15.1.08

Gibraltar - Abd Al Malik

Sur le détroit de Gibraltar, y'a un jeune noir qui pleure un rêve qui prendra vie, une fois passé Gibraltar.
Sur le détroit de Gibraltar, y'a un jeune noir qui se d'mande si l'histoire le retiendra comme celui qui portait le nom de cette montagne.
Sur le détroit de Gibraltar, y'a un jeune noir qui meurt sa vie bête de gangsta rappeur mais...
Sur le détroit de Gibraltar, y'a un jeune homme qui va naître, qui va être celui qu'les tours empêchaient d'être.
Sur le détroit de Gibraltar, y'a un jeune noir qui boit, dans ce bar où les espoirs se bousculent, une simple canette de Fanta.
Il cherche comme un chien sans collier le foyer qu'il n'a en fait jamais eu, et se dit que p't-être, bientôt, il ne cherchera plus.
Et ça rit autour de lui, et ça pleure au fond de lui.
Faut rien dire et tout est dit, et soudain ... soudain il s'fait derviche tourneur,
Il danse sur le bar, il danse, il n'a plus peur, enfin il hurle comme un fakir, de la vie devient disciple.
Sur le détroit de Gibraltar y'a un jeune noir qui prend vie, qui chante, dit enfin « je t'aime » à cette vie.
Puis les autres le sentent, le suivent, ils veulent être or puisqu'ils sont cuivre.
Comme ce soleil qui danse, ils veulent se gorger d'étoiles, et déchirer à leur tour cette peur qui les voile.
Sur le détroit de Gibraltar, y'a un jeune noir qui n'est plus esclave, qui crie comme les braves, même la mort n'est plus entrave.
Il appelle au courage celles et ceux qui n'ont plus confiance, il dit : « ramons tous à la même cadence! ».
Dans le bar, y'a un pianiste et le piano est sur les genoux, le jeune noir tape des mains, hurle comme un fou.
Fallait qu'elle sorte cette haine sourde qui le tenait en laisse, qui le démontait pièce par pièce.
Sur le détroit de Gibraltar, y'a un jeune noir qui enfin voit la lune le pointer du doigt et le soleil le prendre dans ses bras.
Maintenant il pleure de joie, souffle et se rassoit.
Désormais l'Amour seul, sur lui a des droits.
Sur le détroit de Gibraltar, un jeune noir prend ses valises, sort du piano bar et change ses quelques devises,
Encore gros d'émotion il regarde derrière lui et embarque sur le bateau.
Il n'est pas réellement tard, le soleil est encore haut.
Du détroit de Gibraltar, un jeune noir vogue, vogue vers le Maroc tout proche.
Vogue vers ce Maroc qui fera de lui un homme...
Sur le détroit de Gibraltar… sur le détroit de Gibraltar…
Vogue, vogue vers le merveilleux royaume du Maroc,
Sur le détroit de Gibraltar, vogue, vogue vers le merveilleux royaume du Maroc…
Gibraltar, de Abd Al Malik

1 comment:

Anonymous said...

D'accord avec toi. Cette chanson-slam m'a scié lorsque entendue à la radio. Me suis précipité pour voir Malik au Spectrum l'été dernier. J'tais peut être ailleurs, mal foutu, mais j'avoue que sa prestation, très licheuse de foule, m'a déçu malgré un charisme hors du commun. Ses textes à la longue répétitifs, fortement beurrés de morale, m'ont ennuyé à la longue. Surtout, son orchestre faisait dans le bruyant au sens de bull mal dosé. Bref, je le préfère, de loin, sur disque où la finesse passe. Mais cette opinion ne fut pas celle rapportée majoritairement par les journalistes qui ont notamment vu son autre show donné aux Franco à l'extérieur. Rameuter la foule, dehors, convient sans doute mieux à ce jeune boxeur qui est sur tous les plateaux en France pour discourir de tout et de lui-même.