Pour Jack.
Quai des brumes : Journal de Maïté
En attendant Gérard, je plonge au fond des maux. J'allume une cigarette et fais tournoyer sa cendre au-dessus du cendrier. Ce dernier, enrobé d'une lumière diffuse provenant des chandelles allumées ici et là dans le bar, est fait d'une vitre opaque blanchâtre, presque grise. La cendre semble vouloir y tomber. Elle oscille entre la stagnation rassurante et le désespoir éperdu dans lequel elle pourrait sombrer. D'un léger coup de tête, elle chancelle : son dernier refuge, le cendrier. Langoureusement, il l'attend, afin d'emplir sa solitude.
La fumée, d'un bleu strident, crie une mélodie nègre de New York où les musiciens noirs étalent leur misère, leur savoir-faire. Partout dans le bar, le smog envahit les corps empêtrés, tous suspendus devant un café noir, une bière brune, un alcool blanc. Une jeune femme, habillée de gris et de noir, pénètre dans le bar, pipe au bec. Elle regarde furtivement devant elle, espérant rencontrer un regard apaisant, et se dirige vers le fond de l'établissement. Son corps, difficilement perceptible, marche de façon aléatoire, avance, recule, fait un pas de côté, prend une autre direction, fait un second pas de côté. La femme inspecte de nouveau la salle. Arrivée au bar, elle s'y assoit et commande une Kronenbourg. L'accumulation de fumée m'empêche de la voir complètement. Je regarde la vacuité céleste : on me chuchote que les musiciens du Death Tone arrivent.
5 comments:
Mais s'il vous plaît, que vienne la soirée libre au lieu de ce petit matin café chien boulot pour que je puisse tirer une pof à mon goût, m'intoxiquer les pieds jackés dans la suite des interludes. J'ai quand même eu le temps de goûter à la mousse des bières, de bien apercevoir les deux mamelons étoilés à travers la blouse serrée noire que tu dessines si bien... Quel beau texte! Misère nègre, savoir-faire, multiplication du luxe des lettres. Qui m'est dédié en plusse! Wow! Tu fais ma journée. (Merci Nina du coup de sonnette.)
Je reviendrai au Quai des Brumes.
C'est superK!
merci jack.
as-tu vu le vieux quartet de Normand Guilbault dans ma description?
c'était ivanhoe jolicoeur, normand guilbeault, paul léger et mathieu bélanger (ah! mathieu bélanger, quel clarinettiste!)
quelque part en 93, je les ai vus au Quai des brumes, on devait être 5 dans la salle. puis guilbeault s'est mis à jouer un solo de bass que je reconnaissais mais que je n'arrivais pas à nommer.
puis illumination. je me suis levé et j'ai crié "jaco!". c'était Continuum , j'en ai des frissons juste à y reprenser.
je ne pensais pas qu'il était possible de reproduire ça... sur une contrebasse!
dommage, j'ai perdu le premier album du normand guilbeault ensemble, c'était génial. le deuxième, basso continuo, est moins hot à mon humble avis.
Le Quai des Brumes... ma seconde famille dans ces années-là. Cou donc Superk ,(voir réplique dans les comz sur tanière Téoutéki) on s'frayait les mêmes bars, les mêmes disquaires. Fun. Zer Fun! J'espère juttz que t'as pas été un mes clients !!(rrrrirrrres)
Eh bin, permettez-moimister K.
J'ajoute un« j » au mot ouïr...
Bin quoi !? On ne jouit pas que par le bas.
tabinwèzon sirenamiga.
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