21.1.07

LivEvil2K — Aube, prise VI

Rencontre avec Mariá. Journal de Maïté II

Je me préparais tranquillement à ma soirée avec Gerry. Je voulais lui en mettre plein la vue, car Avicennes sait si je le désirais depuis longtemps : sa moustache me faisait trépigner d'impatience dans l'attente de ses baisers doux, vifs et circoncis, son torse musclé me faisait fantasmer depuis notre dernière baise, sans parler de ses cuisses de tennisman gonflées à bloc par les stéroïdes. Pour un scribe, Dame Nature l'avait foutrement bien modelé!

Pour l'occase, j'avais parcouru les boutiques du Marais, les galeries Lafayette (en vain); je m'étais arrêtée dans le 6e arrondissement au Garage, où j'avais trouvé quelques chemisiers sexy épousant mes formes et courbes comme si elles m'eussent été prédestinées. Au Miss China, dans le 2e, je m'étais extasiée devant quelques tenues aux allures asiatiques jusqu'à ce que j'arrête mon choix sur quelque pantalon noir s'arrêtant au genou, la chaînette à la cheville que je porte rarement faisant office de dernier obstacle au dénudement que j'anticipais déjà si tôt dans l'après-midi...

Pour ne pas rater ma chance, je m'étais donnée une journée complète de shopping : mes culottes, usées par de trop nombreuses nuits torrides, prirent un aller simple vers la poubelle; mes bas ne méritaient plus d'être appelés ainsi depuis belle lurette. C'est alors que je pris le parti de participer pleinement au monde de la consommation. Je m'épris d'une boutique de lingerie fine où je me soulageai de quelques milliers de balles. Il me restait à trouver un salon de coiffure abordable et une paire de chaussures.

Mes cheveux effilochés n'avaient plus de volume; ma repousse, affreuse, me donnait un air de catin, que les dégradés de blond et de brun rendaient risibles : «On te dirait sortie des années 80!», me dis-je en riant jaune.

Trouver un salon de coiffure abordable, sympathique et efficace n'est pas chose facile dans la Ville des Lumières. Ici, où tout semble artifice et façade, on est loin du laisser-aller et de la bonhomie du nouveau continent. Mais avec force volonté, je dénichai une perle du côté de la Gare de l'Est. Une jeune Marocaine dans la vingtaine, aux yeux pers et aux lèvres charnues que quelques anneaux ornaient, m'accueillit comme si j'eus été sa cousine perdue de vue depuis 10 ans : «Bonjour mademoiselle!», me lança-t-elle, joviale. Je fus surprise d'un tel accueil, car mon allure déglinguée ne sollicitait pas tant d'empathie, surtout dans une ville aussi guindée que Paris. Cela dit, le quartier de la Gare de l'Est n'est pas le plus huppé des arrondissements parisiens.

Telle une cliente chez un psy, je lui racontai mon histoire, mes dépenses folles, ma rencontre tant attendue avec Gerry, etc. : les coiffeuses, bien qu'elles ne soient pas titulaires d'un diplôme en psychiatrie, font souvent office de thérapeute, d'où le pourboire généreux que je comptais lui laisser. «Je sais exactement ce qu'il vous faut. Une coupe courte, dégradée en arrière. La physionomie de votre visage s'y prête à merveille. Montrez-moi vos chemisiers.» J'obéis docilement, stupéfaite devant son enthousiasme exagéré. «Je vais teindre vos cheveux noir jais, y glisser quelques mèches bleu foncé, et votre Gerry ne saura vous résister.»

Je ne savais pas comment réagir. Je me confondais en mille remerciements désespérés. J'allai même jusqu'à lui dire : «Merci docteur!» Elle continuait son discours sans relever mes remarques : «Si vous le voulez bien, je passerai chez vous ce soir et vous maquillerai subtilement, pour mettre vos traits en relief. Vous verrez, vous serez à croquer!» Ébaubie, je souris timidement, signifiant mon accord.

Lorsqu'elle cogna à la porte de ma chambre d'hôtel (la 101), je venais à peine d'ajuster mon porte-jarretelles. Je me promenais seins nus, admirant ma silhouette que je ne reconnaissais pas grâce aux coups de ciseaux magiques de cette fabuleuse Marocaine. J'ouvris en attachant malhabilement mon chemisier, laissant poindre le souti de dentelle pourpre que je m'étais procuré plus tôt dans l'après-midi...

LivEvil2K, work-in-progress
© 1996 - 2007 LeRoy K May
Copyleft LeRoy K. May

2 comments:

Nina louVe said...

Oh! J'espère que la marocaine est gourmande...

Christian Roy, aka Leroy said...

vouvè rébien sirenamiga. kilira sora :)