J'arrive de chez
Émilie C. Cloutier ou elle lance la question:
Un point intéressant: qu'est selon vous le blog d'auteur le plus intéressant...
- Celui où l'auteur écrit des histoires?
- Celui où l'auteur parle de l'avancée de son travail?
- Celui où l'auteur parle de sa vie tout court?
Plus loin dans la discussion, je me transfère chez
Geneviève Lefebvre:
Lacan: «L'argent payé au psychanalyste dans une cure n'est que très accessoirement la rémunération du service, le rôle essentiel de l'argent est de valider l'échange.»
Valider l'échange.
Un des problèmes de la gratuité des contenus (que ce soit de l'information ou de l'entertainment) sur le Web est cette absence de validation. Les gens se disent "bah, si ça ne coûte rien, c'est que ça ne doit pas valoir cher".
C'est sans parler de la position de
François Bon sur l'absence de hauteur chez les auteurs, diamétralement opposée aux vues exprimées plus haut.
Je viens de lire l'article de Geneviève, intéressant parce que j'aime bien les références à Lacan, mais un peu "XXe siècle". On n'est plus dans une logique de "c'est bon parce que je l'ai acheté". Il y a tellement de merde en librairie que le prix ne peut pas être le seul critère de consécration. Soit, il y a autant de merde sur Internet mais aujourd'hui, on a le choix: publié papier, publier Web, ou faire les deux. Et ça c'est un grand pas dans l'avancée de la littérature. Ai-je à refaire l'histoire de la musique depuis l'avènement du téléchargement? Merci.
L'éditeur est-il toujours indispensable? Je le crois. Publier sur le Web n'a rien à voir avec l'autoédition (lulu.com, etc.). Mais l'idée que la gratuité égale mauvaise qualité me sidère. Aurions-nous l'idée de dire que les derniers
Nine Inch Nails ou le dernier
Radiohead ne valent rien parce qu'ils ont été disponibles gratuitement pendant un certain temps (celui de NIN l'est toujours)? Idem pour
Prince. Et que dire de la discographie presque complète de
Steve Coleman disponible gratuitement en ligne?
Je prendrai l'exemple des logiciels libres. Ils sont utilisés partout sur le Web sans qu'on ne s'en rende compte. Pour la plupart, ces logiciels sont gratuits (as in free beer). Plus de 50% des serveurs Web roulent sur
Apache, un logiciel libre qui roule depuis le milieu des années 90. Le logiciel, en tant que tel, est gratuit. La valeur ne réside pas dans le logiciel mais bien dans ceux qui le maintiennent à jour et qui le déboguent en entreprise.
Un débat similaire tonne en ce qui concerne la littérature numérique.
Thierry Crouzet clame haut et fort que la forme la plus noble de littérature est aujourd'hui le blog. On peut en débattre longtemps, et être d'accord qu'on ne sera pas d'accord, mais n'empêche que le blog et la littérature numérique sont des nouveaux format et joueur, respectivement, dans le paysage littéraire. Et même si aujourd'hui, on n'attribue pas grand valeur à un texte publié sur le Web, gratuitement, peut-être qu'un jour, on trouvera une façon de légitimer cette pratique et peut-être, même, de la rétribuer à juste titre.