20.1.10

Laferrière chez Mabanckou

Merci à Nicolas Dickner et Le Quartanier d'avoir souligné, sur Twitter, la publication chez Alain Mabanckou, auteur de l'excellent Verre cassé, entre autres, d'une lettre fraternelle de Dany Laferrière:

On attend les écrivains bien sagement dans la grande cour de l'hôtel Karibé.  Certains travaillent sous les arbres.  On pouvait bien manger : la cuisine est excellente.  Un homard (en fait c'est une langouste) que je n'ai pas pris auparavant car même succulent c'est parfois difficile à digérer – surtout tard le soir.  Mais j'adore, alors j'attends le moment pour déguster tranquillement ce homard-langouste.  Mais je fais ce que je fais toujours chaque fois que j'arrive dans une ville : je cherche à savoir s'il y a des mangues et des avocats.  J'en mets dans ma chambre.  Les mangues parfument la chambre.  Une odeur tropicale.  Ce n'est pas encore la saison des mangues, mais j'en ai trouvées dans la rue.  Petite marchande accroupie sur le trottoir, dos au mur.  La robe pliée entre ses cuisses.  Le mouchoir blanc.  Ah comme j'aime ce regard à la vif et tendre des femmes de cette ville.  C'est Maëtte Chantrell qui m'a acheté les fruits : cinq mangues et deux avocats.  Et je ne lui ai même pas offert une mangue.  C'est dingue, je perds la tête quand je vois des mangues.
 

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