20.11.06

Ell&Il, prise 14

L'amour suprême l'amour qui glisse sur le dos d'une harpe désaccordée mais qui roucoule entre les doigts saccadés du grand St-John Coltrane et qui transporte nos amoureux au fin fond d'une mer de miel doux et sombre comme une toile aux mille tons aux mille altérations aux mille illusions; l'amour suprême présenté sur un plateau d'argent entre la calèche du sexe et les pigeons voyageurs du Times Square du carré Dorchester au creux de la main de Jim qui dormait au Père Lachaise et qui a trimballé ses pénattes en Californication; la moue suprême que fit la Merde lorsqu'elle apprit que sa merde sa progéniture son autre moi s'était rafistolé l'ego avec un moins que rien un autre vagabond va-nu=pieds va sans dire un autre val de Vacant Ville vilain petit canard au nez crochu fée carabosse et gnome volant.

George n'allait plus tenir en place à cette nouvelle Jean-Thomas se retenait bien de répondre et d'essayer de mettre un peu de join dans ce taudis sordide il ne fallait pas couper l'envie assassine de la Merde il fallait coûte que coûte entretenir le vice le Mal l'essence foncièrement néfaste du personnage irosarcacynique qu'Elle avait dû supportée pendant une décennie et des poussières il pouvait participer à son émancipation L'aider à s'extirper des griffes du loup mais peut=être que la jalousie poindrait au loin au bout du tunnel doré qui ne brillait plus depuis longtemps qui n'avait au fond jamais brillé mais qu'il aurait bien aimé traverser autrement qu'à genoux une queue dans la gueule et une autre dans le cul.

Jean-Thomas se réjouissait pour Elle réussisait où lui avait échoué mais il s'en crissait il s'en contre-saint-ciboirisait il aimait même à le dire au parc Lafontaine je m'en contre-saint-ciboirise d'être malheureux tant que ma grande soeur s'en sorte tant qu'Elle soit vie et paix je pourrai pour le sacrifice de l'Homme me tarir et me remplir de jouissance inutile pour le plaisir des uns et la décharge des autres; je serai le martyr guénillou du Bois de Boulogne qui rampera sur ses genoux pour sauver les jeunes filles à l'ombre des cerisiers en fleurs liquides sous l'effet du héros gazoline du héros héroïne de l'opimu du peuplue injecté à froid.

6 comments:

Anonymous said...

J'sais vraiment pas, mais j'adore cette ligne: mais il s'en crissait il s'en contre-saint-ciboirisait il aimait même à le dire au parc Lafontaine je m'en contre-saint-ciboirise d'être malheureux


La semaine dernière, lorsque j'étais en "retraite" improvisée, on a vu "Le déclin de l'empire américain". J'avais tellement entendu parler de ce film, de sa nomination aux Oscars. Même le grand-père de ma meilleure amie l'a conseillé. Alors on l'a vu avec la tante de J.
Dois-je raconter qu'au début je ne comprenais rien et qu'il n'avait pas de sous-titres? Mais après on s'est habitué. Le problème, c'est quà présent qu'on comprenait, le sujet... Je n'arrivais même pas à regarder la tante de J., me demandant quand est-ce le film terminait... Je serais incapable de voir un film pareil avec ma mère à côté.
Dit J. :" le plus inquiétant, c'est que c'est mon grand-père qui a suggéré..." :P

(Voilà, c'était ma minute pour ne rien dire)

Christian Roy, aka Leroy said...

Oui Le Déclin est un grand film, et Les Invasions barbares sont une bonne suite aussi.

Mais ce n'est vraiment pas si mal à écouter! Ce que les oreilles hors Québec peuvent être moulées à une seule sonorité :)

OK OK j'ai un avantage sur vous, ma copine est française et on est ensemble depuis 9 ans. Disons que j'en ai vu pas mal des films français :-P

Et tu ne parles pas pour rien dire, ça touche tellement de sujet Le Déclin, c'est touchant.

Anonymous said...

J'adore la sonorité de l'accent québécois, comme j'aime entendre l'afrikaans, le néerlandais et l'hébreu. Ou encore entendre les Écossais! Mais de là à les comprendre...
Dans les établissements scolaires que j'ai fréquenté, c'était franco-français. A la limite, il y avait des Belges et surtout des Africains francophones. Aujourd'hui, j'arrive à moduler mon accent franco-français avec des sonorités africaines. Mais j'arrive pas à le faire avec le Québécois. Y'en avait pas dans les pays par où je suis passé...

Christian Roy, aka Leroy said...

Ici on dit souvent que les Français parlent en «trou de culs de poule» c-a-d la bouche en goulot; alors qu'ici on parle un peu plus comme des charretiers, style Normand ou Breton.

J'ai vu un reportage sur des personnages âgées des Îles-de-la-Madeleine et de Bretagne qui se parlaient et qui se comprenaient parfaitement.

Disons qu'on parle un certain «vieux français». C'est très amusant de le rendre à l'écrit, mais il n'y pas que le joual (l'accent et les mots qui ressemblent parfois à du franglais), il y a les expressions, qui viennent pour la plupart de France...

Nulle expression n'est maîtresse en son pays? :)

Anonymous said...

Je suis en train de lire "Un ange cornu avec des ailes de tôles" de Michel Tremblay et j'essaie de prendre l'intonation parce que les dialogues sont écrit de manière orale. J'adore (même s'il y a des expressions que je comprends pas - c'est quoi "pantoute"? :|)

Je pense sérieusement que le québécois est comme le brésilien pour le portugais. Un moment plongé, on perd notre accent français/portugais pour parler québécois/brésiliens.
Par contre, les brésiliens, je les comprends très bien. Là, j'arrive à moduler mon accent! :p

Christian Roy, aka Leroy said...

pantoute = pas du tout

Je pense sérieusement que le québécois est comme le brésilien pour le portugais. Un moment plongé, on perd notre accent français/portugais pour parler québécois/brésiliens.

Oui c'est assez similaire, ou l'argentin comparativement à l'espagnol. Il y a des différences de prononciation, mais les plus importantes sont celles relatives au vocabulaire.

Ici il est fréquent de dire "présentement" (en fait, on utilise beaucoup d'adverbe en "ment") alors qu'en France... ça été associé à un humoriste qui imitait un Africain, du coup plus personne ne l'a utilisé (du moins c'est ce qu'on m'a raconté).

Tu ne peux pas savoir le nombre de fois qu'on m'a dit "ce n'est pas français" ou encore "ce n'est pas un mot". Pourtant la plupart des mots qu'on utilise sont dans Le Robert ou Le Larousse, mais ils ne sont peut-être pas d'usage courant en France.

Bref, on pourrait en parler pendant des siècles!