31.10.08

Slam Macadam: tournoi de commentaires

En regardant les résultats de recherche par lesquels tu trouves LKM (oui oui, ça m'arrive de regarder des chiffres pour comprendre comment tu t'es retrouvé chez nous), j'ai trouvé une page intéressante sur le site de Macadam Tribus, l'émission radiophonique (très pertinente) de Radio-Canada.

Malheureusement, comme la mise en pages est so-so, je me permets de reproduire ici les trois commentaires qui accompagnent la présentation de Queen Ka et Jean-Sébastien Larouche.

En espérant que Radio-Can ne me poursuive pas ;-)

Donc voici les commentaires de:
  • Loïc Gaspard
  • Paul Dallaire (salut Paul :)
  • et David Groulx

Slam et poésie, mise au point - Envoyé par Loïc Gaspard de Montréal à 8h03 - Mardi 9 octobre 2007

Trop de fois entendu lors d'une soirée slam que la poésie était la vraie gagnante, alors qu'il n'y avait pas eu de poésie, mais bien des textes en prose qui, récités avec force et rythme, étaient la clé du spectacle. Lors d'une joute de slam, un texte qui ne contient aucune valeur littéraire sera fort apprécié s'il est performé de manière remarquable et se méritera peut-être la première place. Poésie? Je ne sais pas. Il est vrai qu'une poésie vivante en est une qui sorte du texte écrit, pourtant la poésie n'a pas besoin du spectacle pour s'identifier. Définir la poésie par la performance, c'est contribuer à une culture du spectacle qui se désintéresse d'un public constitué d'individus pour une masse anonyme qui consomme le divertissement religieusement.
 
Que la poésie n'ait plus public sur place, d'accord. Qu'un slam soit une des manifestations de la poésie, aussi d'accord. Mais de là à clamer que le slam est LA solution, il y a une marge. Comme l'écrit Ivy, fondateur de la ligue québécoise de slam, le slameur serait un missionnaire prêchant la bonne parole à un public païen... il est permis de s'esclaffer ici.
 
Aussi, j'aimerais que les organisateurs des soirées de slam définissent ce qu'ils entendent par soirée traditionnelle de poésie. Paraît-il qu'il s'agit de cercles clos pour amateurs de genre, où les poètes scandent la poésie à qui veut l'entendre dans la nef de belles chapelles.
 
La poésie s'exprime par une liberté de forme et tente d'amener plus en avant le travail du langage, des images et des mots et ne se limite pas à l'exploration d'une oralité. Là ou l'œil se pose il y a matière poétique, et il est nécessaire que plusieurs manières de mettre en forme la poésie coexistent, tout comme les différentes soirées. Mais lorsqu'on affirme avoir trouvé, par le slam, la seule façon viable à cette époque de faire de poésie, il y a fermeture.
 
Voilà ce qui m'embarrasse avec les soirées de slam, on dit y faire de la poésie, mais est-ce que la poésie se résume à une oralité primaire? Si les soirées de poésie traditionnelle mettent de l'avant l'individu, le slam lui fait quoi? Le texte est support à performance et représente le tiers des éléments évalués lors d'une compétition, la présence sur scène étant la qualité première requise. Entendons-nous, la scène slam à Montréal a pour but de reproduire un concept de soirée qui amène, il est vrai, beaucoup de gens. Pourquoi cette foule? divertissement? surtout pour passer une bonne soirée, par curiosité et parce qu'on en parle, rarement pour la poésie car il n'y en a que trop peu aux soirées de slam, un balbutiement propre aux soirées de poésie traditionnelles, vous savez celles ou personne ne va.
 
J'assiste souvent aux joutes de slam, mais rares ont été les moments ou j'ai senti la volonté d'explorer la poésie. Pourtant, j'ai assisté à une soirée de poésie qui dure depuis plus d'un an et qui dresse un panorama de la poésie actuelle à Montréal, car on y explore plusieurs manières de mettre en forme la poésie (on y fait aussi du slam, oui oui). Lors de cette soirée, j'ai entendu des inédits de poètes ayant déjà publié (et beaucoup pour certain) comme des textes qui n'avait jamais sortie de leurs feuilles, bref une diversité comme j'en ai rarement entendue.
 
Quel est l'impact réel du slam sur la poésie? Que reste-il (de nos amours) lorsque le spectacle s'arrête? Opposer le slam à une poésie traditionnelle, c'est dire que le slam est une poésie nouveau genre, je me trompe?
 
Voilà, je me suis exprimé avec la plus grande sincérité, sans biffer certaines phrases qui pourraient déranger ou paraître irréfléchies (certaines le sont, il est vrai).) Je termine en rajoutant que cette rétrospective en disant que le slam, au Québec, vit poétiquement au dessus de ses moyens, du moins pour l'instant.
 
Que vive toujours la poésie sous toutes ses formes et j'espère qu'un dialogue sera possible, un vrai, et non une dispute de clochers ou l'ego parle plus fort que le vent.

Slam poésie - Envoyé par Paul Dallaire de Trois-Rivières à 10h22 - Jeudi 15 novembre 2007

J'étais à réfléchir sur la poésie et le slam et voilà que je tombe par hasard sur un commentaire. Je suis tout à fait d'accord avec les propos sensés de monsieur Loïc Gaspard, dans son commentaire du 09 octobre 07. Le slam est un jeu de plus, dans l'univers des divertissements, tendant plus vers le "show" que vers le texte littéraire; ceci n'exluant en rien la présence de poésie qui, elle, n'a rien à faire des étiquettes... enfin.

Mises au point - Envoyé par David Groulx de Montréal à 17h25 - Lundi 10 mars 2008

Il me semble qu'au lieu d'opposer un certain cynisme envers le slam sous prétexte d'une fermeture d'esprit de la part de ses représentants, il serait bon de voir comment cette démarche artistique se ré-approprie la poésie, quels en sont ses spécificités et ses enjeux.
 
Je ne prétends pas ici répondre à cette question très vaste, mais simplement y apporter une ou deux réflexions.
 
La poésie, au départ, rappelons-le nous, est une tradition orale, elle est d'abord dite, sans être écrite, et s'adresse à tous. Elle est donc essentiellement performative. Le slam tendrait donc à renouer avec cette tradition, et, paradoxalement, se verrait très près de la forme la plus contemporaine de poésie, la poésie en prose. Avec cette qualité de jaillissement provoqué par la parole, elle se verrait plus près de la foule que ses poésies parentes. 
 
Pour qu'il y ait parole, il faut qu'il y ait un souffle qui passe par le corps, et c'est cet évènement du corps traversé par les mots qui manque trop souvent dans les soirées traditionnelles. 
 
Trop souvent, la mondanité tue le jaillissement véritable. Art relativement récent, le slam permet des risques, des essais et des ratés (comme la poésie trad, s'entend), un foisonnement provoqué par la quasi-absence de balises. 
 
De là à savoir si le slam s'enfermera dans son propre cercle, étouffé par sa popularité ou soumise à une codification hâtive, c'est une autre histoire. Deux choses sont certaines, cependant. Premièrement, il y a des textes slam qui sont d'un intérêt littéraire notable. Deuxièmement, le slam tend à modifier notre approche de la poésie et notre expérience de la littérature.
 
Tertio, il n'y a que le mauvais public qui puisse concevoir l'art comme un simple divertissement. Et ce public, vous lui donnerez une page de poésie ou de slam, ils en feront un torchecul...

3 comments:

Anonymous said...

slam est égale, slam et coeur lol

Christian Roy, aka Leroy said...

liondegouttière: c le plus bo nick que j'ai vu récemment.

je rugis en ta direction générale.

Anonymous said...

grrr!!!! je rugis de joie grrrr!!! encore un pour la route.
merci pour ton commentaire.

voici un lien ou tu pourras me lire
http://text.sfrjeunestalents.fr/artiste/sandro-esperanto-le-Lion-de-gouttiere/

et un autre ou tu pourras m'écouter
http://musique.sfrjeunestalents.fr/artiste/liondegouttiere/

je ne suis qu'un lion de gouttière
qui traine sa crinière sur son p'tit territoire : PARIS
je ne serai jamais plus qu'une espèce implanté, dans ta jungle urbaine dans ta faune PARIS.