— Je songe à déclencher une grève générale de tous les écrivains jusqu'à ce que l'humanité redevienne raisonnable. En seriez-vous?
— Est-ce que les écrivains ont le droit de se mettre en grève? Ce serait comme si la police ou les pompiers faisaient grève, non?
— Ou les enseignants.
— Ou les enseignants, » acquiesçai-je. Je secouai la tête. « Non, je ne crois pas que ma conscience m'autoriserait à donner mon soutien à une grève de ce genre. Lorsqu'un homme se fait écrivain, j'estime qu'il assume comme une obligation sacrée le devoir de produire de la beauté, de la lumière et du réconfort, et au galop encore!
— Je ne puis m'empêcher de penser au total désarroi de l'humanité si du jour au lendemain il n'y avait plus de nouveaux livres, de nouvelles pièces, de nouvelles histoires, de nouveaux poèmes...
— Et vous vous sentiriez fier quand les gens commenceraient à mourir comme des mouches? demandai-je.
— Ils mourraient plutôt comme des chiens enragés, je crois — la bave aux lèvres, en montrant les dents et en se mordant la queue. »
— Kurt Vonnegut in Le Berceau du chat
3 comments:
Je voulais le lire depuis longtemps. C'est de lui catch 22, non?
non c'est Joe Heller, un bon chum de Vonnegut, semble-t-il
Moi, et je ne parle que pour moi, mais je suis en grève depuis 1977, depuis ma première traitre de ligne dans une revue Quékketoise de pouésie... Et c'est jusse passqu'en France y comprends rien de ce qu'on tchatche, sinon! J'aurais cartonné des malheurs, à la bonne heure, et la mauvaise herbe aussi finira par passer.
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