Cassé comme un clou
Belle expression
Sentez-vous ben à l'aise
Parlez-vous français?
Je suis itinérant
Je dors à l'Accueil du Père
Je suis nourri, lavé
J'ai chaud
On me demande 3$
Sentez-vous ben à l'aise
Je demande aux gens
de donner ce qu'ils
peuvent
Je suis pas un voleur
On se regarde on se console
On se compare on se désole
T'as pas de carte de crédit
T'as des enfants
Faut les nourrir, les vêtir
Ils peuvent pas aller à
l'école tout nu!
Faut ben qu'il deviennent
des bons citoyens
Pas des bons à rien
Tu veux pas qu'ils volent
des chars pis des
vieilles bonnes femmes
Faut les élever responsables
honnêtes pis travailleurs
Quand y a pu moyen de
moyenner
Faut trouver un moyen
Faut gratter ses poches,
ses plaies
Faut tourner le fer dans
le fond du tiroir
Économiser, partir
dans le Sud
Boire de la Téquila pis
du Rhum sur le dos
de l'État
Faut être fonctionaire
syndiqué, employé
Faut être comme tout
le monde parce que le monde
est malade
Une mémé qui conduit une hybride
Un moins vieux en pick-up
avec sa femme, sa maîtresse
Parlez-vous français?
Ben sûr!
Il me manque 1$ pour
dormir à l'Accueil
Désolé, bonne chance!
Cassé comme un clou
Belle expression
Jamais aussi cassé
que le gars qui
quête coin Berri/Maisonneuve
On n'ose pas se comparer
de peur de se consoler
Le quêteux calle les taxis
et espère un pourboire
Il ira à l'Accueil se
réchauffer, manger, dormir
La paix pour une soirée
Demain, on recommence
On habille nos enfants
en Gusti pour pas qu'ils
gèlent l'hiver
On achète les tuques pis
les mitaines en double parce que
c'est sûr qu'ils vont en
perdre
On paye nos factures
On essaie d'arriver
Y en a d'autres qui se
les gêlent parce que t'as rien
donner
Crisse de vie sale
C'est comme ça
Bonne soirée là
Bonne soirée
5 comments:
Merci de m'avoir partagé ton poème SuperK. C'est en effet très touchant. Le drôle de hasard que tu postes sur mon blog à l'instant. Je m'étais dit vouloir prendre le temps, today, d'aller te visiter... et dans le tourbillon, j'allais oublier. Hihihi... télépathie?
Bref.
Oui, vraiment touchant ton poème. Il révèle sans peur, une réalité crue. Et je ne peux m'empêcher de penser, avec toutes les richesses qu'il a sur Terre, comment se fait-il qu'il y ait encore tant de gens dans la misère? Je crois que Céline, qui vient de laisser un commentaire chez moi, soulève une partie de la réponse en parlant de la richesse du coeur à cultiver. Enfin.
À bientôt.
Télépathie? Peut-être :)
Je vis maintenant en milieu asceptisé ou l'itinérance n'existe pas. Chaque fois que je retourne à Montréal, ça me touche.
Malheureusement, l'écart se creuse de plus en plus entre riches et pauvres. Qu'est-ce qu'on peut faire? Des petits gestes, faire confiance de temps en temps (j'ai déjà donné 20$ à un itinérant, et je le sais qu'il m'a fourré d'aplomb, mais kessé tu veux faire...), leur parler, prendre un café.
Chacun à hauteur de son possible et de son vouloir.
C'est en effet un poème touchant. Très. Cru, sans fioritures avec de beaux paralèlles. Vous avez choisi le bon moment "télépathique", l'idéale page Superk pour vous faire découvrir par Karo.
Je voulais ajouter... (ben d'abord, bonjour Nina, je suis comme gênée, c'est la première fois qu'on se parle sur ces pages pouahahaha n'importe quoi. bises grande dame, fermons la parenthèse) qu'effectivement la réalité montre que l'écart se creuse. Je suis d'accord avec vous pour dire que l'on doit faie à la hauteur de son possible. Donner 20$, c'est beau mais effectivement, c'est pas garanti que ce soit vraiment aidant. C'est pourquoi entre autre j'aime l'idée du journal. Il y a par ailleurs, paraît-il, un club auquel on peut adhérer et l'argent que l'on donne sert à des déjeuners pour sans-abri. Faudrait que je trouve le nom de l'organisme. Ce qui est brillant ici, c'est que tu es certain que ton 20$ n'ira pas dans la drogue. Pour ce qui est du café ou du brin de jasette, vous irez lire le commentaire de Sebco sur mon blog.
@ nina. merci. oui c'est cru. les itinérants font rarement dans la fioriture.
@ caro. oui le journal est une bonne idée, c'est louable. mais je préfère la conversation. les écouter, ça me fait autant de bien qu'à eux, du moins je l'espère.
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