13.10.06

Le Blues du trentenaire fini, Part IV

26 août 2004

Deux jours de tôle. Pour certains, ç'aurait été la mort. Expliquer ça à leur femme, leurs enfants. C'est pas mon cas. Mon chat, affectueusement appelé «Le Zouf» s'est pas trop inquiété. Aller manger chez la voisine, comme dab quand je rentre pas lors des jours de brosse. Fak deux jours. À côtoyer les élus de la société. Palpitant. Des visionnaires que je vous dis, des illuminés plutôt. Un qui voulait breveté son idée de bouchon de bière dévissable (hum...); un autre qui racontait le meurtre de sa voisine, mais c'était pas lui qui l'avait fait, c'est sûr; une autre qui disait que la police l'avait ramassée pour prostitution, mais à l'allure qu'elle avait, je plaignais ses clients.

Du bon monde que je vous dis. Des gens fréquentables. À moins on leur décernerait des médailles d'honneur, des doctorats honorifiques, même des caméos dans les séries de Radio-Can. Mais non, sont des incompris, des brimés. Moi je m'identifie à eux. Des incompris, des pas capables. Moi je les encourage dans leur combat contre... quelque chose. C'est avec des enragés comme ça qu'on fait un monde meilleur, pas avec des cravatés pis des administreux de base de données.

Deux jours à écouter des histoires à dormir debout, une chance que j'avais pas trop sommeil. Mon histoire était banale : j'avais bu une bière pis fumer une cigarette dans une épicerie. «Non! Y t'ont arrêté pour ça? Man... s'il fallait que je me fasse choper par les cops chaque fois que je fais des niaiseries de même, j'aurais passé les 25 dernières années de ma vie à regarder des poteaux vertical!», blaguait un de mes colocs temporaires. «Non mais à quoi t'as penser?», m'a rétorqué la pute. «Tu pouvais pas attendre d'avoir fini ton épicerie?» Ben non, justement, je pouvais pas, j'avais pas envie, je trouvais insipide d'avoir à me conformer à un règlement municipal qui protège pas grand monde parce qu'en bout de ligne, les mêmes qui sont censés être protégés de ma boucane et, oh!, de mon ivresse (sic), sont ceux (et celles) qui conduisent des péteuses de broue... Fak la pollution urbaine, j'en fais mon affaire.

«Tu trouves pas que c'est un peu épais d'être en tôle pour ça?», m'a fait remarquer le non meurtrier. Ça dépend de ta définition de l'«épaissitude». Si j'avais tué ma voisine pis que j'étais inculpé de meurtre au premier degré, me semble que je fermerais ma yeule. Mais bon tout est relatif, «toute est dans toute» même. Fak...

On est censé apprendre en tôle, on est censé se regarder le nombril pis dire «eh que t'as donc été pas fin», mais au bout du compte j'ai rien à me reprocher, je suis irrécupérable. J'ai hâte de retourner à mon épicerie préférée, coin Queen-Mary pis Côte-des-Nègres (traitez-moi pas de raciste, y a même un livre qui a été écrit par Mauricio Segura, mais c'est vrai que Côte-des-Nègres, c'est en bas de la côte. En haut de la côte, c'est plutôt Côte-des-Bourges).

3 comments:

Jack said...

Je dévale. Je te lis à rebours (part six, five...) Quel tambour, mon ami! Intérieur. Tambour «en dedans». Je t'aurai croisé à Côtes-des-Nègres-Blancs.

Jack said...

Tambour, et donc vibrations sur la peau.

Christian Roy, aka Leroy said...

Thx Jack

En effet, c'est surtout le rythme que je recherchais dans LBTF. Le rythme, je le sens souvent, s'agit de l'attraper et de le figer, pas facile.