25.1.07

LivEvil2K — Aube, prise VII

KLM II : Journal de Morris

Nous avions tout prévu, de la musique qui nous guiderait jusqu'en Outaouais aux rafraîchissements que nous descendrions à vive allure, tout comme ce seize chevaux fulgurant, décapotable et capoté comme nous. Noir et violet comme il se doit, notre véhicule roulerait, violant toutes les lois possibles et imaginables, pour mettre du piquant à notre escapade inespérée, inattendue.



Je me glissai dans les corridors de l'HGL, telle une couleuvre sur la plage attendant patiemment que les bébés tortues échouent dans sa gueule. Le sarrau blanc me servant de déguisement masquait bien l'acte illégal que j'allais commettre. Je croisai l'infirmière de garde et lui demandai poliment de m'indiquer la salle de bains, prétextant une urgente envie de libérer ma vessie. Alors qu'elle pointa vers une direction X, j'appliquai un mouchoir imbibé de formol sur sa bouche et, comme elle se débattait frénétiquement, je lui assenai un coup de crosse de 12 derrière la tête, facilitant illico ma tâche frauduleuse. Tel qu'annoncé, la marre rouge gluée à l'arrière de sa tête la rendait effectivement plus belle.

Après l'avoir dûment sodomisée, nécromancien illuminé par saturne que j'étais, j'enfilai son uniforme puis, je la laissai pour morte dans un bac à linge souillé. J'en profitai pour me chapeauter d'une perruque blonde, remplit de serviettes le soutien-gorge que j'avais emprunté à Gwendolyne, maquillai mes yeux et ma bouche, et pressai le pas vers la chambre 201.



Alors que j'allais pénétrer dans ladite chambre, je croisai la nymphomane sexagénaire, insomniaque, et lui adressai la parole en ces termes : «Que faites-vous debout à cette heure si tardive?» Contente que je m'intéresse à elle, elle me répondit qu'elle attendait que le concierge de nuit passe par ce corridor pour lui suggérer une fellation digne de mention. J'échappai un rire étouffé et m'infiltrai dans la chambre de Karl.

Le septuagénaire cancéreux ronflait à poings fermés, ce qui facilitait mon ouvrage. Karl, assoupi, avait rangé ses affaires dans un sac (comment avait-il fait?) et je n'eus qu'à lui tapoter l'épaule pour que ses yeux s'illuminent. Rassuré par l'état de Karl, je me précipitai dans une pièce où j'avais entrevu quelques civières vacantes, chose rare dans les hôpitaux québécois.

Alors que je faisais le chemin inverse, le gardien de nuit m'interpella : «Hey! Où tu t'en vas?» Je lui répondis nonchalamment qu'un client devait être transféré d'urgence à la salle d'opération, qu'une trachéotomie était nécessaire. Ses yeux s'écarquillèrent, mais il ne répliqua rien.

Karl semblait nerveux, il avait hâte d'être libéré du joug hospitalier. Je l'installai malaisément sur la civière, engendrant un bruit sourd qui nous effraya. Mais personne ne réagit, aucune alarme ne sonna, et nous en fûmes rapidement rassurés jusqu'à ce que la sexagénaire, interloquée, me demande : «Où amenez-vous ce viril?» –– «Je m'en vais lui faire une pipe, c'est urgent.» Elle trouva mon argument fort raisonnable et nous poursuivîmes notre périple sans peine. Ne restait plus qu'à franchir l'infranchissable, soit la dernière porte menant à l'exode.

Arrivés devant le poste du gardien de nuit, il m'interrogea de nouveau : «Ton patient, y'é pas s'posé être sur une table d'opération?» Je répondis que oui, mais que le chirurgien n'était pas présent et que je prenais le client sous ma responsabilité. Il rétorqua que j'avais besoin d'une autorisation spéciale, signée par ledit chirurgien, laquelle je n'avais évidemment pas.

C'est alors que le temps sembla ralentir, que j'entendis des paroles quasi inaudibles, qu'une lourde décharge se fit entendre et que, malgré moi, Karl et moi nous sommes retrouvés dans le bolide fulgurant, esquivant les chauffeurs du dimanche sur la 20 ouest.



LivEvil2K, work-in-progress
© 1996 - 2007 LeRoy K May
Copyleft LeRoy K. May

3 comments:

Nina louVe said...

K, Hero Gazz...
Tu m'excusera, suis une lectrice négligeante ces temps-ci. Pognée dans mon nombril et, dans celui d'un mec pas piqué qui m'offre des vers à n'en plus fâner. Hé! GoooooDyzzz.

Contente donc, de retrouver le vieux qui crève de son cancer et !!! la sexagénaire nymphomane. J'craignais que tu l'oublies dans l'corridor celle-là.

Rut retour. I likkk it.

Pour le meutre.. c'est toi l'auteur. Mais ce n'serait pas UNE nécromancienne ?

Christian Roy, aka Leroy said...

Y a pas de quoi, moi aussi je suis pas mal saf côté lecture, et puis je suis pas mal à plat depuis les Fêtes.

Oui la sexagénaire and the cancerboy are back, mais c'est le dernier épisode si je me souviens bien.

On en rencontrera d'autres :)

Et pour la/le nécromancien, c'en est un car c'est le journal de Morris.

Il y a deux journaux, celui de Morris et celui de Maïté. C'est pas évident à suivre, je l'admets.

Thx for reading sirenamiga.

Nina louVe said...

thx for going on, thx for your many frendly spontagnious help given on my side, thx for being that hero gazzz.