9.11.06

Ell&Il, prise 10

Il avait perdu son cellulaire son portable son cell ses marbles Il perdait l'esprit la vue l'odorat les sens à l'idée d'avoir perdu son Elle ses ailes du désir comme si Wim Wenders Lui avait coupé les jambes et les ailes d'un seul coup de faux Il fouillait dans ses poches à la recherche du paquet d'allumettes perdus Il avait Lui aussi noté son numéro entre deux bâtons de soufre et c'est au métro St-Michel qu'il a transféré et qu'Il a peut-être perdu le calepin cancérigène; Il transférait vers Snowdon Côte Vertu les Halles Châtelet pour se procurer du brun parce que le green c'est à Berri qu'it's the best.

Il avait perdu l'esprit entre son cellulaire et son clavier et bloguait en espérant La retrouver à St-Germain-des-Prés alors qu'Elle se pavanait dans Little Italy en compagnie de Maxine et Marty; Elle les avait rencontrés sur Staten Island en attendant le ferry ils avaient traversé Wall Street puis monté vers le nord vers Times Square vers la bibliothèque nationale le Guggenheim vers la 5e salle où ils pensaient voir Steve Coleman avec les Five Elements; Il avait oublié son cell chez Elle ou entre deux wagons de métro ou lorsqu'Il s'est endormi dans le RER direction Charles-de-Gaulle ou peut-être dans la navette vers Pierre-Elliot Trudeau ou en haut de l'Empire State Building duquel Il regardait dans l'édifice d'en face une grande rousse qui se déshabillait lentement mais sûrement en écoutant un jazz éclectique un jazz planant un jazz d'un autre temps d'une autre dimension Il se croyait dans le corridor de la 4e dimension dans Lost Highway Il aurait aimé plongé dans le vide et attrapé la rousse par les chevilles gravir gracieusement ses mollets en plantant ses crocs dans ses cuisses pour se frayer un chemin jusqu'à son intimité de feu et de hargne. 

Il avait perdu la boule en même temps que son portable entre les Invalides et l'Assemblée Nationale près du Musée d'Orsay après avoir visité les Tuileries pour une ixième fois avoir snobé le Louvres et l'Opéra être débarqué à l'improviste chez Mandriva métro Sentier pour dire bonjour aux potes d'autrefois à Céline à Frédéric métro Outremont où il Fred s'était installé avec sa famille le temps d'un hiver plus froid que français plus chaud que sibérien; Il avait pris par Côte-des-Neiges pour La rencontrer chez Olivieri mais la librairie était fermée pour rénovation parce que les voyous dans bas de la côte avaient encore saccagé les rayons de livres juifs avaient pillé les traités de la Sainte Église et ceux du grand illuminé d'Asie ils avaient proféré des menaces aux propriétaires avaient taggé la devanture de slogans stupides comme Allah Is Everything tandis que les bandes de cathos extrémistes se vengeaient sur la mosquée de LaSalle en l'incendiant.

Mais Il n'en avait que faire de toutes ces conneries inter-gang Il ne voulait que retrouver ce foutu paquet d'allumettes qu'Il avait échappé à la Porte Dorée près de la Porte de Charenton et de Liberté Il aurait voulu L'appeler depuis chez Marta près d'Hôtel-de-Ville ou était-ce de Chemin Vert c'est entre les deux près de cette boulangerie où on avait tout de suite reconnu son accent vous êtes canadien non je suis québécois ah oui c'est ce que je disais non vous ne comprenez pas je ne suis pas canadien je suis québécois mais c'est quoi la différence mon petit ben la différence c'est que votre bon roi nous a abandonnés parce que ses coffres étaient vides et que les Anglais vous ont fourré une volée sur les Plaines d'Abraham et que depuis on est déchiré entre deux identités deux langues deux cultures c'est miraculeux qu'on ne souffre pas de schizophrénie collective.

13 comments:

Nina louVe said...

un nano peu de misère avec celui-là. Mais je reste, ne t'en fais pas Superk! Fonce, t'as le vent dans les mains.

Christian Roy, aka Leroy said...

merci de rester, ça fait trois jours que je suis ailleurs. va falloir s'y remettre.

Nina louVe said...

Go ! Go Superk, héros gazoline !!!

Jack said...

Je te suis aussi. Dans cette urgence en plein air. Mais j'ai toujours une couple de marches à redescendre. Jeu de couleuvre. Attention aux cordons détachés. Car on ne sait jamais dans quelle bouche de métro va retontir l'action multi-urbaine de cette poursuite. Il y a le fil conducteur fou de l'amour pourtant,non? Ce manque toujours présent qui fusionne dans la neige qui tombe à brûle pourpoint sur un B.B.Q. hurlant en plein Champs Elysés, ou au milieu du Stade Olympique, ou sur un balcon dépeinturé de la 5e Avenue...

Nina louVe said...

Go ! prise 11

Tu es rendu à combien de mots Superk ?

Christian Roy, aka Leroy said...

6124, j'ai eu une fin de semaine déchaînée, va falloir que je me reprenne.

Anonymous said...

Aïe... ça carbure!
Attends, je crois que je me suis arrêtée au 3... :|

Christian Roy, aka Leroy said...

Jack, en fait oui, un des fils conducteurs peut être l'amour, mais je crois que l'attente et le manque en sont aussi, tout comme les moyens de transport.

J'ai pensé au délire du métro il y a longtemps mais je ne l'avais jamais appliqué vraiment.

Saviez-vous qu'il existe une station St-Michel à Montréal et à Paris? Pour moi c'est par là que les personnages peuvent passer d'un pays à l'autre.

J'ai beaucoup été marqué par La Modification et L'Emploi du temps de Michel Butor où la description des lieux est très importante.

J'ai une fascination particulière pour les rues, désolé :)

Christian Roy, aka Leroy said...

Salut Jo Ann,

J'espère que ton amie va mieux. En tout cas, tu carbures en s'il vous plaît!

Tous les Ell&Il sont disponibles sur la page d'accueil :)

Et il faut que tu nous dises où se trouvent tes 13 extraits pour NaNoWrimo (Jo Ann a passé les 40 000 mots!).

Anonymous said...

Je vais en poster un par jour dès demain. Non seulement je dois les choisir, mais je devrais quand même boucler quelques chapitres avant de le faire! :O

Mon amie ne va pas mieux, hélas... Mais ce n'est pas l'endroit pour en parler et je te remercie d'y avoir pensé :)
Je me remettrais à la lecture très vite! Et à la poste aussi! :O

Christian Roy, aka Leroy said...

OK j'ai hâte lire ça!

Et pour les traductions... ça marche toujours?

Anonymous said...

Pour les traductions français-québécois? :)
Oui, bien sûr! Mais j'attends d'avoir tout qui tient pour après te passer d'un bloc tous les dialogues à traduire! :P
Au fait, je ne veux pas quelque chose de très folklorique... Mais des teintes. Parce que si je traduis pour le français l'angolais de chez moi, on ne va rien comprendre non plus! :D

Christian Roy, aka Leroy said...

tout un défi qui m'attend... :)