été appuyée par :
Judith Abitbol (Paris), Stéphanie Allaire, Olivier Asselin, Eliette Aubin, Pierre Barrette, Phile Beauchemin, Denis Blaquière, Yordan Bobev, Vincent Bonin, Karine Boulanger, Manon Briand, Serge Cardinal, Suzanne Chartrand, Réjean Chayer, Stéphane Claude, Denis Côté, Jean-Claude Coulbois, Jeanne Crépeau, Jacques d'Amboise, Evelyne de la Chenelière,Sophie Deraspe, Lhassa De Sela, Michel de Silva, Patrick Demers, Mathieu Denis, Jean-Francois DesBois, Jean-Philippe Desrochers, Guylaine Dionne, Simon Dor, Felix Dufour-Laperrière, Elitza Dulguerova, Bernard Émond, Hélène Faradji, Marie-Josée Ferron, Jean Fontaine, Anne-Michèle Fortin, Vali Fugilin, Gaston Gagné, Simon Galiero, Emmanuel Galland, Pierre Gauvreau, Maxime Giroux, Catherine Goupil (Paris), Louis Goyette, Gérard Grugeau, Brigitte Haentjens, Catherine Hébert, Julie Hivon, Karim Hussain, Katerine Jerkovic, Yvan Lafontaine, Arthur Lamothe, Simon Laperrière, Jean-Pierre Lavallée, Pierre-Jean Lavigne, Simon Lavoie, Sylvain Lavigne, Franck Le Coroller, Pierre Lefebvre, Karl Lemieux, Jean-Pierre Lefebvre, Marquise Lepage, Stéphane Lépine, Marie-Claude Loiselle, Geneviève Lussier, LeRoy K. May, Gilles McMillan, Silvestra Mariniello, Catherine Martin, François Miron, Rosanna Maule, Cristiana Nicolae, Geneviève Ouellet, Viva Paci, Frédérick Pelletier, Ariane Pétel-Depsots, Marina Polosa, Éric Prince, Sophie Prophète, Norma Rantisi, Nicolas Renaud, Robert Richard, Lucie Robitaille, Hubert-Yves Rose, André Roy, Mikhaël Roy, Simon Sachel, Nathalie Saint-Pierre, Michel Simonsen, Anick St-Louis, Marie-Jan Seille, Paul Tana, Jean Théberge, Michel Thériault, Donato Totaro, Gisèle Trudel, Barbara Ulrich, Pierre-Luc Vaillancourt, Francis van den Heuvel, Marie-Christine Vanier, Myriam Yates, Maryanne Zéhil.
Si vous désirez soutenir cette initiative et rajouter votre nom à la liste d'appui, écrivez-nous.
Notes :
1) Pour en savoir plus sur le film, je vous invite à lire l'entretien paru dans le dernier numéro de la revue 24 Images (no. 136, mars-avril 2008), ainsi que l'excellent article de Gérard Grugeau, "Les enfants sauvages", p. 34-36.
2) Une version tronquée de cette lettre a été publiée dans l'édition du 3 mars du quotidien Le Devoir.
Si vous désirez co-signer ce texte, merci de laisser un commentaire si ça vous chante, et de communiquer directement avec André Habib.
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Avec l'aimable accord de Horschamp, le netzine de cinéma québécois le plus lu, je reproduis l'article d'André Habib concernant l'embargo sur un film que vous ne verrez peut-être jamais, Hommes à louer, oeuvre de Rodrigue Jean qui s'immisce dans l'univers de la prostitution masculine.
Le texte original est ici.
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À propos de l'embargo sur Hommes à louer de Rodrigue Jean
TOUT N'EST PAS PARFAIT
par André Habib
février 2008
Lire également : Un embargo inacceptable, de Sylvain L'Espérance
Aux derniers Rendez-vous du cinéma québécois, plus de 160 personnes ont rempli à craquer la salle Claude-Jutra de la Cinémathèque québécoise, un vendredi, à 13h30, pour assister à l'unique projection du documentaire de Rodrigue Jean, Hommes à louer(1). Un film de 140 minutes sur la prostitution masculine, tourné sur une période d'un an et qui prit presque autant de temps à être monté, et qui est un chef-d'œuvre. Le programme des Rendez-vous nous annonçait pourtant que nous aurions droit à un « montage avancé ». Nous mentait-on ? Oui(2).
Ce film, c'est ce que nous devions comprendre, était en fait encore un objet « brut » qu'il fallait ajuster, mettre au format et au bon goût… non du réalisateur et du monteur (pour qui le film est terminé depuis belle lurette), mais des producteurs de l'ONF et du privé, Jacques Turgeon et Nathalie Barton. Depuis le mois d'octobre, après avoir tenté sans succès d'imposer « leur vision » du film au réalisateur récalcitrant, ils ont préféré le mettre sur les tablettes et stopper la production. Le plus étonnant c'est que ces gens sont assis sur un des plus grands documentaires québécois des 10 dernières années, et ils ne s'en doutent même pas…
Voilà deux ans que Rodrigue Jean et son monteur Mathieu-Bouchard Malo s'épuisent à convaincre les bonzes de l'ONF du bien-fondé de leur démarche, de la rigueur de leur approche. Ils opposent un refus parfaitement légitime et louable de voir la réalité qu'ils ont patiemment filmée sur une période d'un an (malgré qu'à plusieurs reprises la production ait tenté d'interrompre le projet), qu'ils ont structurée et présentée de la façon la plus honnête qui soit au fil des mois, se faire réduire à un vague défilé attachant de « personnages », bon qu'à servir un human interest, en reproduisant, comme des bons petits soldats, la posture de tous ceux qui, dans le monde du documentaire et de la fiction au Québec, veulent se donner, en amont en les créant, en aval en les regardant, une bonne conscience sociale (dans les deux cas, il s'agit avant tout de leur nombril).
Si l'ONF, désormais, refuse même à Rodrigue Jean de racheter ses droits sur le film (qui appartiennent, vous l'apprenez peut-être chers lecteurs, non aux réalisateurs, mais aux producteurs), c'est qu'ils sentent qu'ils ont une belle « pièce de viande » à lancer sur le marché. Après tout, n'y a-t-il pas là un potentiel « Voleurs d'enfance 2 » ? Tout y est : un sujet à scandale et sur lequel il « faut lever le voile », des jeunes victimes qui veulent s'en sortir, une vie difficile et de l'espoir au bout du tunnel. Ce serait si simple à « vendre », à « louer », à « exploiter ». Or, c'est précisément ce que Rodrigue Jean et son équipe ont refusé, par simple respect pour les individus qu'ils avaient filmés et côtoyés de près, pour le cinéma, pour le réel. Et c'est cela - cette intégrité, cette intelligence, cette noblesse du regard - qui semble intolérable aux professionnels de la profession, qui n'ont de toute évidence rien à battre du cinéma et du monde dans lequel on vit.
Ce film s'érige contre tous ceux qui veulent voir les « problèmes de la rue » mis en boîte et prédigérés, où il y a des bons et des méchants, des « statistiques alarmantes » et des « lueurs d'espoir ». Il s'érige contre la logique barbare des enquêtes-reportages, des télé-réalité à rabais et de toute la ribambelle de films « intouchables » réalisés au Québec depuis quinze ans sur la délinquance ou la pauvreté. L'industrie du documentaire et de la télévision nous tartinent et nous forcent à gober l'idée selon laquelle il suffirait de donner à tous ses « jeunes au cœur d'or », ses « petits combattants de la rue », une mini-DV, des gants de boxe ou des chaussons de danse pour qu'il y ait « raison d'espérer », c'est-à-dire de ne plus avoir à y penser. Et c'est cela qui « nous » semble intolérable.
Un film nécessaire
Hommes à louer est un film-ovni dans le paysage cinématographique québécois (ce qui nous fait dire que les choses vont plutôt mal). Comme pour l'incroyable Yellowknife, son long métrage précédent, complètement évincé par le manque de courage des distributeurs, personne dans « l'industrie » ne semble savoir quoi en faire. Il s'agit pourtant d'un des films les plus puissants, les plus forts et, en un mot, les plus nécessaires que l'on puisse imaginer aujourd'hui. Pendant deux heures et demie, une douzaine de jeunes nous parlent, d'un mois de novembre à un autre, de leur métier, de leur vie quotidienne, de leur histoire, avec une intelligence et une lucidité qui glacent le sang, qui font tour à tour rire et frémir : ils savent parler mieux que quiconque de la réalité qu'ils vivent, de la logique infernale dans laquelle ils sont pris, de l'exploitation qu'ils subissent, qu'ils entretiennent et qu'ils reproduisent. Et en même temps ils sont à mille lieux de toute victimisation, de tout apitoiement éploré. Ils sont filmés la plupart du temps en très gros plan, avec les lumières de la rue qui scintillent à travers la vitre derrière eux ; les micros sont placés directement sur leur poitrine, donnant au son de leur voix, de leur toux, de leur silence, une netteté, une proximité proprement terribles. On ne connaît par le nom de ces jeunes, souvent même peine-t-on à les reconnaître d'un mois à l'autre, tant leur physionomie a changé, et tant leur réalité peut paraître interchangeable. Aucune voix-off péremptoire, aucun témoignage de spécialiste, aucune statistique sur la criminalité, la prostitution ou la toxicomanie, aucune caméra cachée, aucun voyeurisme, aucune démagogie, aucune morale, aucun didactisme, aucune « leçon de vie » à tirer, aucune complaisance. Seulement des fragments de vie qui s'agencent ; des paroles qui s'accumulent ; une caméra et une écoute qui les accompagnent. Et on en sort les jambes sciées, les yeux pleins d'eau, avec l'envie de crier. Mais notre révolte naît moins de ce qu'on a entendu et vu (qui serait suffisant), que de l'idée qu'on veut empêcher ce film-là d'exister dans la forme que ses créateurs lui ont donnée et qui est la seule acceptable.
Que reproche-t-on au film ? Son absence de « point de vue », la multiplication des « personnages » qui rend difficile « l'identification » (c'est leurs mots, qu'on me les explique). Car pour eux un film, tout film, est potentiellement un arbre livré par le réalisateur qu'il s'agit d'émonder afin qu'il cadre avec une forme que les producteurs-distributeurs-télédiffiseurs ont dans leurs têtes, et qui serait la seule, la vraie, l'unique façon de parler de « ce monde-là » pour que ça « pogne », pour qu'ils puissent mettre leur estampille d'approbation sur un film : « si tu me coupes tel ou tel personnage, si tu enlèves celui qui est violent, celui qui a été abusé, si tu tailles dans les références trop nombreuses à la drogue, si tu me ramènes ça à une heure et quart, on pourra plus facilement s'identifier et ton film sera plus "punché" » (c'est leur idée). Est-ce bien ça le but d'un documentaire, s'identifier, compatir, « puncher » ? S'identifie-t-on aux pêcheurs de marsouins de Pour la suite du monde, aux Bûcherons de la manouane, aux travailleurs d'On est au coton ? Aurait-il fallu demander à Pierre Perrault, Arthur Lamothe ou Denys Arcand, de rajouter une voix-off et d'éliminer quelques-uns des « personnages secondaires » du film, pour que le « message » passe mieux ? On a beau rire, mais ce qu'on demande aux réalisateurs aujourd'hui est tout aussi absurde, humiliant, honteux et politiquement douteux que ça. On leur impose une logique calquée, non sur celui de l'art et de la vie, mais des communications et de la rentabilité. Après tout, comme l'expliquait une responsable de Radio-Canada à Rodrigue Jean : « on est là pour vendre de la pub ».
Les ennemis du cinéma sont parmi nous
À l'heure où l'on fait la promotion guillerette d'un documentaire sur l'histoire de la censure au Québec (Les ennemis du cinéma, de Karl Parent et Yves Lever), on présuppose qu'aujourd'hui « tout est parfait », comme si cette « période sombre » était nécessairement loin derrière nous (le duplessisme, la phobie des gauchistes, etc.). Ce qu'on oublie de dire c'est que la disparition des salles de cinéma à Montréal et à travers le Québec, la frilosité devenue proverbiale des distributeurs, la mainmise des producteurs sur les œuvres des créateurs, l'emprise des lobbys américains sur la distribution, le pouvoir démesuré accordé aux télédiffuseurs pour obtenir le financement d'un film, l'obsession avec l'audimat, les entrées et la « performance », exercent une censure infiniment plus perverse en empêchant un nombre incalculable d'œuvres fortes (d'ici et d'ailleurs) d'exister et de nous parvenir. Cependant que nos institutions se gaussent d'être au service du « cinéma d'ici », du cinéma d'auteur, ils sont en train de les asservir et de les soumettre à une violente et impitoyable loi du marché (heureusement, il y a, ici et là, quelques exceptions, quelques foyers de résistance, mais ils sont rares).
Il est effarant de voir à quel point le système actuel agit de façon sournoise, et non moins pernicieuse, en conspirant à saboter des œuvres pour la simple et bonne raison qu'elle ne correspond pas à un format préétabli. Le « format » dont il est question ici n'est pas seulement celui de la durée, mais bien celui du « formatage » que l'on veut faire subir à certains « sujets », au mépris des créateurs et de tout bon sens, et qui répondent à des critères souvent complètement arbitraires et capricieux. Il est temps de redonner aux créateurs un véritable droit sur leur œuvre, de remettre en cause cet asservissement dégoûtant à la logique de l'exploitation, et de recommencer à faire confiance au public, qu'on prend trop souvent pour des imbéciles. Nous ne pouvons qu'espérer que - pour reprendre le titre d'un film honteusement oublié d'Arthur Lamothe - le mépris n'aura qu'un temps, que l'ONF saura répondre publiquement de ces agissements ineptes, et accordera à ce film incroyable le simple droit d'exister, dans sa durée (140 min.) et dans son format (35mm) prévus.
M. Perlmutter (nouveau commissaire de l'ONF), vous rêviez récemment de faire renaître la grande époque du documentaire canadien ? Vous avez ici une occasion en or de faire amende honorable, en renversant l'embargo injustifié qui a été mis sur ce film. Pour le reste, ce sera au public de juger.
Hommes à louer (Rodrigue Jean, 2008) - 23.2 ko
Hommes à louer (Rodrigue Jean, 2008)
Cette lettre a été appuyée par :
Judith Abitbol (Paris), Stéphanie Allaire, Olivier Asselin, Eliette Aubin, Pierre Barrette, Phile Beauchemin, Denis Blaquière, Yordan Bobev, Vincent Bonin, Karine Boulanger, Manon Briand, Serge Cardinal, Suzanne Chartrand, Réjean Chayer, Stéphane Claude, Denis Côté, Jean-Claude Coulbois, Jeanne Crépeau, Jacques d'Amboise, Evelyne de la Chenelière,Sophie Deraspe, Lhassa De Sela, Michel de Silva, Patrick Demers, Mathieu Denis, Jean-Francois DesBois, Jean-Philippe Desrochers, Guylaine Dionne, Simon Dor, Felix Dufour-Laperrière, Elitza Dulguerova, Bernard Émond, Hélène Faradji, Marie-Josée Ferron, Jean Fontaine, Anne-Michèle Fortin, Vali Fugilin, Gaston Gagné, Simon Galiero, Emmanuel Galland, Pierre Gauvreau, Maxime Giroux, Catherine Goupil (Paris), Louis Goyette, Gérard Grugeau, Brigitte Haentjens, Catherine Hébert, Julie Hivon, Karim Hussain, Katerine Jerkovic, Yvan Lafontaine, Arthur Lamothe, Simon Laperrière, Jean-Pierre Lavallée, Pierre-Jean Lavigne, Simon Lavoie, Sylvain Lavigne, Franck Le Coroller, Pierre Lefebvre, Karl Lemieux, Jean-Pierre Lefebvre, Marquise Lepage, Stéphane Lépine, Marie-Claude Loiselle, Geneviève Lussier, LeRoy K. May, Gilles McMillan, Silvestra Mariniello, Catherine Martin, François Miron, Rosanna Maule, Cristiana Nicolae, Geneviève Ouellet, Viva Paci, Frédérick Pelletier, Ariane Pétel-Depsots, Marina Polosa, Éric Prince, Sophie Prophète, Norma Rantisi, Nicolas Renaud, Robert Richard, Lucie Robitaille, Hubert-Yves Rose, André Roy, Mikhaël Roy, Simon Sachel, Nathalie Saint-Pierre, Michel Simonsen, Anick St-Louis, Marie-Jan Seille, Paul Tana, Jean Théberge, Michel Thériault, Donato Totaro, Gisèle Trudel, Barbara Ulrich, Pierre-Luc Vaillancourt, Francis van den Heuvel, Marie-Christine Vanier, Myriam Yates, Maryanne Zéhil.
Si vous désirez soutenir cette initiative et rajouter votre nom à la liste d'appui, écrivez-nous.
Notes :
1) Pour en savoir plus sur le film, je vous invite à lire l'entretien paru dans le dernier numéro de la revue 24 Images (no. 136, mars-avril 2008), ainsi que l'excellent article de Gérard Grugeau, "Les enfants sauvages", p. 34-36.
2) Une version tronquée de cette lettre a été publiée dans l'édition du 3 mars du quotidien Le Devoir.
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