31.1.07

Secrets, mensonges et demi-vérités

Prologue

Au centre de la scène se trouve une énorme bulle style Boy in a Bubble. On y distingue à peine quelqu'un qui semble noyé dans une brume épaisse (étouffé). On entend de longs sillements d'asthmatique sur fond d'Aretha Franklin qui chante Respect.



La respiration syncopée du personnage dans la bulle, Martrand, correspond au rythme funky de la Soul Sister Number One.

À gauche de la bulle est assis Pitiblou. Il lit son journal assis dans un fauteuil de type La-Z-Boy. Il semble additionner des chiffres au hasard sans que le sens ne parvienne au spectateur (3.14, 152, 53, +15, -22, 7.54, etc.). De plus, Pitiblou émet des borborygmes incompréhensibles pendant toute la scène. Il s'endort et se réveille sans crier gare.

À droite, Malamer astique le plancher, frotte les careaux, fais la vaisselle et arbore un naperon « Faites l'amour pas la vaisselle ». Puis, entrent sur scène Malamer II et Malamer III qui font les mêmes tâches que Malamer. Les trois portent le même tablier, la même coupe de cheveux, très court.

1

Martrand Reibení. Tout est gris. Je nage dans un brouillard perpétuel où je ne peux qu'entrevoir un avenir glauque et des drames mesquins. Ce n'est pourtant pas ce que me prédit l'oracle Touva Bueno. C'est écrit dans sa ligne de main : ton avenir est parsemé de lauriers et d'auréoles, de femmes et d'écus. À mon humble avis, Touva Bueno abuse du houblon. Mais je ne suis pas encore né, laissons la chance au coureur qui ne paie rien pour attendre, c'est Malamer qui ramasse le bill.

Le livre que je n'ai jamais ouvert et qui contient tous mes secrets, toutes mes vies passées et à venir, duquel je lis les plus belles pages de feu, se consume comme je m'étiolerai sous vos regards indiscrets. Je le tiens, il brûle à vue de nez, c'est comme un navire qui dérive, ivre d'avoir trop aimé. (Hésite) Trop dormi. Aimé. Dormi. E accent aigu? Oui, e accent aigu.

La partition que je n'ai jamais lue mais qui me siffle des airs langoureux et fertiles comme feue Savage L'Ancienne, je la lèche pour mieux m'imbiber de son encre en 12/8 qui rythme les mouvements de mon berceau pré-limbique. Je suis le mammifère amphibien qui poissonne comme un reptile en évolution terminale. L'agressivité, la peur, le plaisir des souvenirs post-nataux : cool.

Malamer. Tout doit être parfait avant l'arrivée de Martrand Reibení. Faut que ça shine!

Malamer II et III (en choeur). Faut que ça shine! Faut que ça shine!

Malamer. Tout doit être parfait avant l'arrivée de mon Martrand Reibení. Sept ans que je l'attends, sept ans que j'astique et que je frotte pour préparer son arrivée, pour m'assurer que tout soit parfait, tu ne manqueras de rien mon chéri, tu seras dorloté, poupouné, cajolé, embrassé, caressé, tu ne manqueras de rien mon chéri, tu ne manqueras de rien.

Malamer s'allume une cigarette. Tousse.

Malamer II et III (en choeur, frénétique, presque illuminée). Faut que ça shine! Faut que ça shine! Tu manqueras de rien mon beau bebé d'amour, tu vas voir qu'avec Malamer, ça y va aux toasts! Pis ça va être propre propre propre, inquiète-toi même pas!

Brigitte Fontaine, Maya Barsony et les extra-terrestres

J'aime Brigitte Fontaine.



Brigitte Fontaine aime Maya Barsony.



Maya Barsony m'aime-t-elle?

30.1.07

LivEvil2K — Aube, prise VIII

The Ceremony Is About to Begin : journal de Maïté

PC, on laisse tomber la formalité du Mr. après deux Glenfiddish, trois rousses, une noire, deux brunes, pas de blonde; les blondes, c'est pour les mâles dont la peur de l'infériorité intellectuelle est incommensurable. Bref, PC glisse Steamin' de Miles Davis dans le lecteur de DC, et fait propulser des haut-parleurs une de ces balades qui me rendent mélancolique, qui me font envier tous ces gens qui ont vu, entendu, ressenti la puissance du Miles Davis Quartet live. Something I Dreamed Last Night. Bill Evans solo si bien, personne ne parle, tout le monde écoute ce virtuose des touches noires et blanches. On se laisse emporter par ce flot de délicatesse mortuaire qui fait de nous de vulgaires mortels, tandis que cette musique coule éternellement dans nos oreilles et atteint les sens les plus cachés de chacun.



À mesure que Gerry claque des doigts, Manú s'excite et, tranquillement, se dévêt, arborant maintenant son plus simple apparat, lequel j'admire béatement depuis environ cinq minutes. Une transe s'empare de Manú qui, dansant telle une tulipe sous une averse de torrentielle pluie, provoque un déhanchement collectif, une tribale valse désarticulée où tous nos membres, désaxés, se meuvent en toute place, occupant tout l'espace oxygéné de ce loft du fin fond de l'Alberta. Gerry gémit au plus grand plaisir de PC, lequel grogne en ma direction; je masturbe habilement Manú qui, extasiée, se laisse aller au délire le plus total. La pudeur en prend pour son rhume.

Avant de s'euphoriser dans le plaisir charnel qui consiste à se fondre l'un dans l'autre dans l'autre dans l'autre - PC fait tournoyer un chapeau de cow-boy qu'il fait virevolter à proximité de mes seins; je m'éclipse dans le cerceau de la perversité outrancière, l'orgasme à la portée de la main; Gerry empoigne sauvagement ma poitrine, déchiquetant mes mamelons comme jamais auparavant je n'avais senti la pleine exubérance de l'amour sans retour —, Manú, collée aux hanches de Gerry, ne se contrôlant plus, lâche un maintnow retentissant qui nous fait tous crouler au plancher, comme des êtres nus devant un projecteur cinéma.

Un corridor, large de neuf longueurs de lance, mène à une porte. PC et Manú l'ouvrent. Ce semble routinier, ce n'est pas la première fois qu'ils initient de la sorte de purs étrangers, voire des amants passagers. Diane, extraite de Steamin' with the Miles Davis Quintet, résonne partout dans ce couloir. Une ambiance propice au vice se crée tranquillement, portée doucement sur le flot trompettesque de l'instrument du grand Miles lui-même. Le leitmotiv se répète incessamment, immédiatement dans cette atmosphère de fête champêtre exagérément alcoolisée. Gerry et moi avons suivi les deux gourous de la soirée, innocemment, sans trop faire attention aux burlesques détails (le projecteur de cinéma, les quatre fauteuils).

Prise deux. La porte refermée derrière nous, nous attendons que le show commence.

«The ceremony is about to begin», s'esclaffe PC d'un puissant cri primal, primitif, intuitif, avec conviction. «Avant de nous laisser aller à l'extase la plus sublime, écoutez le grand oracle déclamer un de ses plus beaux chants d'amour». D'une seule voix, Manú et PC déclament :

Le cerveau défoncé, grugé par la faim, les munchies, CMR s'apprête à commander le mets tant réclamé par son estomac, une pizza. Au carrefour des rues Côte-des-Neiges et St-Kevin se situe le célèbre Pizza 2=1. à l'achat d'une small all dress, il en obtient gratuitement une seconde, tout cela pour 9,99 $. De plus, le charmant propriétaire lui donne deux boissons gazeuses, en l'occurrence deux Coke. Le commerce, à moitié vide, se compose d'une clientèle disparate : un gros Italien, la bouche emplie de fumée du mauriène, une barbie aux talons haut douteux, à la conversation niaise, et un jeune Mexicain, Pepsi en main.

Le tenancier l'interpelle :

— Salut mon ami, qu'est-ce que j'peux faire pour toi?
— Deux small all dress, man.

Affamé. Vingt-trois heures 20. Son chum l'attend depuis déjà vingt minutes. Peut-être seriez-vous tenté de lui dire : «C'est pas grave, relaxe man». Mais non, à ce moment précis, la situation, critique, l'exaspère. La radio, branchée sur la radio énergie, tonne un rythme agressant, aliénant par sa monotonie répétitive : This is how we do it, boom, boo-boom-boom-boom, boom, this is how we do it baby. Le goût de hurler shut the fuck up! lui prend soudain. Mais, bienséance oblige, il s'abstient de déranger les clients de l'établissement.

Doit-il se rabaisser, les oreilles désorbitées, à laisser régner en tyran ces monopolisateurs des ondes? Dépassé par la nouvelle génération? Trop vieux? Sénile? Il n'en croit rien. Les goûts et les couleurs se discutent. Tous les goûts se trouvent dans la nature, dites-vous. Certaines gens, dénaturées, bêlent sans cesse, répètent toutes en choeur, y'a pas d'job, man. Malheureusement, le Big Boss Man, que vous appelez Temps, s'impose.

Souhaite-t-il vraiment discuter avec cette rapace à moustache adolescente, à talons aiguilles ridicules, à l'haleine épicée? Préjugés raciaux? Non, vous lisez mal l'énoncé. Plutôt, il traite du développement de l'être humain, voilà tout. Sage, CMR ne déverse pas sa logorrhée verbale, ne se risque pas en ce territoire de pédagogue, voire d'enseignant, lorsque son adversaire se trouve acculé au mur, désarmé. Au fin fond de lui, il se contrefout du tact. Mais, vu l'heure tardive, il oubliera, pour ce soir, l'élaboration de sa philosophie à propos du genre humain et de ses sous-genres.

Ici, il tente d'exprimer que ses pizzas tardent à cuire, qu'il est pressé, stressé, oui oui. Tout à fait d'accord, son amoureux, le seul affecté, affection de son monde, l'attend il désire le rejoindre le plus pressément possible, gloutonner avec lui, ne pas le décevoir une fois de plus.

En tant qu'ex-cleptomane, il vérifie le système d'alarme, les caméras : absence.

Le téléphone sonne. Le propriétaire se précipite, telle une balle de calibre 12, au secours de l'alarme téléphonique. Un jeune Arabe, dans la vingtaine, s'introduit dans la pizzeria. Un serveur se lance à sa rescousse culinaire, gastrique. Le jeune Arabe (nous l'appellerons Amir) commande une pointe all dress ou végétarienne, il s'en balance. Leur langue de communication empêche notre héros de comprendre ce qu'ils disent : ils rient, ils s'amusent. Et pendant tout ce temps, les pizzas de notre risque-tout ne fricotent pas. L'impatience atteint son comble rapidement. Après cinq longues minutes, le propriétaire lui fait ses excuses : un interurbain d'Arabie Saoudite.

Essayant de l'émouvoir de son fendant sourire, le hardi CMR lui demande s'il peut emprunter son téléphone, question d'appeler son chum. Il lui répond que oui. Alors que le téméraire s'apprête à traverser l'inconnu, à se mêler aux cuisiniers, un flash surgit dans l'esprit de ce surhomme : «Yé malade! R'garde moé l'allure! Un coat de cuir brun, long jusqu'aux genoux, une casquette par-dessus 'es yeux, un chandail de Woodstock qui pue la bière, la cigarette, le pot, c'est quoi son crisse de problème!», se dit-il intérieurement.

Visionne-t-il trop de films américains? Le drapeau bleu blanc rouge bordé d'étoiles serait-il tatoué sur son coeur? Le mythe du tueur en série, médiatisé à outrance, dépasserait-il sa fiction?

Comme à son habitude, il ne pense pas, il agit. Le canon de son douze brûle sous mon manteau. Il sent les balles, impatientes, destructrices. Il imagine l'air désemparé de ces pauvres immigrants, leur gagne-pain détruit par un désaxé, un famélique insatisfait, perturbé par l'espace-temps, coincé entre les identités québécoise et américaine, assoiffé de sang comme un chacal en plein désert. Il téléphone à Paul.

— Salut Ti-Paul, ça va.
— Ah oui, quand est-ce que t'arrives?
— Dans cinq minutes, les pizzas s'en viennent, ciao.
— J't'aime.
— Moé 'si j't'aime, mon ourson en p'luche rose.

Son pizzaman préféré lui sourit, tout va bien, quelle belle vie! semble-t-il dire de ses astronomiques armillaires, subjuguant ses moqueurs de yeux. Les lèvres de notre colosse casse-cou esquissent un léger tremblement puis, retirant son pardessus, il découvre son «cauchemarme». Une ribambelle de paroles, qu'il ne comprend pas, déferlent en sa direction. Des yeux apeurés prient son regard.

The Antichrist is in the house.

Les clients, le serveur se cachent sous les tables, derrière le comptoir. Il prend ses pizzas, enfin cuites, ses deux Coke, laisse l'argent dans le tiroir-caisse, croyiez-vous vraiment que cela l'intéresse? Il tire sur le propriétaire, droit au coeur. Et vous de lui dire : «Chill out man! The way I see it, change le poste d'la radio, ça va t'changer 'es idées». Suivant votre conseil, il syntonise le poste le plus à gauche : Will I live tomorrow, well I just can't say, but I know for sure, I don't live today.»

Jamais nuit ne fut plus mémorable.

LivEvil2K, work-in-progress
© 1996 - 2007 LeRoy K May
Copyleft LeRoy K. May

28.1.07

Poetrik July 4th

Suite au commentaire de Jo Ann, voici Poetrik July 4th, hymne à nos amis du Sud, agrémenté d'une illustration du Soul Brother Number One, Mivil :

Ho Ho Ho say can you see
That I yawn in light
Of all the crap you lay abroad, gleaming
Like those broad stripes you hail so proudly
So stupidly

Budweiser is the King of Beers
And GWB the Queen of Queers
The perilous fight will be perilous
Lapalissade

Copy the bombs bursting into thin air
Which gave proof through the night
That America is copywrong

Where are the Braves when night falls on Mississippi?
O'er the land of the free the weak drink Coors Light
While Afrika AIDS you

© 2001 LeRoy K May
Copyleft LeRoy K. May
Illustration : Skies of America, © Mivil

25.1.07

Falling from the Sky : l'anthologie arrive!

Eh oui! Mes lecteurs assidus se rappeleront de cet article que j'ai pondu en décembre. Je vais publier une nouvelle chez un petit éditeur américan nommé Another Sky Press (ASP).

Au total y figureront :
  • 44 nouvelles
  • 37 auteurs provenant de l'Australie, du Canada, des États-Unis, du Japon, du Québec et du Royaume-Uni
Ces nouvelles touchent à l'expérimental, au bizarre, à l'extravagant, au surréel, à l'angoisse, aux esprits sur la corde raide.

En gros : dans vot' face :)

Parmi les auteurs connus figurent :

Comment vous procurer Falling from the Sky

ASP utilise un modèle qu'ils appellent neo-patronage, c'est-à-dire que vous payez le livre au prix coûtant (cost) et que vous pouvez ajouter une contribution si vous le souhaitez.

Par exemple, pour Falling from the Sky, le prix coûtant est de 12$US (on parle d'un livre de 340 pages quand même!), soit environ 15$CAN. En euro, c'est presque donné : 9 euros et des poussières!

ASP accepte présentement les pré-commandes. En fait, cela les aide à payer les coûts de production et de promotion, la maquette, les bras qui, en bout de ligne, sont nécessaires pour assembler le tout.

Dites-le à vos amis :)

Ce projet est évidemment microscopique dans le monde de l'édition. Il ne bénéficiera pas d'une couverture de presse phénoménale, ne sera pas sur le Top 5 du New York Times, ni même à côté du nouveau Stéphane Bourguignon chez Renaud-Bray ou d'Amélie Nothomb à la FNAC.

C'est pourquoi j'apprécierais beaucoup que vous relayiez la nouvelle à ceux et celles que vous croyez capable d'apprécier ce genre de littérature hors champ. Évidemment, inutile de proposer ce bouqin à votre tante Clarisse qui rafole de Danielle Steel, elle risque d'être déçue :)

Journalistes à vos plumes!

On m'a aussi demandé de fournir le nom de médias susceptibles de vouloir recevoir une copie promotionnelle pour en faire la critique. J'ai pensé au Hour et au Mirror à Montréal, à un journal similaire disponible à Toronto duquel j'oublie le nom.

Mais si vous connaissez des médias, des blogueurs, des journalistes qui seraient intéressés par l'objet aux vertues fascinantes qui tombe du ciel (il paraît qu'il rend la vue aux aveugles et l'ouïe aux sourds, c'est pas des farces!), merci de le pointer par ici et il me fera plaisir de faire le relais avec Another Sky Press.

Vous êtes convaincu que c'est le meilleur achat que vous n'aurez jamais fait?

Pré-commandez Falling from the Sky maintenant :)

LivEvil2K — Aube, prise VII

KLM II : Journal de Morris

Nous avions tout prévu, de la musique qui nous guiderait jusqu'en Outaouais aux rafraîchissements que nous descendrions à vive allure, tout comme ce seize chevaux fulgurant, décapotable et capoté comme nous. Noir et violet comme il se doit, notre véhicule roulerait, violant toutes les lois possibles et imaginables, pour mettre du piquant à notre escapade inespérée, inattendue.



Je me glissai dans les corridors de l'HGL, telle une couleuvre sur la plage attendant patiemment que les bébés tortues échouent dans sa gueule. Le sarrau blanc me servant de déguisement masquait bien l'acte illégal que j'allais commettre. Je croisai l'infirmière de garde et lui demandai poliment de m'indiquer la salle de bains, prétextant une urgente envie de libérer ma vessie. Alors qu'elle pointa vers une direction X, j'appliquai un mouchoir imbibé de formol sur sa bouche et, comme elle se débattait frénétiquement, je lui assenai un coup de crosse de 12 derrière la tête, facilitant illico ma tâche frauduleuse. Tel qu'annoncé, la marre rouge gluée à l'arrière de sa tête la rendait effectivement plus belle.

Après l'avoir dûment sodomisée, nécromancien illuminé par saturne que j'étais, j'enfilai son uniforme puis, je la laissai pour morte dans un bac à linge souillé. J'en profitai pour me chapeauter d'une perruque blonde, remplit de serviettes le soutien-gorge que j'avais emprunté à Gwendolyne, maquillai mes yeux et ma bouche, et pressai le pas vers la chambre 201.



Alors que j'allais pénétrer dans ladite chambre, je croisai la nymphomane sexagénaire, insomniaque, et lui adressai la parole en ces termes : «Que faites-vous debout à cette heure si tardive?» Contente que je m'intéresse à elle, elle me répondit qu'elle attendait que le concierge de nuit passe par ce corridor pour lui suggérer une fellation digne de mention. J'échappai un rire étouffé et m'infiltrai dans la chambre de Karl.

Le septuagénaire cancéreux ronflait à poings fermés, ce qui facilitait mon ouvrage. Karl, assoupi, avait rangé ses affaires dans un sac (comment avait-il fait?) et je n'eus qu'à lui tapoter l'épaule pour que ses yeux s'illuminent. Rassuré par l'état de Karl, je me précipitai dans une pièce où j'avais entrevu quelques civières vacantes, chose rare dans les hôpitaux québécois.

Alors que je faisais le chemin inverse, le gardien de nuit m'interpella : «Hey! Où tu t'en vas?» Je lui répondis nonchalamment qu'un client devait être transféré d'urgence à la salle d'opération, qu'une trachéotomie était nécessaire. Ses yeux s'écarquillèrent, mais il ne répliqua rien.

Karl semblait nerveux, il avait hâte d'être libéré du joug hospitalier. Je l'installai malaisément sur la civière, engendrant un bruit sourd qui nous effraya. Mais personne ne réagit, aucune alarme ne sonna, et nous en fûmes rapidement rassurés jusqu'à ce que la sexagénaire, interloquée, me demande : «Où amenez-vous ce viril?» –– «Je m'en vais lui faire une pipe, c'est urgent.» Elle trouva mon argument fort raisonnable et nous poursuivîmes notre périple sans peine. Ne restait plus qu'à franchir l'infranchissable, soit la dernière porte menant à l'exode.

Arrivés devant le poste du gardien de nuit, il m'interrogea de nouveau : «Ton patient, y'é pas s'posé être sur une table d'opération?» Je répondis que oui, mais que le chirurgien n'était pas présent et que je prenais le client sous ma responsabilité. Il rétorqua que j'avais besoin d'une autorisation spéciale, signée par ledit chirurgien, laquelle je n'avais évidemment pas.

C'est alors que le temps sembla ralentir, que j'entendis des paroles quasi inaudibles, qu'une lourde décharge se fit entendre et que, malgré moi, Karl et moi nous sommes retrouvés dans le bolide fulgurant, esquivant les chauffeurs du dimanche sur la 20 ouest.



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Ripplegroove à la Galerie Rouje

Message de Philippe Cyr (Jazz mon char)

Bonjour à tous,

Je tiens à vous inviter au premier concert des productions Québec Nu-Jazz de l'année 2007.
Le concert aura lieu encore une fois à la Galerie Rouje, 228 St-Joseph Est à 23h00.

Cette fois-ci, nous présentons Ripplegroove, formation basée à New York qui est composée d'une batterie, d'un orgue B3 et d'une guitare. C'est un trio alimenté par la musique rock et progressive mélangée au groove de Soulive !!!

La première partie est encore assurée par le groupe québecois Totem Bonhomme. Ils ont renouvelé leur répertoire et nous surprendrons à nouveau c'est garanti !!!

Réservez vos billets au www.qnj.ca, 10$ en prévente et 12$ à la porte.

RAPPEL :

Ripplegroove et Totem Bonhomme

26 janvier 2007 à 23h00,

Galerie Rouje, 228 St-Joseph Est

10$ en pré-vente, 12$ à la porte

Snoop: Leave Da Brother Alone, les commentaires de Mivil

Mivil m'a écrit :

J'ai écrit aussi sur le Voir, mais mon commentaire n'a pas paru, la raison du rejet (détail) :

Malheureusement, notre équipe de validation n'a pas pu accepter votre commentaire pour le motif suivant:

VOUS DIALOGUEZ AVEC UN AUTRE MEMBRE.
Prière de soumettre un nouveau commentaire qui ne soit pas exclusivement adressé à un autre membre. Ceci n'est pas un forum.

Voici le texte :

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Ghetto fiction
Je ne peux que souscrire au commentaire de LeRoy May.

Le rap a été, au départ, un instrument puissant de prise de parole, comme l'ont été avant lui le rock, le blues etc. etc. Il décrivait une réalité sombre qui était et reste le quotidien de plusieurs.

Cette forme d'art de " la rue " est maintenant largement commercialisée, et représentante un marché immense à l'échelle mondiale. Alors que pour certains artistes, le rap reste un moyen d'expression et de dénonciation, pour les vedettes telles Snoop Dogg, le commentaire personnelle du départ a évolué en une sorte de "Ghetto-fiction".

Snoop Dogg est un personnage, sans plus. Il est cool, il baise des filles avec ses chums, il fait partie d'un gang, il a des guns, des diamants, des cadillacs, la meilleure herbe d'Amérique, boit du champagne le matin et tapisse sa salle de bain de billets de 1000$. C'est de la musique, un symbole, une mise en scène, un film...

Va t'il falloir expliqué encore longtemps au gens qu'Ozzy Osbourne ne mangeait pas pour vrai des chauves-souris en concert ?

La vraie question à se poser est celle de la raison de sa popularité. Selons moi, comme pour d'autres formes de musique (métal, rock etc.) le hip hop s'attaquent aux tabous, il offre un espace de liberté contre-morale. Les gens comme Snoop Dogg matérialise un phantasme de puissance et d'édoniste pour une jeunesse au prise avec une société moralisante et austère.

Ils ont en plus l'avantage de le faire sur une musique qui groove...

Pour les gens qui s'en offusque, il serait peut-être pour eux le temps se rendre compte qu'ils font peut-être plus partie du problème que la solution.

Comme nous l'enseignait George Clinton, un précurseur du hip-hop :

''Free your mind and your ass will follow.''

Des Nouvelles de moi

Je vous ai abandonnés. Seuls. Dans la jungle. Aux prises avec d'intolérants sodomites.

La vie rattrappe parfois la fiction. Ma non-fiction oscille entre la rage familiale et la béatitude du cerveau à off. Désolé de mon silence des derniers jours.

Pour votre divertissement intellectuel, je vous propose :

Soyez bons!

21.1.07

LivEvil2K — Aube, prise VI

Rencontre avec Mariá. Journal de Maïté II

Je me préparais tranquillement à ma soirée avec Gerry. Je voulais lui en mettre plein la vue, car Avicennes sait si je le désirais depuis longtemps : sa moustache me faisait trépigner d'impatience dans l'attente de ses baisers doux, vifs et circoncis, son torse musclé me faisait fantasmer depuis notre dernière baise, sans parler de ses cuisses de tennisman gonflées à bloc par les stéroïdes. Pour un scribe, Dame Nature l'avait foutrement bien modelé!

Pour l'occase, j'avais parcouru les boutiques du Marais, les galeries Lafayette (en vain); je m'étais arrêtée dans le 6e arrondissement au Garage, où j'avais trouvé quelques chemisiers sexy épousant mes formes et courbes comme si elles m'eussent été prédestinées. Au Miss China, dans le 2e, je m'étais extasiée devant quelques tenues aux allures asiatiques jusqu'à ce que j'arrête mon choix sur quelque pantalon noir s'arrêtant au genou, la chaînette à la cheville que je porte rarement faisant office de dernier obstacle au dénudement que j'anticipais déjà si tôt dans l'après-midi...

Pour ne pas rater ma chance, je m'étais donnée une journée complète de shopping : mes culottes, usées par de trop nombreuses nuits torrides, prirent un aller simple vers la poubelle; mes bas ne méritaient plus d'être appelés ainsi depuis belle lurette. C'est alors que je pris le parti de participer pleinement au monde de la consommation. Je m'épris d'une boutique de lingerie fine où je me soulageai de quelques milliers de balles. Il me restait à trouver un salon de coiffure abordable et une paire de chaussures.

Mes cheveux effilochés n'avaient plus de volume; ma repousse, affreuse, me donnait un air de catin, que les dégradés de blond et de brun rendaient risibles : «On te dirait sortie des années 80!», me dis-je en riant jaune.

Trouver un salon de coiffure abordable, sympathique et efficace n'est pas chose facile dans la Ville des Lumières. Ici, où tout semble artifice et façade, on est loin du laisser-aller et de la bonhomie du nouveau continent. Mais avec force volonté, je dénichai une perle du côté de la Gare de l'Est. Une jeune Marocaine dans la vingtaine, aux yeux pers et aux lèvres charnues que quelques anneaux ornaient, m'accueillit comme si j'eus été sa cousine perdue de vue depuis 10 ans : «Bonjour mademoiselle!», me lança-t-elle, joviale. Je fus surprise d'un tel accueil, car mon allure déglinguée ne sollicitait pas tant d'empathie, surtout dans une ville aussi guindée que Paris. Cela dit, le quartier de la Gare de l'Est n'est pas le plus huppé des arrondissements parisiens.

Telle une cliente chez un psy, je lui racontai mon histoire, mes dépenses folles, ma rencontre tant attendue avec Gerry, etc. : les coiffeuses, bien qu'elles ne soient pas titulaires d'un diplôme en psychiatrie, font souvent office de thérapeute, d'où le pourboire généreux que je comptais lui laisser. «Je sais exactement ce qu'il vous faut. Une coupe courte, dégradée en arrière. La physionomie de votre visage s'y prête à merveille. Montrez-moi vos chemisiers.» J'obéis docilement, stupéfaite devant son enthousiasme exagéré. «Je vais teindre vos cheveux noir jais, y glisser quelques mèches bleu foncé, et votre Gerry ne saura vous résister.»

Je ne savais pas comment réagir. Je me confondais en mille remerciements désespérés. J'allai même jusqu'à lui dire : «Merci docteur!» Elle continuait son discours sans relever mes remarques : «Si vous le voulez bien, je passerai chez vous ce soir et vous maquillerai subtilement, pour mettre vos traits en relief. Vous verrez, vous serez à croquer!» Ébaubie, je souris timidement, signifiant mon accord.

Lorsqu'elle cogna à la porte de ma chambre d'hôtel (la 101), je venais à peine d'ajuster mon porte-jarretelles. Je me promenais seins nus, admirant ma silhouette que je ne reconnaissais pas grâce aux coups de ciseaux magiques de cette fabuleuse Marocaine. J'ouvris en attachant malhabilement mon chemisier, laissant poindre le souti de dentelle pourpre que je m'étais procuré plus tôt dans l'après-midi...

LivEvil2K, work-in-progress
© 1996 - 2007 LeRoy K May
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19.1.07

Conversation entre K et un répondeur

Votre appel a été transféré à un système de traitement de la voix :

Lignes électriques

n'est pas disponible. Au signal, veuillez dicter votre message.

Salut vieille couille de ventilateur, c'est l'aspirateur en forme de styrofoam. C'était pour te dire que les livres traînaient dans la compote et que si la tendance se maintenait, la fourchette dans la bol pourra essuyer le livre de Jean Echenoz qui, sous la lumière qui surplombe dans mon lampadaire, te dit bonjour à traver l'écran bleu de ma télé vieille de 10 ans.

  1. Si vous êtes satisfait de votre message, appuyez sur le 1.
  2. Pour entrendre votre message, appuyez sur le 2.
  3. Pour effacer et enregistrer de nouveau, appuyez sur le 3.
  4. Pour poursuivre l'enregsitrement à partir de l'endroit où vous vous êtes arrêté, appuyez sur le 4.

Désolé que vous ayez des difficultés. Votre message a été envoyé. Au revoir.

LivEvil2K — Aube, prise V

Escape From HGL : Journal de Morris

Mais hélas, tout n'est pas de bleu. Revenons à nos moutons...



La chambre 201 du Centre Hospitalier Aquatique (car, comme on le sait, il est très à la mode de renommer les hôpitaux et de rafraîchir leur pseudonyme pour les ajuster au goût de l'heure...) respire autant la mort malgré ce léger changement de toponymie. Précise-t-il vraiment la nature et les fonctions dudit établissement? Sert-il plutôt à employer quelque illuminé se donnant pour mission la renomenclature systématique des asiles modernes? Nous nous égarons de nouveau...

K, de par le tube qui lui sort du nez, respire mal aisément (...) et cherche son air, comme on dit. Pourtant, l'envie me tracasse et tenaille mes tripes lorsque je le vois déchéer ainsi, accroché presque artificiellement à la vie comme on se pique pour tout laisser aller pour le meilleur et pour le pire, l'envie de le libérer du joug érigé en Vert, celle de rompre avec la passivité et d'entrer dans l'action, maintnow, pour que des remords ne contraignent jamais ma conscience; l'envie de passer un après-midi chaud et venteux sur la plage à boire par grandes vagues des Rhum & Coke et à fumer des Dunhill inexpressément; à nous élever plus haut que l'âme humaine et nous laisser dériver à même la mer si proche et si vive où s'écrase la boule de feu qui cède le pas nuitamment à notre satellite.

Je ne manque pas d'imagination lorsqu'il s'agit d'inventer des scénarios d'évasion dignes des plus populaires et insipides navets de Hollywood. Mais je cherche toujours le moment parfait pour exécuter cet acte malgré moi illégal. Qui connaît mieux K? Cette bande de médecins de 22 ans ou son ami, fidèle comme un chien sans médaille? Cette question rhétorique m'incite à passer à l'action, si K le veut bien, car lorsqu'on s'échappe d'un hôpital dit psychiatrique...

L'imagination déborde aussi concernant la procrastination, cette lâche et vile façon de tout délayer, de remettre à demain ce qui est dû depuis trop longtemps... évidemment, nous ne pouvons parler à voix haute de notre dessein, puisque dans ces refuges où cohabitent maniaques et gens bien ordinaires survivent toujours les plaisirs de la médisance et du qu'en-dira-t-on. Malgré l'aspect fort près de la mort de ces compagnons de galère involontaires, certains d'entre eux gardent l'oreille vive et l'oeil rapide : la délation, faut-il croire, en attire encore...

Le fantomatique K, croyez-en mon diagnostique, n'a ni la force ni le désir immédiat de quitter son plus récent « appartement », car la drogue finit par avoir son homme, tous les hommes. Certains la fument, d'autres la boivent, mais les plus chanceux la dévêtent... Je puise en moi l'énergie nécessaire pour insinuer le plus clairement et subtilement possible à K que ce soir, nous nous enfuirons de tout, surtout de la morphine, nous nous éloignerons du monde pour vivre dans le Nôtre, hors de toute atteinte et visiblement plus sain que cette porcherie belle comme une ambulance dans un supermarché.



Voici comment je procéderai : je volerai une tenue d'infirmier après avoir doucement battu une stagiaire, pour la rendre plus belle; j'emprunterai une civière et y déposerai K, comateux averti valant bien un ministre; l'électricité mourra par ma faute et nous nous évaderons doucement de LaSalle-sur-le-fleuve rejoindre la rivière de notre enfance.

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LamelyOlga

Tonté tatil otétatou
Tel Jululice tétan
Jourénui sonaméli
Matri séternel ébelkom

Lolga famenfan
Lolga maternel
Lolga fameros
Lolga magnifik

Komun feusovaj desatin
Lamer koulen rivierda
Mourancéfamerveyeuse
Kibriy soulézastr efemer

18.1.07

Après le Festival de Romans, le Festival Gromanche!

Vous vous rappelez du canular de la Flandre qui voulait se séparer de la Belgique? C'était des amateurs.

Le Festival de Romans s'est fait parodier par une gang d'heureux illuminés.

Ils ont créé le Festival Gromanche de la talenterie sur Internet : du pur bonheur :)

LivEvil2K — Aube, prise IV

Pour Jack.

Quai des brumes : Journal de Maïté

En attendant Gérard, je plonge au fond des maux. J'allume une cigarette et fais tournoyer sa cendre au-dessus du cendrier. Ce dernier, enrobé d'une lumière diffuse provenant des chandelles allumées ici et là dans le bar, est fait d'une vitre opaque blanchâtre, presque grise. La cendre semble vouloir y tomber. Elle oscille entre la stagnation rassurante et le désespoir éperdu dans lequel elle pourrait sombrer. D'un léger coup de tête, elle chancelle : son dernier refuge, le cendrier. Langoureusement, il l'attend, afin d'emplir sa solitude.

La fumée, d'un bleu strident, crie une mélodie nègre de New York où les musiciens noirs étalent leur misère, leur savoir-faire. Partout dans le bar, le smog envahit les corps empêtrés, tous suspendus devant un café noir, une bière brune, un alcool blanc. Une jeune femme, habillée de gris et de noir, pénètre dans le bar, pipe au bec. Elle regarde furtivement devant elle, espérant rencontrer un regard apaisant, et se dirige vers le fond de l'établissement. Son corps, difficilement perceptible, marche de façon aléatoire, avance, recule, fait un pas de côté, prend une autre direction, fait un second pas de côté. La femme inspecte de nouveau la salle. Arrivée au bar, elle s'y assoit et commande une Kronenbourg. L'accumulation de fumée m'empêche de la voir complètement. Je regarde la vacuité céleste : on me chuchote que les musiciens du Death Tone arrivent.



Ian Butler, muni de sa clarinette basse, salue la serveuse. Il lui dit que l'amour plane comme une feuille d'olivier sur une tombe. Elle lui lance un regard fugace, ne prête aucune attention à ses insipides propos. Ian enlève son chandail couleur ambre. Il ne porte plus qu'un t-shirt mauve, arborant les mots Dark Alley. Il lèche son anche, l'insère dans le bec de sa clarinette, fixe le bec au corps de son instrument, puis se dirige vers le bar où il embrasse la jeune fille buvant sa Kronenbourg. Elle se nomme Manú, me susurre-t-on à l'oreille. Elle le reconnaît, lui fait une accolade. Je crois qu'elle lui sourit. Elle lui offre une bière, qu'il prend volontiers. Elle se retourne vers moi, plisse les yeux, essaie de voir à travers les nues bleues. Elle n'y parvient pas.

Christian Jorgenssön fait son entrée. Il n'a l'air de rien, c'est-à-dire qu'il n'a pas l'air musicien. Plutôt, il ressemble à un oncle que l'on ne voit qu'une fois l'an, soit au réveillon de Noël, soit à Pâques. Ses cheveux, peignés sur le côté, transpirent la graisse. Sa chemise blanche, presque transparente, détachée jusqu'au troisième bouton, fait voir la masse de poil collée à sa poitrine. Il salue la serveuse, lui dit que l'amour s'écoule de sa bouche comme d'une fontaine ; elle lui sourit, ou me semble du moins le faire.

Christian assemble sa trompette et en fait gémir quelques notes pratiquement inaudibles. Elles semblent lui plaire, et lui aussi paraît sourire. La batterie de Paul McGwire est déjà en place sur les planches du petit amphithéâtre. Il arrive, les cheveux au vent, très enthousiaste. Il échange quelques poignées de main avec des amis, que je ne connais pas. Il salue la serveuse et lui dit que l'amour est une forteresse hors d'atteinte ; elle rit faiblement et marche en ma direction.

Pénétrant dans l'antre de perdition qu'est le Yardbird Suite, Norm Langford et sa contrebasse. Il l'accorde, affiche un air anxieux, ne sourit pas, ne parle à personne, attend impatiemment que ses musiciens se joignent à lui afin d'entamer la première pièce de la soirée : Now's the Time.



Enfin, Gérard se pointe à ma table. Ses dents jaunies par un nuage de nicotine sont cachées derrière un timide sourire. Sa moustache finement taillée donne un éclat surprenant à son visage, habituellement terne, voire lymphatique. Ses cheveux brun-roux, tout ébouriffés, me font esquisser un fin sourire.

Il porte un bandeau noir, ce qui met en relief sa crinière endiablée. Il me dévisage d'une grimace-sourire statique ; à quoi pense-t-il? Je ne le sais pas et ne daigne le lui demander. Comme si je n'étais pas assez complexée par l'omniprésente brume, il s'allume une cigarette, une Chesterfield je crois. Cette dernière crée chez moi un aveuglement quasi total : à peine puis-je l'entrevoir dans ce capharnaüm d'exhalaisons. Je me résigne donc à utiliser mes autres sens, mon ouïe, mon toucher, mon odorat : mes yeux me sont maintenant chimériques.

La serveuse me demande ce que nous voulons boire. Je fixe momentanément sa poitrine : elle porte une blouse noire très serrée, ce qui met en évidence son buste, particulièrement ses deux mamelons. Je détourne mon regard. Comment ai-je fait pour voir ses mamelons ? La brume se serait-elle dissipée? Il semble que oui. Peut-être n'est-ce qu'une illusion : après tout, on voit bien ce que l'on veut bien voir... Le regard de la serveuse s'immobilise sur moi. Elle rit sardoniquement, elle s'impatiente. Gérard cligne des yeux : la fumée. Il joue dans ses cheveux, m'envoie un baiser soufflé. Sa bouche forme un cercle parfait, pareil au goulot d'une bouteille. Je commande deux 1664.

L'insolite beauté installée au bar regarde dans notre direction, allume sa pipe. La serveuse, tout en apportant nos bières, me dit que Manú aimerait bien se joindre à nous. Gérard n'y voit pas d'objection, moi non plus. Elle s'amène lentement, se laisse désirer.

Elle se nomme Manú, vous l'avez appris plus tôt, en même temps que moi. En pleine brousse albertaine, j'assiste à un concert de jazz, 10203 86th Avenue. Il y a Gérard, vous l'avez rencontré plus tôt. Il y a Manú, cette étrangère aguichante qui ne connaît pas le passé des nuits sombres et ombrageuses (du moins, c'est ce que je crois), jazzées par l'effusion émanant des cuivres et des percussions aphrodisiaques de ce band déchaîné nommé Death Tone.

Il entame donc sa première pièce, Now's the Time, une composition de Parker, un hymne à la révolution complète. Un hymne à la noire révolution, à la liberté, à tout ce vers quoi je tends, à tout ce vers quoi vous tendez, du moins, j'ose l'espérer. Ce n'est certainement pas en remplissant mon devoir de journaliste que j'y accéderai (à cette révolution), mais, en attendant, je me contente de voir, de sentir, d'ouïr, pour ne pas dire, voire commettre le lapsus qui consisterait à ajouter un « j » au mot ouïr...

Après le crapuleux meurtre perpétré le Xième jour du Xième mois de cette sainte année mil neuf cent X, celui où un jeune poltron a assassiné un propriétaire de Pizza 2=1, mon patron, un vaurien, sûrement inspiré par la pleine lune (comme à son habitude), m'a envoyée bien loin dans la faune edmontonienne sur un simple hunch, un pressentiment : «J 'ai l'feeling qu'il s'en va vers l'Ouest. C'est ben connu, les jeunes partent tout' vers l'ouest, vers Vancouver, capitale du punk-rock qu'z'appellent ça. Moé, j'comprends rien là-d'dans, le punk-rock. C'est du bruit de drogués, de dégénérés. », m'a-t-il postillonné au visage de son air je-sais-tout, car il ne connaît sûrement pas le mot omniscient, de son air dans-mon-temps-c'était-ben-mieux, et bla bla, et bla bla.

Donc, obéissant à son impératif, je m'envole vers la belle capitale de la drogue, comme il aime tant l'appeler. Je manque mon avion, roule sur mon pouce, me ramasse dans un trou à Edmonton où, heureusement, j'ai des contacts. Gérard est journaliste au Edmonton Tribune, un journal pourri mais bon, faut ben vivre. On a fait connaissance à Montréal dans un cours de littérature, Poésies II, où l'on étudiait les oeuvres de Paul-Marie Lapointe, Gérald Godin, Gilles Hénault, et j'en passe. Bref, Gérard est un joli mec qui baise bien, qui a un bel appart à Edmonton Beach et dont l'accent français, charmant, ferait défroquer les plus pieuses des nonnes.

Manú, rousse comme une Dos Equis, n'attend pas les un deux trois et claque à qui mieux mieux sur le deux et le quatre, sur les up beat comme on dit dans le milieu, ce qui m'impressionne. Elle me regarde de ses yeux brillants qui parlent ainsi à mes sens : «Ça m'prendrait pas grand-chose pour te traîner dans mon appart ; j'te f'rais la passe du canard qui tousse, d'la brouette québécoise ; Debby Does Dallas deviendrait Manú Does Maïté from Sainte-Dorothée.» Tout ça en l'espace d'un clin d'oeil emboucané, merci beaucoup.

Puis, comme si Norm Peterson pénétrait chez Cheers, le célèbre bar de Boston, Mr. PC, comme tout le monde aime le prénommer au Yardbird Suite, fait son entrée, assez fulgurante d'ailleurs. Il s'assoit à notre table, embrasse Manú, fraternise avec Gérard, m'embrasse, je ne le connais pas, du moins, je ne le crois pas, je ne suis pas sensée le connaître. Ça me fait esquisser, de nouveau, un on ne peut plus fin sourire.

Après avoir joué Mr. P.C., chanson dédiée au bassiste du fameux quartet de John Coltrane, Paul Chambers, et à Mr. PC lui-même ici présent, Death Tone prend une pose bien arrosée de Straight no Chaser, s'il vous plaît.

Snoop: Leave Da Brother Alone

Suite à l'interview d'Olivier Robillard Laveaux avec Snoop, le commentaire de votre tout dévoué.

L'intervieweur, Olivier Robillard Laveaux, l'a bien cherché. Ça prend pas une 100 watts pour comprendre que l'homme et l'artiste font deux, comme "je est un autre".

Que l'artiste s'inspire de sa vie pour écrire ses tubes, soit. Les tubes inspirent-ils la vie? Peut-être. Mais de ramener la vie de l'artiste dans la conversation était une grave erreur. Pourquoi sommes-nous tant fascinés par ce que vivent les artistes au lieu de s'intéresser à leur art?

En littérature, l'école structuraliste nous enseigne à ne pas confondre biographie et oeuvre : ce n'est pas nécessairement parce que Baudelaire avait des problèmes amoureux qu'il écrivait des oeuvres déchirantes. Peut-être était-ce le contraire.

Les gangbangs et la fillette de Snoop n'ont rien à voir. L'intervieweur aurait très bien pu parler de ses nouvelles chansons, de les comparer à ses vieux hits, de parler de sa collaboration avec Justim Timberlake, avec 50 cents, etc. Il a préféré faire le journaliste moralisateur. Je lui aurais aussi raccroché au nez.

Bref, c'était une erreur de rookie.

Faut pas mélanger les oranges et les pommes...

Peace. Love. Harmony... and Snoop :)

17.1.07

Merci pour vos votes/Thanks for your votes!

Je tiens à remercier tous ceux et celles qui ont voté pour moi. Ça fait vraiment chaud au coeur.

Si vous n'avez pas eu le temps de voter et désirez le faire, vous pouvez encore voter jusqu'au 20 janvier!

I would like to thank everyone who voted for me. It's really heart-warming.

If you didn't have time to vote yet but want to, you can still vote until the 20th!

LivEvil2K — Aube, prise III

KLM : Journal de Morris

La chambre 201 de l’Hôpital des Grands Lacs (ou HGL) abrite K, comateux révolté. Il ressasse nombre d’images, tant autobiographiques que fictives, qui revivent dans sa mémoire disjonctée par la drogue : la morphine, etc. Les souvenirs et fantasmes se mêlent sans que K ne sache différencier le vrai du faux. Mais je ne saurais me laisser berner par ce vieil ami qui, sur son lit de mort, s’attaque à sa mémoire comme on viole l’intimité d’un jeune homme se masturbant à la chandelle.

Cette chambre semi-privée respire la mort, bien entendu. Vous n’avez qu’à vous rappeler vos nombreuses visites hospitalières pour comprendre que le vert hôpital ne sied nullement au rétablissement des chroniques désabusés. Les fleurs en plastique n’inspirent guère autre chose qu’un mépris pour la nature, qui nous a mal foutus, après tout. Car, comment expliquer que K, idéaliste et aventurier s’il en fut, qui a fait le tour de l’expérience que l’on nomme vie, à l’affût de découvertes et de science, ait comme dernier compère de galère un septuagénaire dégoûtant crevant du cancer?

Ce co-loque, contrairement aux aînés dont la mémoire éveille nos plus jeunes bonheurs, ne fait que s’enliser dans le climat déjà sordide de la chambre 201 : il pue la merde, sacre à tout bout de champ, se mouche dans ses draps et râle comme un loup quadraplégique. Heureusement, un grand rideau blanc sépare K de cet être dégueulasse, qui me fait envier les odeurs de bouffe thaïlandaise qui émanent des murs de mon 4½ sur Marie-Anne.

Un autre drôle se promène dans le corridor au volant de sa chaise électrique. Il klaxonne arbitrairement, évite des passants fictifs et brûle les feux rouges de sa délirante folie. Tout dépeigné, comme c’est la mode dans les grands hôpitaux du monde, il s’assure que le coulis de bave qui arpente son menton dégouline jusque par terre pour que les employés à temps partiel ne se plaignent pas d’un manque de travail (le syndicat froncerait des sourcils...). Puis une infirmière toute de vert vêtue (obviously) s’écrie Monsieur Hurtubise! Retournez dans votre chambre. Vous dérangez les visiteurs, inconsciente de l’état d’esprit absent de sieur Hurtubise, qui nage dans sa salive depuis huit heures et demie. On se demande même s’il comprend ce qu’il voit, ou encore où il est, tellement son regard apeuré nous fait penser aux yeux terrifiés d’un orignal sur la 117, une Camaro de l’année s’apprêtant à le happer.

Puis il y a la coquette qui cruise tout ce qui bouge dans son peignoir rose grand ouvert, évoquant le temps des cerises et son roman préféré : Histoire d’O, duquel elle déclame les passages les plus représentatifs selon son expérience qu’elle dit «personnelle» :

Désormais, huit jours durant, entre la tombée du jour où finissait son service dans la bibliothèque et l’heure de la nuit, huit heures ou dix heures généralement, où on l’y ramenait –– quand on l’y ramenait –– enchaînée et nue sous sa cape rouge, O porta fixée au centre de ses reins par trois chaînettes tendues à une ceinture de cuir autour de ses hanches, de façon que le mouvement intérieur de ses muscles ne la pût repousser, une tige d’ébonite faite à l’imitation d’un sexe dressé. Une chaînette suivait le sillon des reins, les deux autres le pli des cuisses de part et d’autre du triangle du ventre, afin de ne pas empêcher qu’on y pénétrât au besoin.

À maintes reprises l’a-t-on vue sur le bord de l’orgasme, se frottant sur le rebord d’une fenêtre et riant d’un apocalyptique crie sonore, lorsqu’on la prenait en flagrant délit de jouissance. Elle s’en était prise au plus viril de ses co-loques, maniant la verge avec une dextérité peu commune pour une dame de soixante-quatre ans.

Parmi cette horde de fous, K ne pouvait cacher longuement le rictus qu’il affichait : il savait très bien que son tour viendrait, qu’il en prendrait pour son rhume et que lui aussi deviendrait la risée de ses plus jeunes co-loques et clients (eh oui ! nous ne sommes plus que des «clients»...) de l’HGL; mais, pour l’instant, il avait le beau jeu : une Royal Flush et les manches pleines d’as.

Comment K pouvait-il guérir de sa terrible maladie parmi cette dite horde de fous? Quotidiennement, je me posais cette question et tentais vainement d’y répondre. J’aurais pu m’infiltrer à des heures plus que matinales dans l’HGL, et le délivrer de cet antre de perdition; je l’aurais assis confortablement sur sa chaise roulante blindée, et roulé à toute vitesse dans les corridors suintant la pisse; dans ma Camaro de l’année, je l’aurais installé, et nous aurions roulé jusqu’à Val-d’Or sur la 117.

À la tombée de la nuit, je me roulais un dernier spliff et me disais Tonight’s the Night. Mais dès que l’étoile polaire scintillait sur mon pare-brise, j’imaginais les gyrophares policiers rouge supplice, j’entendais la sirène du dernier jour qui chantait au loin sur les rives de la rivière des Outaouais; inévitablement, elle entraînait la carrosserie de mon véhicule vers l’avacuité de mon royaume, où règne le bleu, où la mer profonde habitée d’hippocampes et de bélugas m’accueille en roi; limpide, le calme éructe à 360 degrés; cette lave bleue qui tapisse les murs de mon royaume...

À priori, je te vois, K, de bleu submergé; les eaux réparatrices redonnent de l’éclat à tes yeux, de la couleur à tes joues et de la folie à tes cheveux bouclés bleus frisés et follement heureux de vivre!

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© 1996 - 2007 LeRoy K May
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Inclut l'image K Bleu : œuvre conséquente
© 10.12.2000, Thierry Vendé
Œuvre originelle : © Bruno Deshayes

15.1.07

Téoutéki, tatoukompri

tatoukompri kaprè l'avalanchienne se tortille
laiman toutotour démo kochons zévrè

téoutéki sirenamiga
sienna mia

toutétakomprende soulé maux dejupons
fendus a lent porte-piasses :
cé danla croup koné blindé

14.1.07

LivEvil2K - Aube, prise II

***


Le Kor Griffè a parlé. Sachez qu'il en sera ainsi jusqu'à la fin de cette prose pestilentielle, guidée entre autres par le rythme du hip hop. Vous serez mené par ce corps déchiqueté et, si votre raisonnement se heurte à plusieurs points d'interrogation, so sorry ! Cette introduction, cet aparté, où conduit-t-il et surtout, où veut-il en venir ? Jamais de question plus difficile ne fut posée. L'oreille ouverte, les sens à l'écoute, la vie au bord du coeur : libérez-vous de vos inhibitions et plongez aveuglément dans ce dédale de maux. Généralisons : le lien intime qui relie une partie de baseball et de fesses, un rythme indéfinissable et une mélodie sourde, redondante, qui passe et repasse sans avertir, déambulant tel un génie aérien sans arrière-pensée, spontané : trêve de généralités.

Un jeune homme dans la vingtaine se sauve avec un sac contenant une bouteille de Jack Daniels et deux onces de marie-jeanne. Il n'a ni but, ni espoir, sinon celui de vivre pleinement, sans limites et sans conventions. Il se moque d'à peu près tout, sauf peut-être de la musique, que ce soit de l'atonal, du baroque, du blues, du classique, du grunge, du jazz, du punk, du rhythm & blues, du rock, du techno, (remarquez ici le rationnel ordre alphabétique), il s'en contre-crisse éperdument et c'est tant mieux. Ce qui le fait bander, c'est le rythme, toujours le rythme, que ce soit le Mahavishnu Orchestra, Miles Davis, Kurt Cobain, Jimi, l'éternel Jimi, Steve Coleman (il lui a serré la main), bref, le rythme sous toutes les formes possibles.



Il ne se limite pas au platonique 4/4, il s'étend sur des vagues iconoclastes, passant du 7/4 au 17/8 avec une facilité déconcertante. Ce qu'il préfère, c'est le live, le rythme live, le vibe diront certains. En quelque sorte, il est pris dans le vibe, et c'est tant mieux. Car qui a vécu le vibe ne veut pas en sortir. Il veut le vivre à perpétuité ; il se construit un univers, incompréhensible pour certains, apparemment issu de l'abstraction mais toujours concret dans son état d'âme le plus pur. En fait, c'est un trip complexe, jamais dénué de subtilités, toujours reconstruit, différant à chaque reprise, s'accroissant infiniment, de chaque note, chaque schème rythmique ; il accentue constamment le deux et le quatre, et seulement parfois se permet-il de déhancher sur le un et le trois, sans jamais se pervertir à danser sur le mauvais beat, car le rythme est démoniaque. Voilà pour les prémisses de ce texte mouvant et incertain, en construction, ne se limitant à rien, désirant tout embrasser, pour le meilleur et pour le pire.



Ah ! Man...

Ce jeune homme se sauvant avec une bouteille de Jack Daniels et un sac de deux onces de marie-jeanne a tué quelqu'un, quelqu'un qui, selon plusieurs critères, ne méritait pas de vivre, se moquait des détails de la vie, et ne vivait que pour une chose : son commerce. Et là, certains me diront, sans verser dans la peste nouvelle, la rectitude politique : Man, who the fuck are you to judge people's values?. Et moi de répondre : "Je juge qui doit être jugé, selon mes règles, selon l'entendement que j'ai pris avec le tout-puissant, mon tout-puissant, c'est-à-dire moi-même, the one and only, l'égoïste trinitaire me-myself-&-I, le maître de la cérémonie". Mais encore, suis-je objectif ? tonitrueront certains. Non, pas vraiment, mais je ne désire point tendre à l'objectivité, je n'ai que faire de cette chimère. Je tends vers la subjectivité pure, vers l'univers des possibilités. Si je n'évoluais pas, à quoi bon écrire ce texte, à quoi bon se sauver avec une bouteille de Jack Daniels et un sac de deux onces de marie-jeanne ?

Y a-t-il un état plus plat que celui de la certitude, qu'elle soit intellectuelle ou amoureuse, voire la certitude d'exprimer la vie ? Vous le demandé-je ? Non, ce n'est qu'une question rhétorique. C'est pourquoi je décide de repousser les limites, toutes les limites, celles vitales à l'homme qui se veut libre, du moins qui tente d'être libre, car le libertaire est souvent freiné par les ornières de ceux qui se veulent ses pairs...

Entrons maintnow dans la chair du sujet.

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LivEvil2K - Aube

Kor Griffè

— (...) Et dehors ?
— Dehors ?
— Dehors ! de l'autre côté de ces murs ?
— Il y a un couloir.
— Et au bout du couloir ?
— Il y a d'autres chambres et d'autres couloirs et des escaliers.
— Et puis ?
— C'est tout.

Jean-Paul Sartre


Large de neuf longueurs de lance, le couloir débouche sur une porte. Quel couloir, me manderez-vous ? Un couloir, that's all man. Il est indescriptible, il n'est qu'imaginable ou visualisable, rêvé, voire cinématographique. Il est ample, il est facile d'y manoeuvrer, il est ample, on pourrait dire qu'il y a une ample marge de manoeuvre pour y circuler, ce qui permet un certain va-et-vient entre les deux murs, parallèles.

Susurré dans le couloir, Ell&Il entend Dawn : le Mahavishnu Orchestra se prépare à faire crouler le toit. Un rythme effréné l'emporte vers le nord ; l'issue ou la porte, laquelle notre quidam meurt d'effroi, d'envie d'ouvrir. Ell&Il oscille, se rapplombe, perd l'équilibre et se précipite vers la poignée de porte qu'il tourne vers la droite, d'un mouvement sec, saccadé. Ce qu'il y a derrière cette porte, il se le demande, tout autant que vous. Il l'entrouvre puis la referme. Les membres du Mahavishnu Orchestra, comme s'ils étaient là, sur place, entrent en transe, alternent les solos, de la guitare au violon et à l'orgue, de John McLaughlin à Jerry Goodman et à Ian Hammer. Et le leitmotiv, que l'on se borne à appeler mélodie, se répète incessamment en trame de fond.



Prise deux. La grille s'ouvre, laissant poindre un latent filet d'aveu-glante lumière. Trois fauteuils vides. Gros plan. Un projecteur, un écran géant. Deux sujets endormis par terre.

Sur un beat hip hop, les personnages, projetés à l'écran, scandent :

— I don't THINK you'll FIND what you been lookin' for asshole.
— Oh yeah?
— Yeah.
— Fine, be that way bitch.
— Only WAY you'll FIND it zif you REALLY go through.
— Go through what?
— It. Yeah, IT.

Quasi neurasthénique, Ell&Il s'assoit et murmure le dialogue qu'il vient à peine d'entendre. Sobre en paroles, il le repasse muettement, secrètement, dans le labyrinthe de sa mémoire : I don't think you'll find what you been looking for asshole oh yeah yeah fine be that way bitch only way you'll find it zif you really go through go through what it yeah it. Il le fredonne sur tous les temps imaginables (3/4, 5/8, 7/4, etc.). Ell&Il déconstruit le rythme, le rebâtit, regroupe les phonèmes, les noires pointées, les sujets. Ah ! Non. Peut-être. Pas vraiment. Mais si, non, ce serait trop simple...

Langoureusement, les deux corps alanguis, étendus par terre, se réveillent, revêtent leurs fringues : ils ne constataient pas leur dénuement. Ils se regardent, avides de paroles. Une seconde mineure harmonise leurs voraces voix qui, goulues de dodécaphonie, déclament à tue-tête :

Ah !
Que la mosaïque couvrant mes globes oculaires s'estompe.
Nus et beaux, abreuveront-ils ma connaissance assoiffée,
[assouvie d'incertitude ?
Ce balconnet, cette incrustation de dentelle, bustée
[sur un édredon de satin,
lequel les bercent entre les faux murs d'un chimérique
[théâtre...
Pourquoi ce titanesque étalage languide,
et pourquoi m'appelles-tu de ton unique doigt,
[vision d'accalmie,
et pourquoi ce quidam, étouffé dans son rire, éreinté
[dans sa joie, traduit-il mon amour ?

Ell&Il croyait chercher l'or du temps, la fracture où l'homme devient vieux-jeu à son insu, par une tendance à l'ultramodernisme. Peut-être eût-il été tenté d'asseoir la vision d'accalmie sur ses genoux, mais tout lecteur averti le lui aurait interdit, sachant bien qu'il l'aurait trouvée amère. Contrairement à ce que vous pourriez penser, il n'est pas ici question de trancher entre le bien défunt et le mal à la mode, de flairer une immanente vérité and all that blah-blah-woof-woof. Nous recherchons plutôt la division entre le charme et l'ennui. En pleine grisaille d'or, il l'est : ne l'êtes-vous pas ?

Derrière la porte, il n'y avait pas grand-chose d'intéressant, si ce n'est ces deux êtres éperdus de sommeil qui, se réveillant, s'amourachent à la vie, la poétisent et la rendent, à leur yeux, plus belle. Mais encore ? Justement. Entendez-vous l'écho des pas perdus qui perdure sur les murs du corridor ? Large comme une lame de rasoir, la porte, derrière Ell&Il, assurément, se referme.

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13.1.07

gmc

roc de soufre aux mille nattes lattées
surprenante alcôve aux voies inavouables
sous les saules de l'onde voies lactée
célestes envolées aux fièvres louables

de méprisé pamoisant un congo prénuptial
obus d'ombre perfide qui songe aux décombres
innombrables de l'hydre perplexe des idoles
givré dans les transes d'incestes préjudiciables
incomprises que geignent deux ou trois pénombres
dans la chair indécible du Grand Spectre formol

derrière le regard vitreux des alcools éthyliques
(prends la clé des chants sirenamiga
panse de baumes de lost argentina)
se cachent le poète hagard aux armures idylliques

12.1.07

Votez pour superk, ou Nina, ou les deux, c'est selon

Nina Louve est complètement folle : dur dur d'être un Gazoline Hero :)

Je me permets donc de faire d'la pub pour Nina.

Si vous appréciez son blogue, et vous êtes nombreux, ben votez pour Nina!

Et si vous appréciez celui-ci, ben votez aussi :)

Rentrée culturelle livresque, hivernale

Suite à l'article Pas de pages blanches cet hiver! publié sur le site du Voir Québec, je reproduis le commentaire que j'y ai commis.

Je vous recommande fortement de lire l'article avant de digérer mon coup de gueule :)

Belle énumération, peu de substance

Je rejoins le commentaire d'Isabelle Lefrançois (N.d.b. : voir autre commentaire sur le site du Voir) : belle énumération, peu de substance. Mais c'est souvent le cas dans ces articles de «rentrée culturelle».

Peut-être est-il préférable de faire comme ça, de lister la plupart des livres que les éditeurs veulent mousser, que de se concentrer sur les auteurs plus connus, comme Bourguignon et Lalonde, qui n'ont pas vraiment besoin de pub puisque leur livre sera bien placé à l'entrée de la librairie près de chez vous.

Et si j'étais Claude Jasmin ou Arlette Fortin, je serais un peu frustré(e) que le titre de mon livre n'ait pas été dévoilé... à moins que l'éditeur ne l'ait pas fourni.

Bref, cet article ne semble qu'une pâle redite de celui de La Presse, publié dimanche passé. L'avantage de La Presse, c'est d'être un quotidien... donc de pouvoir publier plus rapidement. Il a aussi l'avantage de pouvoir allouer plus d'espace pour des chroniques de cette importance.

Hum... le Voir n'est-il pas un hebdomadaire culturel?

Dans l'article de La Presse, on prend le temps de résumer quelques livres, de nous donner des impressions de lecture, alors que l'article du Voir ne fait qu'aligner les auteurs, les titres et leur éditeur respectif.

Difficile d'avoir envie de lire un de ces livres...

10.1.07

Comment voter pour LKM

Comme la superbe affiche le montre sur mon blogue, je participe au Festival de Romans.

Si vous appréciez mon blogue et que vous désirez voter pour moi, rien de plus simple :
  1. Cliquez sur la fiche détaillée de LKM (les blogues sont en ordre alphabétique)
  2. Et... ben... cliquez sur voter :)
Simple non?

Merci à l'avance pour vos votes!

Nouveau blogue, même bon goût

Avec l'annonce du MySpace de Canoë, j'ai décidé de leur donner une chance, même si je commence à connaître très bien les côtés obscurs de Blogger.

Donc, si ça vous chante, allez faire un tour sur l'Espace superk et dites-moi ce que vous en pensez.

Franchement :)

B.S.: je continuerai à maintenir ce blogue jusqu'à ce que je convoque mes ministres pour prendre une décision unilatérale sur l'avenir de l'espace fictif (mais réel) de Tout est fiction.

9.1.07

Top 5 des choses que je ferai lorsque je deviendrai Premier ministre du Canada

Pour faire suite aux 5 choses que je ne vous dirai jamais, j'accepte toutefois, dans ma grande magnanimité, de partager avec vous le top 5 des choses que je ferai lorsque j'aurai renversé le gouvernement Harper en leur garrochant des verbes au subjonctif imparfait :

  • Déclarer que la Saskatchewan est une nation; à brûle-pourpoint, annoncer unilatéralement son indépendance.
  • Rendre le Ministère de l'environnement falcutatif; après 5 secondes de réflexion, l'abolir.
  • Éliminer la TPS.
  • Instaurer une taxe pour rebâtir tous les pays que les États-Unis détruisent, la TPRTLPQLEUD.
  • Prendre ma retraite avec Paul Martin aux Bahamas.

Et vous, que feriez-vous?

James Brown

C'était il y a une dizaine d'années. Le Godfather of Soul jouait sur la Ste-Cath pendant un festival quelconque.

Je dansais comme un con sur Sex Machine, Cold Sweat et Papa's Got a Brand New Bag, tandis qu'une marée de Blancs restait plantée comme des poteaux.

J'espère que le Ciel est funky.

***

Godfather of Soul
Hit me with
Pop corn and
Turn me loose

Stay on the scene
Movin'
Doin' it you know
Like a sex machine

Hardest
working
man
in show business

Mr Dynamite's
Got a brand new bag

Soul Brother Number One's
Feeling good like he knew he should
Cuz he's shaking his money maker
From Augusta to Hallelujah

The Famous Flames
Are on the Night Train
Bewildered while I'll go crazy
Try me, honey

Bobby
I don't know
But whatever it is I play
It's got to be funky

The way I like it
Is in a cold sweat
I got mine the way it is
Dig it that he got his

I don't care about your past
Girl you need it
Soul power
I wanna get under your skin

Get up
I don't care about your faults
But gettin' down with my girlfriend
That ain't right

Get ready you Mother
For the big payback
Revenge
Scrappin'

***

The Big Payback Has Cometh

James Brown
* Born May 3rd 1933
* Died December 25th 2006

8.1.07

Tribulations en transport en commun II

La Victime

Elle portait un top blanc, une jupe en taffetas rose et de grands bas blancs que je devinais rattachés à une guêpière black and white. Je me disais qu'il n'y avait que les filles d'Outremont pour porter ces trucs. En tout cas, c'est pas dans ma gang de bitches que je trouverais des accessoires aussi classy que ça. J'avais enfilé mon sweater des Raptors qui trônait sur le panier à linge sale, sans me soucier que je me ferais peut-être cruisé dans le métro. J'étais nerveux parce que j'allais rejoindre Ice et Chilz au court Monk pour dunker des baskets. La dernière fois, Ice nous avait torchés d'aplomb, genre que c'était même pas funny.

Le métro était bondé et, en plein été, c'est l'enfer : les filles sont presque naked man, puis la sueur mêlé au parfum mélangé aux vapeurs d'alcool et de weed donne des idées pas mal wicked. Il faisait tellement chaud que ma main arrêtait pas de glisser de haut en bas du poteau que je tenais pour pas tomber. Les regards que je posais sur les chicks ne cachaient aucune arrière-pensée : je les désirais toutes, sans exception man. Mais la fille à la jupe rose se collait sur moi à chaque déhanchement du métro, nos yeux, nos souffles se croisaient. La chaleur...

Nos mains se sont rejointes à quelques reprises; la moiteur, la gêne transperçaient l'espace. Sourires discrets, ses incisives mordaient sa lèvre inférieure. Lorsqu'elle a pris ma main et l'a fait glisser sur sa cuisse, j'ai gelé, je l'ai laissé faire. Elle appuyait fort sur ma main comme si elle avait voulu que je fracasse sa jambe; elle l'a guidée vers son funky ass, je capotais. I mean, ça arrive pas tous les jours des histoires comme ça!

Poignez le cul d'une inconnue, tu fais ça souvent, toi?

Anyway, la vicieuse avait déjà tout prévu. Dans sa main gauche, elle tenait des petits ciseaux de couture et elle avait déjà coupé la ficelle qui retenait son g-string en un morceau. J'en revenais crissement pas. C'était sûrement pas la première fois que la chick faisait le coup!

Quand elle s'est mise à bouger son cul en avant en arrière, j'ai compris qu'elle n'avait peur de rien, que je pouvais tout tenter. Une chance, le métro s'était vidé et on pouvait se permettre un peu plus d'intimité. Je me suis agenouillé pour mieux admirer son cradle of love. What a sight! Son anus était parfaitement épilé : aucun poil ne m'empêchait d'atteindre ce lost paradise. J'ai léché les deux ilôts tout en les séparant de mes doigts agiles. Je me suis aventuré dans le bouquet de roses, langue devant, affamé devant un tel naked lunch.

Quand j'ai emprunté le chemin qui menait vers sa forêt (imberbe), j'ai été surpris du goût acide et piquant qu'elle m'a laissé en bouche, comme si des épines poussaient à l'intérieur de mes joues; tétanisé, j'ai senti un mouvement réprobateur de sa part. Puis, la douleur s'est intensifiée et m'a pris à la gorge : j'étais définitivement infected. J'aurais mieux fait d'aller shooter des hoops'n'shit.

Damn...

Cinq Machins que tout le monde fait

Ça a commencé avec quelques amis qui voulaient sûrement en apprendre plus sur leurs potes. Puis c'est devenu une vraie plaie, un virus, disait même Christophe Brasseur (mais un gentil toutou selon Christophe).

Mais moi, ce petit jeu social de "j'aime travailler en pyjama" et "je mange de la crème glacée en regardant des reprises de La Petite Maison dans la prairie", ça m'irrite.

Ce qui est le plus énervant dans tout ça, c'est que ça "descende" des blogueurs les plus people (comme disent nos cousins gaulois, quoique les médias québécois commencent aussi à utiliser l'expression...) vers le reste, la grande marée blogueuse who jumps on the bandwagon (qui saute dans le train).

Soyez originaux!

Donc, non, vous ne saurez pas les cinq machins trucs que vous ne savez pas de moi.

Nah.

Ne vous demandez pas pourquoi cet article est classé dans les coups de gueule >9-)

Rock on, 'sti.

7.1.07

Goodbye

Allez fini ton verre et part
À moi de te foutre dehors
Goodbye, c'est bien et ça m'agace
que tu me plaises encore


6.1.07

Jonathan Verleysen

Les textes de Verleysen sont de véritables bijoux!

C'est drôle comme on se planque à prendre des airs odieux quelquefois
Au lieu d'être consensuel, par contre il m'arrive d'être un peu les deux à la fois
Je suis libre qu'est-ce que tu fais samedi soir?
"Je me taille les veines toute seule dans ma baignoire"
OK disons vendredi soir.

Tribulations en transport en commun - Interlude

Fantasme

Cette séductrice ensorcelante n'était rien d'autre qu'une ribambelle de pixels traversés par un éclair d'inspiration fugace.

(merci lexyplum)

Ici

Hommage à Tony Tremblay

ici
comme des fleuves de béton
des conspirations définitives
lave de sel émoi brut
aux sommets décimés en fleurs de sol
presque nation tuméfiée
de se connaître sans couille

mais ici
que vous soyez branches décrissées
pluriellement en rogne
plantation millénariste
copyleftée
par des barbus puissants
drapés usinés

ici
que vous m'admiriez pour
et puis zut que je sache
les libations dont je suis témoin
je commande que vous replaciez
mes mensonges dans le sens du vent
le monde dort en vin d'alsace
et place les déserts morveux
sur un piédestal de soufre

ici
j'ai défoncé les portes ABCdaire
de la folie receleuse
que je gravisse les marches de l'or
au pied des grandeurs déchues
moissonneuse-batteuse de verve viciée
ton coeur est un beau vase de pellicule
      moulante
de la dynamite improbable dans ton string de sulfate

je donne ça et là des verges de cri
pour que tu boives bavasses les rigoles
sanguinolentes des planètes hiver
les âmes que je vécrivisse
ne sont d'aucun secours
dans l'échange des salives avilissantes
dévidées

5.1.07

Tribulations en transport en commun

La Malade

Tassés comme des sardines dans le métro de dix-neuf heures, je fus contrainte de partager mon espace vital avec un grand Noir ténébreux. Nous échangeâmes quelques regards et la tension entre nous monta rapidement. Sa main se baladait lentement de haut en bas du poteau servant à échanger les microbes les plus communs : rhume, grippe, gastro. Le mouvement de sa main ne cessait de croître en rapidité, et j'eus l'impression que ce va-et-vient cachait un mystère patent. Sans que je ne m'en aperçusse, il éveillait en moi des désirs d'exhibitionnisme inhibés. Puis, sa main frôla ma cuisse droite et une bouffée de chaleur que je reconnus instantanément m'envahit de bas en haut.

Je sentis mon sexe s'éveiller, je tordis ma lèvre inférieure de mon incisive gauche et je laissai tranquillement descendre ma main vers la sienne. Je saisis le rebord de ma jupe que je retroussai légèrement, faisant entrevoir les agrafes de ma guêpière; je pris délicatement sa main et la fis glisser sur ma cuisse, imitant le mouvement que parcourait sa main sur le poteau. Il s'aventura subtilement vers mon entre-jambes, effleurant mon nombril et mon mont de Vénus; puis, il caressa mon pubis, doucement, avant d'introduire toute sa main dans mon string.

Vingt-et-une heures

Nous avions fait le trajet aller-retour entre les stations Angrignon et Honoré-Beaugrand deux fois, et les passagers se faisaient de plus en plus rares. Arrivés à la station Langelier pour la troisième fois, la voiture de métro était maintenant complètement désertée et nous appartenait totalement...

Après m'avoir donné un plaisir certain et grandissant, contournant mon clito- ris de son index et de son majeur puis, plongeant son pouce en moi, il poussa l'audace jusqu'à me gamahucher; pour ce faire, il se plaça derrière moi sans que je ne m'en rendisse compte; il gardait une pression constante sur mon pubis, faisant pénétrer un doigt, puis deux, puis trois dans mon alcôve saline; de sa main gauche, il découpa le tissus de mon string avec un minuscule ciseau afin de s'approcher de mon intimité; lorsqu'il faufila sa tête sous ma jupe, j'eus un réflexe de rejet, mais de son ample langue il humectait déjà ma raie pour effeuiller ma rose. Il y parvint aisément, son muscle buccal montrant forte adresse; je contractai mes muscles pour engloutir le sien, par petits coups saccadés; je me cambrais au rythme de ses poussées, tandis qu'il explorait la région entre mon cul et mon con. Quand il arriva à destination, mon antre l'accueillit
d'une sève chaude et salée que je laissai couler entre mes jambes, dans sa bouche.

Puis, un brûlement ralentit ses ardeurs : ah! blennorragie, quand je te tiens...