Je me suis pointé à l'AgitéE, lundi passé, pour mon vrai baptême de feu slam. Plus question de faire de slam-shot comme la dernière fois. Non. Cette fois-ci, c'était la vraie affaire, the real thing.
Je suis entré à l'AgitéE, j'ai scruté la foule et j'ai reconnu quelques visages familiers : Edmé Étienne, que j'ai vu slammer en novembre; André Marceau, le slammestre consacré; la juge de ligne Valérie Côté, qui slammera en mars. Avis aux intéressés.
Puis j'ai piqué un brin de jasette avec Christine Comeau (c'est une de ses toiles, Plante aux vertiges, que vous voyez à gauche), qui avait terminé 2e en novembre. Aussi vu Louis Desruisseaux, dont le processus slammesque est unique; puis Hugo Nadeau, Michaël Lapointe.
C'est là que je me suis aperçu (encore) que le milieu est tissé serré. Ne voyant pas mon pote Marc Lebel, je me suis senti à part : symboliquement, je me suis assis entre deux tables d'amis, sans vraiment dialoguer avec personne. Sourires de circonstance.
Où était le possee du roi camé? Ben il ronronnait à Mourial, entre deux pelletées de slush et quelques saké.
Puis, qui je vois pas assis à la table des jurys? Marc Lebel!
Joie. Échangé la poignée de main traditionnelle.
-- Comme ça t'es juge à soir (moi).
-- Ouin, pis t'auras pas de passe droit (marc).
Rires.
Bon, bon, bon, assez de mise en situation.
Cette fois, André a incorporé une nouvelle perspective, le slam de réchauffement, à la fois pour réchauffer les jurys, et le public.
Pas notés, ces slams de moins d'une minute ont mis tout le monde en haleine, en attente de la vraie patente. Pour l'exercice, j'ai lu, me prenant pour un prêtre, BlaSperme (quelque peu modifié), une réponse à un Notre Père coquin de Nina.
Je l'ai terminé par :
Dieu est bonRires collectifs. Je me suis même fait rire moi-même pendant le poème.
Dieu est partout
Mais la promiscuité a bien meilleur goût
Le reste suivra dans l'ordre du désordre, votre tout dévoué n'ayant pris aucune note, ni vidéo, ni photo : avait pas envie de faire le journalisssssse.
Annie Beaulac. Retenez ce nom. Son premier slam était de toute beauté. Elle a déconstruit la poésie, le poème, les phonèmes, et plus ça allait, plus c'était beau, plus c'était too much. C'était presque rappé.
Résultat : 29,1! (sur 30).
La barre était très haute.
Michaël Lapointe a livré un slam engagé, engageant, violent, à la limite du virulent, mais, mais, mais... il a outre-passé la règle du 3 minutes, perdant 4 points (!) pour avoir terminé son slam en 4 minutes 25.
24,4. Ça vous donne une idée de la qualité du poème.
Louis Desruisseaux nous a raconté que dans un appartement, on boit de la bière, on fait l'amour, à répétition. Les jurys n'ont pas été cléments. Malgré qu'André et Louis se soient proposés de finir ça à l'appartement... un maigre 23 a terni le visage de Louis, dont le rire tonitruant est inimitable. Believe me.
Christine Comeau et Hugo Nadeau ont déclamé des poèmes de factures assez classiques. Christine s'est inspiré d'un poème de Nelligan, dont j'oublie le nom. Un 25 et quelques.
Tandis que Hugo a presque fait dans l'exploréen (Denis Vanier meets Sol?), raboutant et recomposant les mots pour nous offrir une fresque déroutante et bien sentie. Mais le 24 et des virgules n'a pas été suffisant pour passer en 2e ronde.
Michel Dumas, ayant fait le voyage depuis Montréal, a slammé sur l'amour, un amour impossible, où le polygraphe faisait office de véritomètre alors qu'il déclarait un je t'aime quotidien à sa douce. Quelques solos blues de basse, saxophone et autre grattements de gorge plus tard, Michel s'est vu couronné d'un 26 et des poussières.
Pour mon premier slam officiel, j'avais choisi Imparfait, subjugué. Avec quelques cris par ci par là, et quelques transes à la Antonin Artaud (voir En compagnie d'Antonin Artaud avec Sami Frey), j'ai réussi à obtenir un 26,7 pour me hisser en 2e place et passer à la ronde suivante, et surtout, à la pause cigarette.
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Je savais que pour finir premier, il fallait que je fasse fort. Très fort. Quoi de mieux que Marie-Mai pour chauffer le derrière d'Annie Beaulac?
Ça a presque marché. 28,9 pour cette prestation rythmée, ponctuée de "et c'est le but!!!" et "retiré!!!", au grand dam des oreilles de tout le monde.
Mais Annie n'avait pas tout dit, elle est revenue en force avec un autre très bon poème, Les Bourgeois anonymes, où la p'tite famille parfaite en VUS se trimballait entre les plaisirs coupables et les fantasmes assouvis. Un beau 26 et quelque pour m'ame Beaulac.
Christine Comeau a livré un autre excellent poème, qui lui a valu la troisième place.
Et voilà, vous savez tout :
- Annie Beaulac (56,7)
- LeRoy K. May (55,6)
- Christine Comeau (52,X???)
On se voit dans un mois!
6 comments:
Bravo! Ça veut dire que tu vas faire les finales en étant bien entouré...
Comme un sling shot pitchant sa roche dans le creux d'un ciel d'hiver, tu viens de faire exploser la lune ayhdidiadiadialouuuuuuu
Félicitations chère jumelle. Avertis-moi la prochaine fois que je prie pour une première place et peut-être que je me déplace!
J'adore ton subjugué imparfait!
Cinglant et déculotté.
twès bon rézumé pour le K qui refusait de journalisser. comme si on y avait été en plein hiver.
Merci K, merci merci,
Je me suis amusé terrible cette soirée, c'était génial. L'énergie déchargée pendant les slams est d'une nourriture incontournable.
C'est génial que tu réalises des compte-rendus de slams, ça ajoute à l'histoire de l'énénement, à l'importance de ce que nous vivons là.
Je suis vraiment tombé sur une gang géniale, et c'est par vous que mon intérêt poétique se ramène rapidement à la poésie. Depuis un grand bout de temps, j'avais tout convergé en art visuel.
Savais-tu que j'étudiais en arts plastiques à l'université Laval?
Hugo
Je suis vraiment désolé, mais je trouve qu'Annie n'est pas aussi unanime qu'on le dit, qu'on l'a notée. Je ne crois vraiment pas qu'elle était la meilleure slameuse de la soirée. Je crois que nous pouvions respirer un certain manque d'aise, d'élan, qu'elle trébuchait un peu, que ses mots avaient des maladresses qui nuisaient un peu aux échos du grand DIRE. Au contraire, Michaël produisait du silence tout autour de lui, par aura, vivantait une parole sans faille qui générait vraiment du silence d'écoute dans la salle, qui gagnait des subtilités de sens, de sympathies, de vérités intérieures.. "Entrer en soi avec une ARME..." -- AAAAHHH.. je frissonnais. J'estime qu'il a franchement été le meilleur de la soirée, et j'ai grandement apprécié qu'il termine avec "Tous les oreillers sont magiques" Une comptine pleine de douceurs, de beauté mignonne et de sel.
Je lui donne mon vote UNANIME. Haha!
Hugo
jack: sais pas, mais bon j'ai eu du fun :)
bourbon: le prochain c'est le 17 mars, mais c'est un lundi... ça m'étonnerait que tu puisses faire les 600 km pour me voir faire le pwet...
nina: quand même, il manque des photos et des vidéos... c'eût été mieux.
hugo: bienvenu par chez nous! en effet, michaël a été excellent, et n'eût été de son dépassement de temps, il aurait sûrement fini dans les 3 premiers.
je crois que la conversation "qui est le meilleur" relève un peu des premiers textes d'Ivy sur qu'est-ce que le slam. il y a des poètes plus traditionnels (comme toi, michaël et christine), qui offrez de superbes poèmes qui gagneraient peut-être à être accompagnés du texte-même : ils sont denses, riches en langage, mais parfois difficiles à suivre si on n'est pas *complètement* absorbés.
puis, il y a la poésie plus "street" comme ce qu'annie et moi (en partie) avons fait, qui jouent plus sur la gestuelle, l'intonation et le jeu. ça ressemble plus à du rap qu'à de la poésie pure, et c'est ben correct de même.
tout dépendant du soir, les jurys pencheront plus dans la balance de l'une ou de l'autre : l'une ou l'autre des poésies n'est pas garante de la victoire slammesque.
ps: je me suis promené sur le Web pour trouver qui tu "étais", et oui, j'ai vu que tu étudiais en arts plastiques à Laval.
cya soon!
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