3.11.06

Ell&Il, prise 5

Elle avait traversé la ville au groove d'un phat beat qui se répercutait dans ses oreilles style 70s avec des horns qui crachaient des quadruple-croches pendant que de la croupe Elle se dandinait entre les clodos et les putes de luxe d'Outremont; le bois de Boulogne l'espionnait au loin pendant que les prés fleuris s'éloignaient de ses yeux révulsés devant tant d'horreur et d'odeur de mort à l'âme.

Elle avait traversé la ville en claquant des doigts et en défiant les regards, les junkies la sifflaient alors qu'Elle les giflait c'était du whenever whoever pour les phat kids qui faisaient tourner le joint et qui hallucinaient sur ses jambes qui ne finissent plus jusqu'à la croupe dandinante.


E
lle rendait les mecs fous avec ces talons haut ces tailleurs courts et ces traits hispaniques, ces yeux en amande un délice un parfait crème chantilly un camouflage caméléonnien style guérilla envie jalousie; Elle s'était enfin débarrassée de la horde de loups celle qui l'empêchait d'atteindre son bine-aimé, celle qui la terrait dans une terreur constate de menace de coups et d'humiliation; celle qui la renfrognait et qui provoquait son urticaire, son mal d'air.

Elle déambulait légère et forte dans les rues de Brooklyn pendant que les musiciens de rue tapaient sur des poubelles pour créer des beats nouveaux et beaux comme des léopards gantés; Elle sentait les mains gluantes des clodos passées sur son corps comme lorsqu'Elle faisait la rue, comme son frère, pour feeder la Merde qui n'en finissait plus de s'empiffrer dans la poudre blanche l'herbe verte et les seringues longilignes. Elle s'en est sortie toute seule heureusement, sans l'aide de Jean-Thomas George La Merde Virabelle et les autres qu'Elle oublie volontiers.


Lorsqu'Elle danse dans les rues de Montréal les regards se détournent les automobilistes engendrent des accidents merveilleux et multicolores c'est comme un arc-en-ciel de sang et d'acier; les mâchoires se décrochent pendant qu'Elle se déhanche au rythme d'un étang de funk rivière de sex appeal abusif et agressif.

L
a bouche ouverte Elle déshabille du regard les quidams qui traînent sur St-Denis s'allument une Gauloise et continue son world tour sur la Main, aux Champs-Élysées et sur l'avenue des Cerisiers-en-Fleurs, simultanément. Elle déclame des poèmes à tue-tête avec Zazie dans le métro pour se rendre dans St-Germains via Villeray elle prend la 95 tourne à gauche sur Montomrency (ce sont les chutes) et Elle dévale à toute allure vers Lui vers Celui qui l'emmènera loin de toute cette merde loin de la Merde de George et de Jean-Thomas, malgré Elle loin de Virabelle qui vivra les mêmes supplices qu'Elle lorsqu'elle sera en âge de souffrir.

C'est l'hécatombe sur Ste-Cath alors qu'Elle laisse tomber sa veste de cuir pour montrer ses tatous : «Ell&Il» sur le bras gauche et «Rien ne sert de courir il faut mourir à poing» sur le droit. C'est la loi du plus fort ou du moins faible qui rugit dans la jungle des rues entremêlées qui mènent au paradis glauque et souterrain des corridors limpides et sonores des bas-fonds de Paris, Québec.

5 comments:

Nina louVe said...

"Lorsqu'Elle danse dans les rues de Montréal les regards se détournent les automobilistes engendrent des accidents merveilleux et multicolores c'est comme un arc-en-ciel de sang et d'acier; les mâchoires se décrochent pendant qu'Elle se déhanche au rythme d'un étang de funk rivière de sex appeal abusif et agressif."

Un film cru avec ce tendre frett droit devant.

Christian Roy, aka Leroy said...

c'est drôle depuis que tu m'appelles héros gazoline, j'ai en tête quelques poètes qui publiaient chez Gaz Moutarde fin années 80 début 90. je les appelais les poètes du ciment, ôde au poteau et au fil.

très urbain (like me, finalement... :)

j'aime bien «l'arc-en-ciel de sang et d'acier».

mais c'est quand même bizarre d'être cité, ô unique commentatrice :)

Anonymous said...

Je continue là-bas >>>>

Bourbon said...

J'ai moi aussi glissé sur «un arc-en-ciel de sang et d'acier» et, en me relevant, j'ai constaté tes commentaire K et tes commentaires Louve et je me suis dit: ça y est c'est le sang et l'acier qu'on cherche chez K et c'est une corde de plus à ton arc ( qui nous relie et nous relit). Longue vie à Il & Elle! Je retrouve avec joie l'effervecence funk de tes textes d'années musicales avec le déhanchement syntaxique salutaire du papa's got to move it! Sugoi!

Christian Roy, aka Leroy said...

Merci bourbon, merci jo ann: it don't mean a thing if it ain't got that swing.

E, il faut vraiment qu'on enregistre qqchose... n'importe quoi à la limite...